Les chefs innus satisfaits du maintien des contrôles routiers sur la Côte-Nord

Les contrôles routiers demeureront en place à Tadoussac et à Sacré-Cœur pour deux semaines de plus que prévu, soit jusqu'au 31 mai (archives).
Photo : Radio-Canada / Marlène Joseph-Blais
Des chefs innus se disent satisfaits de la décision de maintenir des contrôles routiers sur la Côte-Nord jusqu’au 31 mai. Dans les derniers jours, certains d'entre eux avaient envoyé une lettre commune au premier ministre du Québec et aux autorités sanitaires dans laquelle ils demandaient justement le report de la levée de barrages.
Le docteur Stanley Vollant, qui chapeaute la cellule de crise innue pour faire face à la COVID-19, se dit, lui aussi, satisfait de la décision de prolonger la fermeture de la Côte-Nord aux visiteurs de l'extérieur de la région.
« C'est nous qui l'avons demandé. On est très très heureux. »
Moi, ça fait trois semaines que je multiplie les entrevues et les interventions publiques pour prolonger le contrôle routier de la Côte-Nord. Les chefs innus, ça fait deux-trois semaines qu'ils en discutent. Et, la semaine passée, ils se sont mis d'un commun accord pour faire une lettre commune qui a été envoyée il y a deux jours au premier ministre et aux autoritaires sanitaires
, raconte le docteur Vollant.
Il croit que la lettre envoyée par les chefs innus au premier ministre du Québec et aux directions de santé publique du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord a pu avoir un impact sur la décision de maintenir les contrôles routiers.
Vingt-quatre heures après que la lettre a été soumise, ils ont changé d'idée. Alors oui, je pense que, comme scientifique, il y a comme une causalité significative
, souligne Stanley Vollant.
Le chef de la communauté d’Ekuanitshit, Jean-Charles Piétacho, se dit, lui aussi, soulagé par le maintien des barrages routiers à l’entrée de la Côte-Nord jusqu’au 31 mai.
Jean-Charles Piétacho affirme que les membres de sa communauté commencent à s’impatienter après plusieurs semaines de confinement et que le maintien des barrages routiers va leur permettre de retrouver un semblant de normalité.
On était aussi préoccupés par le côté mental de nos membres. Je pense que ça va nous permettre de respirer, de pouvoir sortir un peu de la région. Aller de Natashquan à Tadoussac, pour le moment
, estime le chef de la communauté d'Ekuanitshit.
Un relâchement comme argument décisif pour le CISSS
De son côté le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord assure que la décision de prolonger la fermeture de la région est basée sur des arguments de santé publique et qu’elle aurait été prise même sans la lettre des chefs innus.
La Direction de santé publique (DSP) de la Côte-Nord a remarqué un relâchement en ce qui a trait au respect des consignes de distanciation physique dans la région.
On veut se donner du temps pour informer les gens, pour que les gens se préparent à appliquer les fameuses consignes, les distances de deux mètres, le lavage des mains
, affirme le conseiller en communication au CISSS de la Côte-Nord, Pascal Paradis.
Le CISSS
de la Côte-Nord souhaite profiter des deux semaines supplémentaires de confinement de la région pour sensibiliser davantage les Nord-Côtiers et pour évaluer les impacts de la réouverture des commerces sur la propagation du virus, notamment.« Beaucoup de gens se disent que c’est passé, on n'a plus de cas, on va pouvoir recommencer à se rassembler, les activités estivales, mais ce n’est pas le cas. »
Par courriel, le ministère de la Santé et des Services sociaux affirme que la décision de maintenir les barrages routiers en place ou non est normalement prise par la Direction générale de la santé publique en concertation avec la Direction régionale de la santé publique de la région concernée
.
Le député de René-Lévesque surpris
Le député de René-Lévesque, Martin Ouellet, est surpris de la décision de la Direction de santé publique de la Côte-Nord de prolonger la fermeture de la région.
Il affirme que sa circonscription s’était préparée pour la levée des barrages.
« Je ne sais pas quelle information a changé. »
Martin Ouellet s’interroge sur les raisons qui ont poussé la santé publique à changer son fusil d'épaule.
Peut-être le fait qu’on a commencé à déconfiner les écoles, les services de garderie. Le secteur de la construction aussi. Peut-être que la santé publique a senti le besoin de ralentir un peu ce déconfinement-là considérant que beaucoup de personnes reprendraient une activité et qu’ils craignaient que, s’il y avait prolongation de la pandémie, le système de santé soit fragilisé
, avance-t-il.
Avec des informations de Laurence Royer, de Marlène Joseph-Blais et de Djavan Habel-Thurton