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Ottawa offre une aide de 300 $ à 500 $ aux retraités du pays

Tous les prestataires de la Sécurité de la vieillesse recevront un paiement unique de 300 $. Ceux qui reçoivent aussi le Supplément de revenu garanti auront 200 $ de plus.

Deux aînés marchent sur une allée dans un parc.

Selon Ottawa, 6,7 millions d'aînés reçoivent la Sécurité de la vieillesse, et 2,2 millions d'entre eux reçoivent aussi le Supplément de revenu garanti.

Photo : Radio-Canada / Philippe Moulier

  • François Messier

Le gouvernement Trudeau offre 300 $ aux Canadiens qui reçoivent la prestation de la Sécurité de la vieillesse pour les aider à affronter les coûts supplémentaires attribuables à la crise de la COVID-19.

C'est ce qu'ont annoncé la ministre des Aînés, Deb Schulte, et le président du Conseil du Trésor, Jean-Yves Duclos, en conférence de presse, mardi, à Ottawa.

Les retraités qui reçoivent le Supplément de revenu garanti (SRG), offert aux plus pauvres d'entre eux, recevront une somme additionnelle de 200 $, pour un total de 500 $, ont précisé les deux ministres.

Il s'agira de paiements uniques, non imposables, qui seront effectués dans les prochaines semaines, a précisé le ministre Duclos, sans fournir plus de détails.

Selon Ottawa, 6,7 millions d'aînés reçoivent actuellement la Sécurité de la vieillesse, et 2,2 millions d'entre eux reçoivent le Supplément de revenu garanti. L'aide fédérale est conséquemment évaluée à 2,5 milliards de dollars.

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Une représentation du coronavirus.

Le gouvernement fédéral a aussi fait savoir qu'il prolonge temporairement les versements du SRG et du programme d’Allocation pour les aînés à tous ceux et celles dont les renseignements sur le revenu en 2019 n’ont pas été évalués.

Un investissement supplémentaire de 20 millions de dollars dans des projets communautaires menés en vertu du programme Nouveaux Horizons a aussi été annoncé.

L'objectif de ces projets sera de réduire l’isolement des personnes âgées, d'améliorer leur qualité de vie et de les aider à maintenir un réseau de soutien social.

Une somme qui fera une grosse différence, dit Trudeau

Lors de sa conférence de presse quotidienne, le premier ministre Justin Trudeau a souligné que le confinement pèse lourd sur les aînés du pays, qui passent beaucoup de temps seuls, séparés de leur famille.

Comme ils ne peuvent prendre les transports en commun, a-t-il poursuivi, ils comptent sur des services de livraison pour faire leurs courses et, souvent, ça veut dire qu’ils ne peuvent pas profiter des soldes en magasin.

C’est dur autant sur le moral que sur les finances, a-t-il fait valoir.

Le premier ministre a repoussé les questions suggérant que l'aide pour les aînés a trop tardé et que les bonifications annoncées étaient faibles.

Il a répété que son gouvernement a d'abord voulu aider les Canadiens qui ont perdu subitement des revenus, dont les travailleurs et les étudiants, à payer leur épicerie et leur loyer.

Les aînés [ne] sont, en général, pas dans une situation où ils perdent leur revenu, mais ils font face à certains coûts additionnels, en plus d’un niveau de stress et de préoccupation à cause de leur santé et de leur vulnérabilité face à la COVID-19. Leur donner de l'aide supplémentaire va faire une grosse différence.

Une citation de Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Il ne s'est pas démonté lorsqu'on lui a fait remarquer que, si la pandémie devait durer un an, la somme de 500 $ que recevront certains aînés équivaudrait à moins de 10 $ par semaine.

L'aide qu’on amène maintenant, c’est pour le court terme, c’est pour la situation d’urgence dans laquelle on se trouve, a-t-il rétorqué.

Évidemment, si cette situation se poursuit pendant encore six mois ou un an, il va falloir qu’on prenne d’autres mesures, il va falloir qu’on ait d'autres réflexions sur comment on va appuyer les aînés, les jeunes, les entreprises, les travailleurs.

Ce n'est pas une fortune, admet Duclos

Un peu plus tôt, le ministre Duclos avait soutenu qu'il était plus judicieux d'offrir une aide ponctuelle importante que des hausses mensuelles aux prestataires de la Sécurité de la vieillesse.

Les plus petits montants, ce n'est pas approprié dans le contexte actuel, c'est maintenant que la crise a lieu. C'est maintenant que les gens ont besoin de recevoir de l'aide du gouvernement canadien, a-t-il dit.

Il a aussi souligné que deux aînés qui vivent en couple et qui reçoivent le SRG empocheront 1000 $.

Ce n'est évidemment pas une fortune. On sait que 1000 $, c'est quand même un montant modeste quand on parle de joindre les deux bouts pour les aînés qui sont souvent pris à la maison.

Une citation de Jean-Yves Duclos, président du Conseil du Trésor

Il a cependant plaidé, à l'instar de son chef, que la somme va aider beaucoup de personnes âgées à traverser la crise, non seulement pour joindre les deux bouts, mais pour réduire leur sentiment d'insécurité par rapport au futur.

La ministre Schulte a aussi fait valoir que 4 millions d'aînés ont reçu des sommes moyennes de 375 $ (ou 510 $ par couple) grâce au crédit pour la taxe sur les produits et services (TPS) annoncé en avril.

Le chef bloquiste Yves-François Blanchet, qui pressait Ottawa d'agir dans ce dossier, a félicité avec sincérité le gouvernement pour avoir accepté la demande légitime des aînés [...] et avoir ainsi fait du bien à beaucoup de Québécois et beaucoup de Canadiens, dans un message publié sur Twitter.

L'annonce d'Ottawa est toutefois loin de ce qu'exigeait son parti. Le Bloc québécois demandait notamment que les pensions de la Sécurité de la vieillesse soient majorées de 110 $ par mois pour les retraités qui ont plus de 65 ans.

Je ne refuse pas le progrès sous prétexte que ce n’est pas la totalité de ce qu’on a demandé, a expliqué M. Blanchet, un peu plus tard en conférence de presse.

Il y a un gain énorme dans le fait qu’un gouvernement, qui jusqu’à tout récemment refusait tout net une telle bonification du pouvoir d’achat des aînés, accepte maintenant de le faire pour trois mois, a-t-il aussi souligné, ajoutant qu'il avait convenu de discuter avec le premier ministre, après la crise, de mesures qui pourraient être durables.

Un rendez-vous manqué, déplore le Réseau FADOQ

En entrevue à l'émission Le 15-18, la présidente du Réseau FADOQ n'a pas caché sa déception face à l'aide annoncée par Ottawa. Gisèle Tassé-Goodman assimile le tout à un rendez-vous manqué.

Les besoins sont antérieurs à la crise de la COVID-19, et le Réseau FADOQ réclame depuis longtemps l'augmentation des prestations de la Sécurité de la vieillesse. Justin Trudeau s'était d'ailleurs engagé à bonifier de 10 % ces prestations, le 18 septembre dernier, juste avant d'être élu, a noté Mme Tassé-Goodman.

Cette promesse-là n'a pas été tenue. [...] On demande à ce que le gouvernement tienne ses promesses, a ajouté la présidente de l'organisation, qui représente 535 000 membres de plus de 50 ans.

Dans un communiqué publié tout juste avant l'annonce, le Réseau FADOQ demandait effectivement une bonification beaucoup plus importante des prestations de la Sécurité de la vieillesse et du Supplément de revenu garanti. La réalité, c'est qu'un prestataire de [ces programmes] aura à peine 18 000 $ pour vivre au cours d'une année, y expliquait-on.

Le Réseau FADOQ dit être aussi déçu qu'Ottawa n'ait pas annulé les retraits obligatoires des fonds enregistrés de revenu de retraite (FERR) ni repoussé à 75 ans l'âge à partir duquel il est obligatoire de convertir les régimes enregistrés d'épargne-retraite en FERR.

Le caractère crucial de cette mesure avait pourtant été expliqué aux ministres Schulte et Duclos, ainsi qu'au lieutenant du premier ministre au Québec, Pablo Rodriguez, lors de discussions téléphoniques, dit l'organisme.

On s'attendait à ce que le gouvernement fédéral prenne action, parce qu'on sait qu'il y a des entreprises qui vont faire faillite avec la pandémie, a déploré Mme Tassé-Goodman. Ce sont les travailleurs qui ont été loyaux envers leurs employeurs et qui ont investi pendant plusieurs années dans leur fonds de retraite qui vont écoper.

Jusqu'à nouvel ordre, Ottawa s'est contenté de réduire de 25 % le montant minimal des retraits obligatoires des FERR, en évoquant les conditions volatiles sur les marchés financiers.

La ministre Schulte n'exclut cependant pas de modifier son approche à ce sujet. La plupart des aînés n'ont pas besoin de retirer leur argent [d'un FERR] avant la fin de l'année. Nous allons surveiller les marchés, surveiller notre économie et voir comment la reprise se déroule, a-t-elle dit à ce sujet.

Le Réseau FADOQ salue cependant la prolongation temporaire des versements du SRG et de l’Allocation pour les aînés.

Entrevue avec le fiscaliste Luc Godbout

En entrevue à l'émission RDI économie, le fiscaliste Luc Godbout a pour sa part souligné qu'il s'agissait bel et bien d'une aide très attendue.

Dans le cadre de la COVID-19, on cherche à suppléer une perte de revenus et, dans le cas des aînés, ceux à faibles revenus n’ont pas eu de perte, a-t-il expliqué, concédant tout de même une augmentation de certains coûts dus au confinement.

Mais pour d'autres retraités, probablement que la satisfaction ne sera pas là, dit-il.

Les aînés à revenus plus élevés n’ont pas eu de perte directe, mais ils peuvent avoir vu des soubresauts dans leurs placements. C’est dans ce cas-là que certains voudraient d’autres bonifications, a avancé le fiscaliste, qui est également professeur à l'Université de Sherbrooke.

C’est extrêmement difficile de compenser des pertes de revenus boursiers [...]. Et si on l’offre aux aînés, il faudrait l’offrir à l’ensemble de la population. Je ne veux pas casser les espoirs, mais ça ne s'est jamais fait.

  • François Messier

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