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L’aide du gouvernement fédéral pour l’industrie du tourisme pourrait être dévoilée dès cette semaine. De nombreuses régions touristiques du Canada s’attendent à un coup de pouce d’Ottawa et craignent des conséquences désastreuses pour leur économie si rien n’est fait.
Sur le quai de Percé, en Gaspésie, Mona Cahill a une vue imprenable sur le Rocher Percé. La place est complètement déserte. Normalement, au printemps, la batelière se prépare à mettre ses bateaux à l’eau et à planifier ses croisières. Mais cette année, elle est forcée d’attendre des touristes qui ne viendront peut-être pas.
Ça va être très dur, ça va être une saison à oublier!
Pour l’entreprise familiale, chaque saison estivale compte pour plus de la moitié de son revenu annuel. On commence à trouver ça un peu pénible, lâche-t-elle.
Mona Cahill est directrice générale des Bateliers de Percé, une compagnie de croisières.
Photo : Radio-Canada
C'est un stress journalier, poursuit-elle, de voir tous ces bateaux-là qui sont en cale sèche. De voir Percé qui est pratiquement une ville fantôme. On souhaite que ça revive, pour aller chercher une part du marché.
Percé fait partie des quelque 300 villes au Canada qui dépendent du tourisme pour plus de 15 % de leurs emplois locaux.
Une réalité que connaît bien Simon Poirier, propriétaire du restaurant Brise-Bise à Gaspé. Il a été forcé de mettre à pied une trentaine d’employés.
Il ne sait pas s’il aura les moyens de les réembaucher pour ce qui est habituellement sa grosse saison, de juin à septembre, et qui représente la moitié de son chiffre d’affaires.
Simon Poirier est propriétaire du restaurant Brise-Bise à Gaspé.
Photo : Radio-Canada
Si ça diminue de 50 % pour moi, ça va diminuer de 50 % pour celui qui vend mon saumon fumé, pour celui qui vend mon produit de nettoyage. Ça a un effet global sur tout le monde dans la région, explique Simon Poirier.
Un effet désastreux
L'effet sur l’économie régionale pourrait s’étendre à l’ensemble du pays avec des conséquences désastreuses, selon une projection de Destination Canada.
L’organisme estime que dans le meilleur des cas, l’industrie du tourisme au pays perdra 27 milliards de dollars et 194 000 emplois cet été.
Dans le pire des scénarios, ce sont 48 milliards de dollars et 337 000 emplois qui disparaîtront.
Les pertes d’emplois les plus importantes seraient en Ontario (128 000) et au Québec (81 000), suivies par la Colombie-Britannique (44 000), l’Alberta (40 000) et les provinces atlantiques (19 000).
Destination Canada estime que l’industrie touristique dans son ensemble aurait besoin au bas mot de 15 milliards de dollars pour soutenir les entreprises qui seront à court de fonds s’il n’y a pas de saison estivale.
Selon ses projections, environ 60 % de celles-ci auront besoin d’aide.
C'est sûr que ça va être difficile de passer tout un été sans aide, surtout que l'été nous permet de ramasser un coussin pour le reste de l’année.
Le gouvernement va devoir ouvrir ses coffres pour l'industrie touristique qui va en avoir grandement besoin, renchérit Mona Cahill.
L’aide se fait attendre
Le mois dernier, le premier ministre Justin Trudeau laissait entendre que de l’aide arriverait bientôt pour l’industrie touristique. Vendredi, il a ouvert une petite porte.
On va prolonger la subvention salariale d'urgence après le mois de juin, a-t-il annoncé, pour encourager la relance de l'économie et stimuler la création d'emploi.
Selon nos informations, la subvention salariale sera prolongée au moins jusqu’en septembre.
L’aide est bienvenue par l’Alliance de l’industrie touristique du Québec (AITQ). Mais elle sera insuffisante, croit son PDG Martin Soucy.
Martin Soucy est PDG de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec.
Photo : Radio-Canada
Selon lui, l’aide à l’industrie touristique devrait s’étendre sur une année complète. C’est dans les 12 prochains mois qu'il y aura la période critique pour notre industrie, soutient-il.
M. Soucy réclame également plus de flexibilité au sein du programme de subvention salariale. Il faudrait être capable d’inclure les employés saisonniers dans l’admissibilité du programme. Ça donnerait un coup de pouce pour les entreprises touristiques, afin de se mettre en selle.
S’il n’y a pas de soutien, les entreprises vont soit décider de rester fermées, soit décider de faire faillite.
C’est une possibilité qui inquiète les entrepreneurs du secteur touristique, comme Simon Poirier et Mona Cahill. Cette dernière déplore le manque de clarté sur l’aide potentielle qui viendra des gouvernements.
On est dans le néant total et je pense que tout le monde attend un petit peu de savoir si on va venir à notre rescousse, lance-t-elle.
Martin Soucy souligne que le tourisme a été une des premières industries touchées par la COVID-19 au Canada, et pourrait bien être une des dernières à s’en remettre, si l’aide arrive à point.