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Distanciation physique, mode de vie et mode d’emploi
C’est le début d’un temps nouveau en Corée du Sud, celui de la « distanciation de routine ».
Le port du masque a été préconisé très tôt par les autorités sanitaires sud-coréennes, comme barrière de protection notamment contre les cas asymptomatiques (Séoul, 19 avril 2020).
La Corée du Sud a misé sur le dépistage massif et la géolocalisation des cas de contamination pour circonscrire l’épidémie de COVID-19, sans avoir recours au confinement généralisé.
En échange d’une liberté de mouvement, les Sud-Coréens ont largement suivi les consignes strictes de distanciation sociale depuis leur entrée en vigueur en mars.
Cette fois, le gouvernement vient de les assouplir, afin qu’ils puissent retrouver une vie normale... mais ce ne sera pas tout à fait celle d’avant.
Le contrôle de la température corporelle, courant dans bon nombre d’endroits publics en Corée du Sud en ces temps de Covid-19. Ici, dans un temple de Séoul ( 30 avril 2020).
Photo : Radio-Canada / Anyck Béraud
Une bouteille de gel désinfectant est placée sur une table, à l’entrée des locaux du Seorae Global Village Center. Une pellicule de plastique transparent est suspendue à la porte.
Ce centre culturel et communautaire, situé dans un arrondissement de Séoul où la présence de ressortissants étrangers lui a valu le surnom de quartier français, rouvrira dans quelques jours, comme tous les établissements publics qui avaient dû fermer pendant quelques semaines, en vertu des consignes strictes de distanciation sociale en Corée du Sud.
Sa directrice, Zimie Rim, lance en riant qu’elle sera bien contente de pouvoir se trouver face à des êtres humains.
Zimie Rim à Séoul (6 mai 2020)
Photo : Radio-Canada / Anyck Béraud
Elle précise que les mesures de précaution resteront en place quand les gens reviendront physiquement au centre.
C’est-à-dire le port du masque quand on sera dans une situation de regroupement. Aussi, la vérification de la température et l’utilisation du gel pour les mains, dit-elle.
Distanciation intégrée au quotidien
C’est ce que préconisent les autorités sud-coréennes : que la population intègre les gestes sanitaires recommandés depuis le début de l’épidémie dans tous les aspects de la vie quotidienne, maintenant qu’elles permettent aux établissements publics et aux grands événements culturels et sportifs de reprendre leurs activités.
Un document mis en ligne donne force détails sur les bonnes pratiques au travail, dans les transports en commun, à l’école ou encore dans les restaurants.
Dans le métro de Séoul (20 avril 2020).
Photo : Radio-Canada / Anyck Béraud
Le gouvernement sud-coréen insiste : la guerre contre la COVID-19 n'est pas terminée.
Le bilan quotidien du 8 mai vient appuyer ses propos. Une nouvelle éclosion est signalée, liée à la fréquentation des bars et des clubs dans un secteur branché et multiculturel de la capitale.
Ce genre d’établissement avait été fermé pendant un moment pendant la crise sanitaire.
Au nombre des recommandations de distanciation de routine : rester à la maison pendant quelques jours si on se sent le moindrement malade; prendre la rame de métro suivante si les voitures sont bondées.
Fini les pupitres en îlots comme dans cette classe du secondaire dans une école publique. Ils devront être réalignés de façon à respecter la distanciation physique (28 avril 2020).
Photo : Radio-Canada / Anyck Béraud
Retour graduel à la normale
Pour Zimie Rim, du Seorae Global Village Center, c’est vraiment une gestion au cas par cas, en prenant en compte la vulnérabilité de chacun d’entre nous, à commencer par les personnes âgées et les enfants.
Les élèves du primaire et du secondaire publics vont retrouver les bancs d’école de façon graduelle. Les plus vieux seront les premiers à le faire le 13 mai. Les autres, à compter du 20 mai. Les plus jeunes vont clôturer ce retour physique en classe le 1er juin.
La rentrée scolaire, reportée à plusieurs reprises, s’est faite en ligne début avril. Cela avait créé une certaine tension dans cette Corée du Sud où la réussite scolaire fait partie intégrante de la culture.
Le retour à la normale se fait progressivement aussi pour les établissements publics comme les musées, ou encore les événements culturels et sportifs. La saison du baseball professionnel a repris, à huis clos pour l’instant.
Dans une station du métro de Séoul, Mme Kim est préposée au nettoyage. Elle précise qu’elle n’a pas cessé de travailler durant l’épidémie. Elle assure que toute son équipe est en santé pour avoir suivi les consignes de précaution. La température des employés est contrôlée quotidiennement.
Photo : Radio-Canada / Anyck Béraud
Un pays jamais vraiment à l’arrêt
La vie ne s’était pas arrêtée pour autant en Corée du Sud. Rien à voir avec la situation des pays où les autorités ont imposé un confinement strict et généralisé à leur population.
On s’est sentis très chanceux d’avoir vécu ce chapitre-là d’une manière plus ou moins paisible par rapport à d’autres pays, comme l’Italie ou l’Amérique, soutient Zimie Rim.
Fluide : c’est le mot qui vient à l’esprit de Myriam Champagne pour décrire la vie sous la COVID-19 en Corée du Sud. Artiste-peintre française, installée avec son mari à Séoul, elle se remémore les débuts de l’épidémie ici, en janvier dernier.
Myriam Champagne, une ressortissante française, souligne l’autodiscipline dont font preuve les Sud-Coréens durant cette crise de la COVID-19 (5 mai 2020)
Photo : Radio-Canada / Anyck Béraud
Tout de suite, les gens ont pris des mesures très simples. C’est-à-dire le port du masque, la distanciation. Et puis une espèce de responsabilité de chacun de se dire : "voilà, on ne va pas sortir si on n’a pas besoin de sortir". C’est pour cette raison que mon mari (ingénieur) continue de travailler, il n’a jamais arrêté de travailler, parce que lui, il devait aller travailler, explique-t-elle.
De nombreux employeurs et entreprises avaient opté pour le télétravail ou avaient réaménagé les horaires afin de réduire le nombre d’employés au même endroit en même temps.
Dans cette galerie marchande de Séoul, un rappel des consignes sanitaires (avril 2020 )
Photo : Radio-Canada
Les restaurants et les commerces sont pour la plupart restés ouverts, même au plus fort de l’épidémie.
Les affaires ont toutefois tourné au ralenti dans bien des cas. La consommation a dégringolé. Le chômage est à la hausse. L’économie s’est contractée au premier trimestre de l’année.
Le gouvernement sud-coréen a présenté des programmes d’aide de plusieurs milliards de dollars, notamment pour les familles les plus démunies.
Les habitants de Séoul ont profité du beau temps et du long congé pour faire leurs rituels pique-niques le long du fleuve Han, (2 mai 2020).
Photo : Radio-Canada / Anyck Béraud
En échange du droit de circuler, les Sud-Coréens ont largement respecté les consignes de distanciation sociale strictes du gouvernement.
Le sociologue Michael Hurt, maître de conférence à l’Université nationale des arts de Corée (Séoul), croit que c’est en grande partie parce que les autorités ont su leur inspirer confiance en faisant preuve de transparence dans la gestion de l’épidémie de la COVID-19.
Contrairement à ce qui s’était passé lors de crises sanitaires précédentes.
Sur les rives du Fleuve Han (2 mai 2020).
Photo : Radio-Canada / Anyck Béraud
À titre personnel, Zimie Rim trouve qu’il y a tout de même eu, au début, une petite période de flottement, sans consignes claires sur la façon de réagir, de se protéger, quand les nouvelles alarmantes sont arrivées de Chine.
Elle rappelle aussi que l’obligation de porter un masque a parfois été perçue comme disproportionnée par rapport à la situation que l’on vivait.
Avec le recul, elle croit que tous ont bien fait de faire l’effort d’en porter.
La Corée étant quand même une société assez homogène, on a tous tendance à s’imiter. Voilà.
Zimie Rim louange la façon dont le gouvernement a su régler la pénurie de masques, ou encore l’acheminement de denrées aux personnes âgées invitées à rester chez elles.
Nous avons tous appris, d’une manière ou d’une autre, à s’autogérer dans cette situation-là. Une situation de crise. Et si une autre épidémie devait se manifester dans 3 ou 4 ans, nous sommes maintenant un peu tous formés pour y faire face, dit-elle.
Un contenu vidéo est disponible pour cet article
La Corée du Sud prône une distance de routine
Les bonnes pratiques en Corée du Sud
Pour travailler
Aux employeurs :
si possible, tenir les réunions au téléphone ou en vidéoconférence. Sinon, réduire le nombre de participants
maintenir une distance de 2 mètres entre les participants d’une formation ou d’un atelier
désinfecter les bureaux, y compris les claviers et les souris des ordinateurs
faire preuve de flexibilité dans l’organisation du travail
Aux employés :
utiliser ses propres couverts et ustensiles en mangeant au bureau, à la cafétéria
réduire le nombre d’activités après le travail
éviter les attroupements dans les aires communes
Pour se déplacer
prendre le moins possible les transports en commun si on est une personne âgée ou une femme enceinte
dans le métro, essayer de prendre la rame suivante, si les voitures sont trop bondées
privilégier le paiement sans contact dans les taxis
s’il est impossible de respecter la distance de sécurité, porter un masque
Pour manger
si possible, préférer les commandes pour emporter ou les livraisons à domicile
éviter de manger face à face, privilégier les dispositions en “zig-zag”
limiter le temps passé à table
ne pas partager les ustensiles ou les plats
porter un masque si on est un employé du restaurant
Pour étudier
porter le masque, valable pour les élèves comme pour les enseignants au primaire et au secondaire publics
s’assurer que les employés aient leur propre équipement (tablette, ordinateur ou autre) pour éviter les partages
Consignes communes à tous les secteurs de la vie quotidienne
se laver fréquemment les mains
maintenir une distance de sécurité
rester à la maison quelques jours si on se sent malade
désinfecter et aérer les espaces de travail, de restauration et d’études au moins 15 minutes, matin et soir, dans le cas des écoles
(source : ministère sud-coréen de la Santé, 3 mai 2020)