Québec reporte à nouveau le début du déconfinement à Montréal

C'est la deuxième fois que le gouvernement Legault reporte la reprise des activités dans le Grand Montréal.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La grande région de Montréal devra attendre une semaine de plus avant d'entamer son déconfinement. L'ouverture des commerces, des écoles et des services de garde est reportée au 25 mai, a annoncé le premier ministre François Legault.
Cette décision a été prise « d’un commun accord », « ensemble », par le premier ministre et le directeur national de santé publique du Québec, Horacio Arruda.
La situation est difficile [à Montréal], surtout car il nous manque du personnel
, a affirmé M. Legault lors de son point de presse quotidien sur la progression de la COVID-19 au Québec.
Lorsqu'on souhaite déconfiner une région, on s’assure de deux choses : que la contagion est sous contrôle […] et on regarde la disponibilité de lits [d’hôpitaux] dans la région en question
, a d'emblée expliqué le premier ministre. Ces deux critères-là, à l’extérieur du Grand Montréal, c’est sous contrôle.
Toutefois, dans la grande région de Montréal, le taux de reproduction de base (l'indice de contagion, aussi appelé R0) est autour de 1
, alors que Québec vise un taux inférieur à 1. De plus, si les hôpitaux du Grand Montréal peuvent compter sur environ 1000 lits disponibles, on n’a pas le personnel pour aller avec ces lits-là
, a précisé M. Legault.
Une lecture que semblait partager le Dr Arruda, à ses côtés.
« Montréal, c’est fragile. Le reste du Québec, c’est le paradis. »
M. Arruda a également précisé que l'indice R0 à Montréal ne tenait pas compte de la situation dans les CHSLD.
C'est la deuxième fois que le gouvernement Legault reporte la reprise des activités dans le Grand Montréal. Selon le plan initial, la grande région métropolitaine devait commencer son déconfinement à compter du 11 mai, mais cette date avait été reportée au 18 mai en début de semaine.
Québec ne permettra la relance partielle de l’économie dans la grande région de Montréal que le 25 mai, si et seulement si la situation s’améliore d’ici là
, a martelé le premier ministre.
Cette décision concerne le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), soit l'île de Montréal et quelque 80 municipalités avoisinantes.
Lors de son dernier bilan, l’Institut national de santé publique indiquait un total de plus de 17 900 cas de COVID-19 à Montréal et de 1666 morts, soit 63 % des décès de la province.
En entrevue jeudi après-midi à l'émission Le 15-18, l'épidémiologiste et chargée d’enseignement clinique au Département de médecine sociale et préventive à l’Université de Montréal Nimâ Machouf a reconnu que la situation ne semblait pas assez stable pour permettre un déconfinement partiel à Montréal.
Il faut que la baisse [de nouveaux cas] soit soutenue, et on n’a pas cette baisse soutenue. Donc, à mon avis, on n’est pas rendu au pic, du moins à Montréal
, a-t-elle soutenu.
Mme Machouf a également réitéré l'importance des tests dans une stratégie de déconfinement.
Les pays qui ont réussi à maîtriser rapidement l’épidémie, ce sont des pays qui, dès le départ, ont frappé très, très fort avec les tests et la recherche des cas et, surtout, des contacts autour des cas
, a-t-elle expliqué au micro d'Annie Desrochers. Donc, pour chaque personne infectée, on peut rapidement aller chercher tous ceux qui ont été en contact avec cette personne-là, les tester et, s’ils sont positifs, les mettre en quarantaine.
Une décision saluée dans la métropole
Lors de son point de presse, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a dit accueillir favorablement
la décision prise par le gouvernement du Québec, car la santé de la population doit tout primer.
Mme Plante s'est également dite contente de la stratégie de dépistage et espère que le réseau de la santé, le gouvernement du Québec et la santé publique vont trouver le matériel
nécessaire.
Du côté de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire, la présidente Hélène Bourdages a affirmé être soulagée
, en entrevue à l'émission Le 15-18.
« C’était difficile de compter sur l’ensemble des personnels, parce que les gens avaient la peur au ventre. »
Selon elle, les directions d'école profiteront de ce sursis pour continuer d'organiser le futur retour en classe. Si elle salue la décision responsable
qu'a annoncée le gouvernement jeudi, elle espère toutefois que ce retour se fera en juin, afin que l'expérience serve en septembre.
Tout ce que le personnel enseignant va nous apporter comme idée pour faire autrement, ça va nous aider, ça va jeter les bases pour l’école de septembre, c’est certain
, a assuré Mme Bourdages.
Soutien aux entreprises locales
Devant le confinement qui s'étire dans la métropole, la mairesse Valérie Plante a par ailleurs profité de son point de presse pour dévoiler, en compagnie du maire de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, Luc Rabouin, un fonds de 5 millions de dollars afin de venir en aide aux entreprises locales, sociales et culturelles.
De cette somme, 3 millions seront réservés à des subventions directes aux entreprises, notamment pour qu'elles s'adaptent aux nouvelles mesures sanitaires qui seront à respecter lors du déconfinement.
Cette aide se veut en complémentarité avec les autres aides gouvernementales
, a précisé M. Rabouin. Une somme de 500 000 $ est également prévue pour aider les salles de spectacle dites alternatives et les petits cinémas.
L’Association des sociétés de développement commercial de Montréal (ASDCM) n'a pas tardé à saluer cette aide versée par la Ville, qui n'est pas constituée de prêts à rembourser par les commerçants.
On salue l’initiative de Montréal, mais présentement, l’enjeu, il se joue à Québec et au fédéral. Montréal, c’est la ville la plus touchée du Canada, c’est certainement celle qui sera déconfinée la dernière
, a souligné le président de l'ASDCM, Billy Walsh, toujours au 15-18.
L’heure est grave pour le commerce à Montréal. [...] On demande que Québec soit plus généreux à notre égard et qu’on ait un plan d’urgence particulièrement applicable pour les commerces de Montréal.
Avec la collaboration de Joëlle Girard
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