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Des solutions de la protectrice des enfants pour éviter les suicides chez les jeunes

Photo générique pour illustrer la DPJ, les jeunes ados, la dépression, l’isolation, l’intimidation, solitude,  etc…

Le 7 mai est la Journée nationale de la santé mentale des enfants et des adolescents.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Le suicide est la première cause de mort des jeunes de 10 à 17 ans au Manitoba, soutient la protectrice des enfants et des jeunes de la province, Daphne Penrose. Elle demande des mesures immédiates du gouvernement pour que les jeunes aient plus d'accès aux ressources de santé mentale, surtout dans les régions rurales du Manitoba.

Son rapport publié jeudi, intitulé Stop Giving Me a Number and Start Giving Me a Person [Arrêtez de me donner des chiffres, donnez-moi des cas], révèle les circonstances entourant le suicide de 22 filles âgées de 10 à 17 ans survenu dans la province.

Il rapporte les traumatismes que ces dernières ont vécus pendant leur enfance et les difficultés qu'elles ont eues pour obtenir un suivi psychologique approprié à long terme, dans la province.

Dans les régions rurales, le nord du Manitoba et les communautés autochtones reculées, ces ressources sont difficiles d’accès, voire inexistantes, soutient Daphne Penrose.

Ces jeunes en détresse doivent se rendre jusqu’à Winnipeg pour consulter des spécialistes appropriés et ne sont pas suivis lorsqu’ils retournent dans leurs communautés, explique-t-elle. Ils sont victimes des failles du système. 

Donnez-moi des cas

L’une des filles mentionnées dans le rapport, surnommée Madison pour préserver son identité, s’est suicidée à l’âge de 15 ans. Madison vivait dans une région rurale du Manitoba et était à la charge permanente des Services à l’enfant et à la famille (SEF) de la province lorsqu’elle est morte.

Ses parents avaient de problèmes de dépendance et auraient négligé leur enfant. Les SEF sont intervenus pour elle quatre fois avant son 4e anniversaire. 

Le traumatisme d’enfance de Madison n’a pas été reconnu par les SEF concernés, qui n’ont pas mis de protection en place, malgré la responsabilité, sur le plan juridique et éthique, de l’agence d’assurer sa santé, sa protection et son développement, écrit Daphne Penrose dans le rapport.

Lorsque Madison a eu 5 ans, les autorités l’ont installée dans une autre maison d’accueil, où elle aurait été victime de violences physiques.

À cause des violences et des dépendances signalées dans sa nouvelle maison d'accueil, les enfants qui habitaient avec elle ont été déplacés. Madison, par contre, a dû y rester, même si elle disait ne pas s’y sentir en sécurité. Elle s'en est finalement échappée et a refusé d’y retourner. 

Idées suicidaires dès 13 ans

Un service de crise mobile qui a aidé Madison a appris qu’elle s’était fait agresser sexuellement dans sa maison d’accueil lorsqu'elle avait 5 ans. Elle avait révélé cet abus à ses anciens parents d’accueil, mais ils ne l’ont pas crue, indique le rapport. 

Des accusations ont finalement été lancées contre deux personnes. Madison, elle, a continué à sombrer, devant affronter la mort d’un membre de sa famille et d’un ami, son traumatisme d’enfance, et se faisant brutaliser à l’école et dans sa maison d’accueil.

Pendant les six mois qui ont précédé sa mort, elle affirmait avoir des idées de suicide et abusait de drogues. Les autorités qui s’occupaient d’elles ont décidé qu’elle n’avait pas besoin d’être admise dans un établissement psychiatrique. Lorsque l’idée d’un suivi a finalement été évoquée, un travailleur en santé mentale a tenté de joindre six fois les SEF dans le but d'organiser des rencontres, en vain. Madison est morte un mois plus tard. 

Derrière ces chiffres, il y a l’enfant de quelqu’un

Depuis le 15 septembre 2008, 159 jeunes âgés de 9 à 17 ans se sont suicidés au Manitoba, peut-on lire dans le rapport. 

Daphne Penrose, la protectrice des enfants du Manitoba.

La protectrice des enfants du Manitoba, Daphne Penrose.

Photo : Radio-Canada / Ian Froese

Derrière chacun de ces chiffres, il y a l’enfant de quelqu’un, le frère ou la soeur de quelqu’un, rappelle Daphne Penrose.

Ces données sont d'autant plus troublantes que, lorsqu'on le soutien est approprié et offert assez tôt, cela peut permettre d’éviter les suicides. 

Selon le rapport, seulement 3 des 22 filles qui se sont suicidées ont pu recevoir des aides ciblées dès leur jeune âge. Les autres ont eu de l'aide lorsqu’elles étaient en situation de crise, mais pas à long terme, ce que déplore la protectrice des enfants. 

Sept recommandations à la province :

  • Effectuer une analyse des failles du système provincial de santé mentale et de lutte contre la dépendance.

  • Donner un accès équitable aux jeunes ayant besoin de ressources en santé mentale et contre la dépendance

  • Former les travailleurs sur les traumatismes et leurs effets 

  • Aider les familles à savoir où trouver des ressources 

  • Créer davantage de centres d’aide pour les jeunes

  • Créer des points d’aide en santé mentale à l’extérieur de Winnipeg

  • Créer des traitements à long terme pour les jeunes

Les gouvernements font la sourde oreille, selon l’Assemblée des chefs du Manitoba

L’Assemblée des chefs du Manitoba (ACM) a offert jeudi ses condoléances aux familles et aux amis des 22 jeunes victimes et aux centaines d’autres enfants qui sont passés entre les mailles du système de protection de l’enfance du Manitoba.

De ces 22 filles, 20 sont Autochtones.

Un homme portant une coiffure de plumes se tient devant un podium.

Le grand chef de l'Assemblée des chefs du Manitoba, Arlen Dumas.

Photo : Radio-Canada

L’ACM propose depuis 30 ans des résolutions pour changer [le système de protection de l’enfance] et s’assurer du bien-être des jeunes, indique le grand chef de l’ACM, Arlen Dumas, dans un communiqué de presse.

Le suicide est une conséquence évidente du système de placement des enfants, soutient-il.

Les gouvernements provinciaux et fédéraux continuent d’ignorer les solutions apportées par les Premières Nations, déplore-t-il.

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