Planter des arbres en pleine pandémie : « Tout est différent »
Une saison bousculée par la COVID-19

« C'est beaucoup plus difficile qu'à la normale », confie Suzie Gagnon qui entame sa 17e saison.
Photo : Suzie Gagnon
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La saison des planteurs d'arbres est bien entamée en Colombie-Britannique. La province a pour objectif de voir planter un nombre record de 310 millions d’arbres, mais la pandémie de la COVID-19 apporte des complications inattendues.
Des centaines de planteurs de l’est canadien venus en Colombie-Britannique sont un peu moins nombreux cette année à cause des craintes liées au coronavirus. Toutefois, pour ceux qui ont choisi de venir, des mesures sévères sont en place.
Ainsi, selon Suzie Gagnon, une Québécoise qui entame sa 17e saison en Colombie-Britannique, tout est différent. Elle est ravie de pouvoir travailler et comprend les inquiétudes des communautés qui les accueillent, mais elle trouve leurs règles très sévères.
Non seulement les planteurs doivent-ils rester isolés dans leur chambre, mais une seule personne est désignée pour faire leurs courses ou aller à la buanderie. Les équipes ne se mélangent pas et, après le travail, même les contacts d'au moins 2 mètres de distance ne sont pas tolérés. Un gardien de sécurité s’assure que les règles sont respectées.
« C’est vraiment difficile parce que les planteurs d’arbres sont quand même dans l’esprit communautaire. On aime se réunir à la fin de la journée, prendre un café le matin. La seule journée de congé qu’on a après trois jours de travail, on aime ça, se rencontrer, mais là, c’est évident que c’est impossible. »
À écouter :
Un mal nécessaire
Ces mesures sont nécessaires pour préserver la santé des équipes et, surtout, protéger les communautés d’accueil, d'après François Sauvé, propriétaire de Leader Silviculture et membre du conseil d'administration de l'Association des entrepreneurs forestiers de l'Ouest.
« Le plus important pour nous, c’est d’obtenir notre licence sociale dans les communautés où l'on va travailler. »
Il sent que les communautés comme Merritt sont rassurées. Les gens sont impressionnés de voir comment les planteurs prennent ça au sérieux
, constate-t-il.
Les planteurs doivent obligatoirement tenir un blogue tous les jours, où ils inscrivent leur température, les mesures prises pour éviter la contamination et les gens qu'ils ont rencontrés dans la journée.
Leur patron, François Sauvé, se réjouit de voir qu’ils s'acquittent de cette tâche avec enthousiasme : Je suis vraiment impressionné par la qualité des blogues qu’ils nous ont envoyés. On essaie toujours de trouver un petit côté positif dans une situation de crise.
Il croit que l’exercice leur fait prendre conscience d’eux-mêmes et de l’environnement dans lequel ils travaillent.
« Je pense que les gens vont développer une espèce de responsabilité sociale qui n’existait pas auparavant. »
François Sauvé envisage quand même la saison avec optimisme. Il doute toutefois que l'objectif de 310 millions d'arbres plantés soit atteint cette année.