Il y a 70 ans, Rimouski détruite par un incendie
Il y a 70 ans, le tiers de la ville de Rimouski était détruit par les flammes.
Photo : Groupe de fonds Clément Claveau / Louis Paul Lavoie
Le 6 mai 1950, la ville de Rimouski subissait la pire catastrophe de son histoire. Un incendie détruit plus du tiers de la ville. Des Rimouskois témoignent de cette « nuit rouge » qui les a profondément marqués.
Un tiers de la ville détruit
« La population de Rimouski était d’un peu moins de 11 000. […] C’était un peu la métropole de l’est du Québec. Même sur certains points davantage qu’aujourd’hui. »
Le 6 mai 1950 à Rimouski, il vente à écorner les bœufs.
La force du vent fait tomber un poteau électrique dans la cour à moulin à bois de la compagnie Price Brothers. Cette chute provoque des étincelles.
Rapidement, le vent charrie ces dernières qui allument plusieurs toitures de maison.
Rimouski vit dès lors une soirée et une nuit infernales.

Images de la ville de Rimouski le lendemain de l'incendie du 6 mai 1950 prises par Yvette Belzile.
On peut avoir une idée des dommages provoqués par l’incendie à la ville de Rimouski en regardant ces images d'un film amateur tourné par Yvette Belzile en 1950.
Le matin du 7 mai, l’hôpital, le palais de justice, la prison, les ponts qui traversent la rivière Rimouski (excepté celui du Canadien National) et 230 maisons sont incendiés.
Cela veut dire que 300 familles — 2360 personnes — se retrouvaient sur le pavé.
À l’époque, on a évalué que le montant des dommages totalisait entre 14 et 20 millions de dollars. C’est une somme considérable.
Il faut rappeler qu’en 1950, la plupart des gens de la région de Rimouski gagnaient des revenus d’à peine 2000 $ annuellement, comme le souligne François-Xavier Légaré.

Entrevue de François-Xavier Légaré à la journaliste-réalisatrice Suzanne Saint-Pierre sur la vile de Rimouski avant 1950
François-Xavier Légaré, un notable de la ville de Rimouski, brosse à la journaliste-réalisatrice Suzanne Saint-Pierre, dans une entrevue présentée à Reflets d’un pays le 22 juin 1977, un portrait de la ville de Rimouski avant le sinistre.
Rimouski pouvait être considérée comme la métropole de la région du Bas-Saint-Laurent.
Si la scierie de Price Brothers est très présente, Rimouski est aussi une ville de services et d’institutions religieuses et d’enseignement.
Un miracle à Rimouski?
Parmi les ruines du quartier du centre de la ville, une maison est épargnée par les flammes.

Entrevue avec Anna Palasse dont la maison a été épargnée par les flammes lors de l'incendie de Rimouski.
C’est ce que raconte Anna Palasse à Suzanne Saint-Pierre, toujours à l'émission Reflets d’un pays.
Anna Palasse confie qu’elle croit que c’est parce qu’elle a placé un crucifix dehors que sa maison n’a pas été détruite.
Pendant que les flammes dévastaient le voisinage, les Palasse ont trouvé refuge à l’archevêché, au couvent du Saint-Rosaire et enfin dans la ville voisine de Mont-Joli, où réside une des filles de la famille.
Au retour, les Palasse ont constaté que leur maison était demeurée debout. Elle avait quand même subi des dommages qu’il a bien fallu réparer.
Heureusement, la famille possédait une assurance. Ce n’était malheureusement pas le cas de tous les sinistrés à Rimouski.
Des sinistrés mal assurés
Le lendemain de l’incendie, le courtier en assurance Maurice de Champlain constate lui aussi l’ampleur de la catastrophe.

Le courtier en assurances Maurice de Champlain raconte l'impact du manque de couverture d'assurance chez les sinistrés rimouskois.
La situation était d’autant plus désolante, comme il le rappelle à la journaliste Suzanne Saint-Pierre, que peu de Rimouskois étaient assurés contre les sinistres.
Seule une minorité, particulièrement chez les personnes plus âgées, souscrivait à des assurances.
Pire encore, la plupart de ces assurances représentaient des montants assez faibles — autour de 2000 $ — qui étaient insuffisants pour rebâtir une maison.
Maurice de Champlain a aussi dû combattre une rumeur qui circulait dans la ville.
On racontait que les compagnies d’assurance, parce que la catastrophe provenait d'une conflagration, pourraient refuser d’indemniser les sinistrés.
Maurice de Champlain révèle qu’alors il a eu peur que le désespoir de la ruine pousse quelques sinistrés à se suicider.
Il a pressé les compagnies d’assurance à envoyer des représentants à Rimouski, qui ont payé du jour au lendemain 300 000 $ en indemnisation aux victimes de l’incendie.
Très peu de traces demeurent de l’incendie du 6 mai 1950 à Rimouski.
Mais cette « nuit rouge », comme l’ont surnommée les historiens, demeure gravée dans la mémoire collective des Rimouskois.