La vente de vins québécois a bondi de 60 % depuis le début de la pandémie

L'étiquette de certification Vins du Québec de l'Association des vignerons du Québec
Photo : facebook.com/VinsDuQuebec
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La vente de vins québécois a bondi de 60 % à la SAQ depuis l’appel à l’achat local lancé par le gouvernement. Une hausse sans précédent qui permet à plusieurs vignerons de croire que les préjugés défavorables qui collent encore à leurs produits finissent une fois pour toutes par leur lâcher la grappe.
Une telle hausse est remarquable dans le contexte actuel, où les restaurateurs, des clients importants pour les vignerons, n’achètent presque plus en ce moment
, affirme d’emblée Linda Bouchard, porte-parole de la Société des alcools du Québec (SAQ)
La vente de spiritueux québécois a connu une augmentation encore plus fulgurante : 79 % de plus cette année par rapport à pareille date, en 2019.
Aussitôt que le gouvernement a encouragé l'achat local, la vente de produits québécois a pris son envol dans nos succursales et en ligne.
Ces ventes à la hausse ne reflètent pas une consommation d’alcool plus importante des Québécois pendant la pandémie.
Les ventes totales n’augmentent pas de manière significative
, souligne Linda Bouchard, qui mentionne que les buveurs sociaux, ceux qui ont l’habitude de déboucher uniquement en bonne compagnie, ont rangé leur tire-bouchon en attendant que les rassemblements soient de nouveau permis.
Ce sont donc vraiment les ventes de produits québécois qui se démarquent en ce moment.
Un moment charnière
Charles-Henri de Coussergues, propriétaire du vignoble L’Orpailleur depuis 38 ans, s’émeut de constater l’engouement des Québécois pour les vins et les spiritueux d’ici.
En presque 40 ans, j’ai dû le prendre souvent, mon bâton de pèlerin, pour aller répandre la bonne nouvelle et faire tomber les préjugés qui collaient aux vins du Québec
, se rappelle-t-il.
Depuis l’appel à l’achat local lancé par le premier ministre François Legault, il a constaté une hausse sans précédent de ses ventes.
Avant, je pouvais vendre trois caisses de vins par mois sur mon portail en ligne. Depuis le début de la crise, c’est incroyable comme ça sort. Je n’aurais jamais cru voir ça!
Il croit que la tendance, bien que récente, est partie pour rester.
Dans tous les pays où la vague a commencé comme elle le fait en ce moment, ça ne s’est jamais essoufflé par après, dit-il. Le plus dur, ce n’est jamais de vendre une première bouteille : c’est d’en vendre une deuxième, de créer une habitude chez les amateurs.
Cette habitude est en voie de se créer à la faveur de la pandémie, selon Charles-Henri de Coussergues, qui y voit la consécration de décennies d’efforts pour prouver que la terre, la vigne et le savoir-faire québécois savent rivaliser avec ceux d’Europe.
Un envol des ventes plus précoce qu’à l’habitude
Le vignoble Val Caudalies vit lui aussi un printemps comme il n’en a jamais connu en 15 ans d’existence.
Nous avons une présence limitée à la SAQ, mais dans les épiceries et les épiceries fines, on peut le dire, ç'a littéralement explosé. Nous avons fait les plus gros mois de mars et d'avril de notre histoire.
D’habitude, nos ventes décollent vraiment en mai, quand le soleil s’installe et que les terrasses ouvrent, explique Guillaume Leroux, copropriétaire du domaine. Cette année, cet envol a eu lieu en mars!
À tel point que la préférence des Québécois pour les vins de chez eux, en ce moment, réussit à compenser les ventes perdues auprès des restaurants.
Ce sont des clients très importants. Mais en ce moment, les ventes dans les épiceries, dans les épiceries fines et dans les SAQ sont tout simplement hallucinantes.
Louis Deneault, président du Conseil des vins du Québec se réjouit que les palais des Québécois adoptent enfin les vins d’ici.
Depuis 10 ans, la qualité de nos produits a fait un bond prodigieux
, affirme celui qui possède aussi le vignoble Ste-Pétronille, sur l’île d’Orléans.
Il rappelle toutefois que pour assurer l’essor des vins québécois, il importe que l’engouement des consommateurs ne s’essouffle pas.
La saison touristique dont plusieurs vignobles dépendent sera sans doute moins fructueuse cette année, dit-il. Plusieurs vignerons ne vendent pas en SAQ non plus : pour eux, la fermeture des restaurants fait très mal.