Travailleurs étrangers : l'appel à l'aide de Blaine Higgs sera-t-il entendu?

La pêche au homard doit commencer le 15 mai prochain.
Photo : Radio-Canada / Serge Bouchard
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Blaine Higgs a lancé un appel aux Néo-Brunswickois sans emploi pour remplacer les travailleurs étrangers temporaires qui ne pourront pas fouler le sol de la province en raison de la pandémie de coronavirus.
Par crainte que le virus ne se propage dans la province, le premier ministre a fermé la porte à ces travailleurs étrangers temporaires. Il s'agit de 2500 à 3000 personnes, surtout du Mexique, de la Jamaïque et des Philippines, qui travaillent habituellement dans l'industrie des pêches ou de l'agriculture, notamment.
M. Higgs a ensuite lancé un appel aux personnes sans emploi pour combler le vide, en précisant que 70 000 personnes n'ont pas de travail au Nouveau-Brunswick.
Un ex-ministre des Pêches libéral, Bernard Thériault, s'est un peu moqué de cet appel à tous.
On a restreint la production [dans des usines] pour s'assurer de répondre à des normes de sécurité. Mais d'inviter Monsieur Tout-le-Monde, son ami et son beau-frère à aller travailler, je ne pense pas que ce soit la solution.
L'appel lancé par le premier ministre a aussi fait sourciller Fernand Thibodeau, porte-parole du regroupement Aide et soutien aux travailleuses et travailleurs des secteurs saisonniers.
Il fait remarquer que les travailleurs étrangers, dans les usines ou les fermes, étaient formés pour exécuter les tâches demandées.
Par exemple, si une personne de l'industrie touristique va travailler dans usine de poisson, est-ce qu'elle est formée pour être là? Je me demande aussi si les gens qui vont sortir de leur domaine de travail habituel ont les connaissances pour être employés dans des usines ou des fermes.
Le directeur de l'usine de transformation de homard Bolero Shellfish Processing, à Saint-Simon, Serge Haché, comptait accueillir prochainement 42 travailleurs de l'étranger, du Mexique en particulier, ce qui représente environ 25 % de la force ouvrière de l'usine. Le décret du gouvernement provincial qui ferme la porte aux travailleurs étrangers temporaires l'a surpris et déçu. Mais il ne s'attend pas à recevoir à son bureau beaucoup plus de personnes à la recherche d'un emploi.
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La très grande majorité des usines de transformation de poissons ont des offres d'emploi partout. Et les gens qui se présentent à nos portes, on peut les compter sur les mêmes doigts de la main
, explique Serge Haché. Si les gouvernements ont des stratégies pour amener ce monde-là en usine, on aimerait les connaître au plus sacrant.
Le salaire des travailleurs
Bernard Thériault suggère depuis très longtemps à l'industrie des pêches d'augmenter les salaires des travailleurs d'usine. Il n'hésite pas à remettre cette question sur le tapis en temps de pandémie. Il se demande même si le gouvernement provincial ne devrait pas accorder une prime aux employés qui s'exposent à des risques pour leur santé.
Je pense que les normes minimales d'emploi devraient être revues dans le domaine de la pêche. Ces travailleurs-là sont défavorisés
, affirme M. Thériault.
Serge Haché, de l'usine de homard Bolero Shellfish Processing, est sceptique quant aux effets potentiels d'une augmentation salariale considérable, mais il ne ferme pas la porte à celle-ci.
C'est toujours une option
, dit-il. Mais je ne suis pas sûr que si on offrait 20 $ l'heure dans les usines de la Péninsule acadienne le monde se garrocherait aux portes. Il faut que l'ensemble de l'industrie augmente les salaires. Ça va finir par s'ajuster. On est rendu à des salaires de 14 $ ou 15 $ l'heure dans le nord du Nouveau-Brunswick.
La pêche au homard doit commencer le 15 mai.