Legault veut remettre au travail quelque 500 000 Québécois
La pause tire à sa fin pour certains secteurs clés de l'économie québécoise.

Certains travailleurs de la construction, comme ceux-ci, à Terrebonne, ont déjà repris leurs activités, puisque Québec a autorisé il y a deux semaines la réouverture des chantiers pour les habitations devant être livrées au plus tard le 31 juillet.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Après les écoles, les entreprises.
Québec décrète la réouverture graduelle de trois secteurs clés de l'économie : le commerce de détail, la construction et l'industrie manufacturière.
Les détails ont été présentés mardi après-midi lors de la conférence de presse quotidienne du gouvernement Legault en présence du premier ministre, du ministre de l'Économie et de l'Innovation, Pierre Fitzgibbon, et du directeur national de santé publique, Horacio Arruda.
Ce déconfinement graduel de l'économie, qui sera supervisé par la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), s'effectuera de façon géographique et sectorielle.
Ainsi, le secteur du commerce de détail reprendra vie dès le 4 mai partout au Québec, à l'exception de la grande région de Montréal, qui devra attendre une semaine de plus, exactement comme dans le cas des écoles primaires, dont le déconfinement progressif a été annoncé lundi.
Pour éviter les rassemblements, les centres commerciaux dotés d'aires communes demeureront fermés jusqu'à nouvel ordre, à l'exception des magasins qui y sont installés et qui ont une porte donnant vers l'extérieur.
Les salles à manger des restaurants, les lieux de diffusion, ainsi que les établissements des secteurs culturel et touristique devront également attendre avant de rouvrir leurs portes. Même chose pour les boutiques de soins personnels, comme les salons de coiffure.
Ces entreprises seront visées par une phase subséquente du plan de déconfinement du gouvernement Legault, a précisé le ministre Fitzgibbon en début de soirée à RDI économie.

Entrevue avec Pierre Fitzgibbon
La fermeture des commerces le dimanche sera par ailleurs prolongée jusqu'au 31 mai, à l'exception des pharmacies, des dépanneurs, des stations-service, des commandes pour emporter dans les restaurants et des services de livraison des épiceries.
Consultez notre dossier sur la COVID-19 : Tout sur la pandémie
Suivez l'évolution de la situation en regardant le signal débrouillé de la chaîne d'information RDI
Suivez le nombre de cas en temps réel au Canada et dans le monde
Pour ce qui est de la construction et du secteur manufacturier, les activités seront relancées le 11 mai partout au Québec.
En conférence de presse, François Legault avait laissé entendre que seule la construction en génie civil pourrait reprendre, mais Québec a confirmé plus tard par communiqué que les chantiers de transport collectif et routiers, le résidentiel, l’institutionnel, le commercial ainsi que l’industriel
pourront être rouverts dans deux semaines.
La CNESST
déploiera 300 inspecteurs sur ces chantiers pour faire respecter les consignes sanitaires.L'industrie manufacturière sera pour sa part limitée en ce qui a trait au nombre d'employés pouvant travailler dans une même usine sur un même quart de travail. Du 11 au 25 mai, le maximum sera fixé à 50 travailleurs, plus 50 % de la main-d'œuvre excédentaire. Cette restriction sera levée par la suite, à moins d'avis contraire de la santé publique.
Une fois relancés, ces trois secteurs clés de l'économie s'ajouteront aux services et aux activités jugés prioritaires qui n'ont jamais cessé malgré le confinement ordonné par Québec à la fin du mois de mars. Depuis, les garages, les mines, les entreprises de paysagement et certains chantiers de construction résidentielle se sont ajoutés à la liste.
En procédant ainsi, le ministre Fitzgibbon espère remettre au travail un total global de 470 000 personnes. Le Québec, dit-il, compte actuellement 1,2 million de chômeurs.
De son côté, le premier ministre a eu de bons mots pour les entrepreneurs, dont il a salué le courage lors de ses remerciements du jour, car ce sont des gens créatifs, qui prennent des risques, qui sont devant la parade
. Je sais aussi que ce n'est pas demain matin que vous retrouverez tous vos clients
, a-t-il ajouté, compatissant.
Tant M. Legault que M. Fitzgibbon ont soutenu lors de la conférence de presse que les entreprises du Québec ne pouvaient pas rester fermées pour toujours. Graphique à l'appui, le premier ministre a répété que la situation, en dehors des lieux d'hébergement pour personnes âgées, était très stable
, avec une dizaine de décès par jour depuis deux semaines.
Lors de la période des questions, le Dr Arruda a admis pour sa part qu'il s'attendait à ce que le déconfinement graduel de l'économie, des écoles et des garderies entraîne une augmentation du nombre de cas d'infection, et qu'il n'hésitera pas à faire marche arrière s'il le faut.
Pour diminuer les risques inutiles, le télétravail devrait d'ailleurs être maintenu dans toutes les entreprises où il est possible de le faire, a soutenu le ministre Fitzgibbon.
Maintenant ou jamais
Pressés de reprendre leurs activités pour éponger leurs pertes, les PME
, les fabricants et les commerçants du Québec ont été prompts à applaudir au calendrier de relance du gouvernement Legault, mardi.La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) s'est dite satisfaite de constater que le plan s'inscrit dans un continuum d'équilibre entre la protection de la santé publique et celle de la santé économique – surtout pour assurer la survie des petites entreprises
. Le tiers des PME québécoises, rappelle-t-elle, sont actuellement fermées.
La meilleure façon pour le gouvernement d’aider les entreprises, c’était de leur permettre de rouvrir.
Le calendrier de relance a également été accueilli positivement
par les Manufacturiers et exportateurs du Québec. Mais dans leur communiqué, ceux-ci laissent entendre qu'il serait mal venu que la santé publique change d'avis pour annuler la reprise complète des activités, prévue le 25 mai. On ne peut pas se permettre de faire du stop-and-go
, écrivent-ils.
Le Regroupement des SDCla mise en place des mesures sanitaires propre à la distanciation physique va rester un enjeu important
pour ses 20 000 membres au cours des prochaines semaines.
Même son de cloche à l'APCHQtout le sérieux des entrepreneurs dans la prise en charge des mesures préventives recommandées pour éviter la propagation de la COVID-19
.
La FTQdevra se faire en toute sécurité pour les travailleurs et travailleuses
. Cela veut aussi dire qu'il ne peut y avoir de compromis, que les équipements de protection doivent être disponibles et que les travailleurs et travailleuses puissent se laver les mains le plus souvent possible
, écrit la centrale syndicale.
La presque totalité des victimes âgées de 60 ans et plus
L'annonce de mardi survient alors que le bilan québécois de la pandémie a grimpé à 1682 morts des suites de la COVID-19, soit 83 de plus que lundi. Martelant de nouveau l'importance de respecter la distanciation de deux mètres, le premier ministre Legault a rappelé que 97 % des gens décédés de la maladie au Québec avaient, comme lui, 60 ans ou plus.
On compte maintenant 25 757 personnes contaminées au Québec, soit 775 de plus que lundi. Avec près de 6000 cas confirmés (5879), le réseau des CHSLD
et des résidences privées pour personnes âgées compte près du quart de toutes les infections recensées.Quelque 1625 Québécois sont hospitalisés, dont 217 aux soins intensifs.
Le bilan présenté mardi faisait également état de 204 472 tests effectués, de 5841 personnes rétablies et de 2789 autres en attente de leurs résultats.
Enfin, le ministère de la Santé et des Services sociaux confirme avoir franchi le cap des 10 000 employés absents dans le réseau. Quelque 3896 travailleurs de la santé auraient été infectés. Les autres seraient plutôt réticents à se présenter au travail de peur de l'être à leur tour.