Stronger Together, Tous ensemble : beaucoup de vedettes, peu d'émotions

Le rappeur Drake, lors du spectacle « Stronger Together, Tous ensemble »
Photo : Insight Productions
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
BILLET – Stronger Together, Tous ensemble, un spectacle télévisuel de 90 minutes, a rassemblé de grandes vedettes canadiennes tout en servant de campagne de financement au profit des banques alimentaires du pays. Malgré quelques témoignages touchants, les prestations de ce spectacle manquaient d'une bonne dose d'émotion et d’inventivité.
Je suis très partagé sur le spectacle Stronger Together, Tous ensemble.
Cela dit, il est très difficile de formuler et de partager une opinion quand, en ce moment, tout le monde fait du mieux qu’il peut. Sans oublier la bonne cause à l'origine de la diffusion d'une telle émission.
Notre show à nous avait pourtant quelque chose de plus « communial » et rassembleur que One World: Together at Home, celui produit chez voisins américains. D'autant plus qu’en ce moment, au Canada, nous sommes doublement frappés : nous vivons avec la pandémie, mais aussi avec cette tuerie tragique survenue récemment en Nouvelle-Écosse. Pensez-y : nous sommes en plein confinement et 22 personnes ont été tuées. Cette histoire, elle est d’une infinie tristesse.
Je me serais donc attendu à un peu plus d’émotions. J’ai trouvé l’ensemble de l’émission spéciale relativement ennuyante et peu surprenante.
Créer plus de ponts
Pour Stronger Together, Tous ensemble, aurions-nous pu imaginer des collaborations inusitées pour construire des ponts entre nos deux solitudes et, du même coup, surprendre et toucher?
Un duo Pierre Lapointe et Rufus Wainwright? Ou encore, une Guylaine Tanguay avec Shania Twain? Une Marie-Mai avec Carly Rae Jepsen? Un Drake avec un Loud? Une Sarah McLachlan en prestation avec Alexandra Stréliski?
Ces artistes partagent des univers musicaux similaires. Pourquoi ne pas les exploiter à leur plein potentiel? Peut-être une formule à explorer pour la fête du Canada, qui sera aussi présentée virtuellement cette année.
Aurions-nous pu inspirer davantage le public canadien?
Life Is a Highway, de Tom Cochrane, n'était pas de circonstance. Elle a été jouée pour divertir, pour faire oublier, me direz-vous. Je réponds : « Bof ». Et Sarah McLachlan? Elle n'avait rien de plus fort dans sa manche qu'une reprise de Blackbird? C'était très beau, mais on s'attend à plus de celle qui nous a donné l'émouvante chanson Angel. Elle a relayé il y a quelques jours une nouvelle composition sur sa page Facebook qui, selon moi, se serait mieux prêtée à cette diffusion qu'une chanson du répertoire des Beatles.
Discours peu sentis?
J'ai eu l’impression d’assister à un enchaînement de discours pas très sentis et redondants, dont celui de Céline Dion, qui regardait davantage ses notes plutôt que de parler avec son cœur. Elle sait pourtant si bien le faire, en temps normal.
Et Drake, lui? Je trouve que c'était un choix étrange de lui donner le dernier mot, après celui du premier ministre Justin Trudeau.
Le mot d'ordre aurait du être : « Toucher à tout prix », notamment puisqu'il s'agissait d'une campagne de financement. Pour que les gens sortent leur portefeuille, il faut une certaine transcendance.
Des moments touchants à souligner
Malgré tout, il y a eu lors de Stronger Together, Tous ensemble quelques beaux moments : le témoignage de cette infirmière, qui est confinée à l'écart de sa famille et s’est vu offrir une roulotte, était un moment poignant en début d'émission.
Que dire de la performance de Jann Arden, accompagnée à la guitare, sur Sleepless? Nous étions transportés. Il y avait aussi la voix unique de Dallas Green. L'interprétation chorale de Lean On Me, de Bill Withers, décédé il y a quelques semaines, était aussi un beau moment. Le slam de Buffy Sainte-Marie était très intéressant. Cette artiste demeure toujours engagée et passionnée dans ce qu'elle dit. La présence de Rick Mercer était un bon choix pour ouvrir et boucler la soirée. Nous n’avons pas la culture du late night show, surtout au Canada anglais. Rick Mercer est selon moi celui qui s’en rapproche le plus.
Le français était aussi bien représenté grâce à une prestation acoustique de Marie-Mai, et la soprano Measha Brueggergosman nous a offert You'll Never Walk Alone dans les deux langues officielles. Malgré un répertoire largement anglais, Charlotte Cardin a choisi d'interpréter Faufile, une chanson en français.
Un rare rassemblement
Malgré tout cela, pour une rare fois au Canada, les grandes vedettes, comme Michael Bublé, Céline Dion, Justin Bieber, Drake, Shania Twain et même l'acteur Ryan Reynolds, étaient toutes réunies. Il est rare de voir ces grandes vedettes dans les galas, comme celui des Junos, même lorsqu'elles reçoivent plusieurs nominations.
Les producteurs ont aussi fait une belle place à nos athlètes. Cet aspect était absent du spectacle produit aux États-Unis, et certaines personnes s'en sont d'ailleurs plaintes.
Au Canada, on ne minimise pas l’importance du sport et c'est bien. Parfois, il faudrait peut-être juste voir plus grand pour les arts.