La France et les Pays-Bas au secours d'Air France-KLM

Les avions d'Air France sont cloués au sol depuis le début de la pandémie de COVID-19.
Photo : Getty Images / Thomas Samson
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les États français et néerlandais ont promis une aide massive pour sauver le groupe Air France-KLM des conséquences désastreuses de la pandémie de coronavirus, grâce à une dizaine de milliards d'euros de prêts directs ou bancaires.
Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire a annoncé une enveloppe totale de 7 milliards d'euros (10,6 milliards de dollars canadiens) destinée à la compagnie aérienne, lors d'une entrevue à la chaîne TF1.
Pour Air France, ces prêts se décomposeront en 4 milliards d'euros (6,1 milliards de dollars) de prêts bancaires garantis à 90 % par l'État et 3 milliards d'euros (4,5 milliards de dollars) de prêts directs de l'État, a précisé M. Le Maire. Il faut sauver notre compagnie nationale
, a-t-il ajouté, en qualifiant ce plan d'historique
.
Il a en revanche souligné que la nationalisation de la compagnie n'était pas à l'ordre du jour
, alors que l'option a été évoquée.
Une heure plus tard, le ministre des Finances néerlandais, Wopke Hoekstra, a promis de 2 à 4 milliards d'euros (de 3 à 6 milliards de dollars canadiens) d'aide publique pour KLM, lors d'une conférence de presse à La Haye.
Les États français et néerlandais possèdent chacun environ 14 % du groupe.
Nous sommes en train de préciser les détails
de ce soutien, a-t-il ajouté.

Le ministre néerlandais des Finances Wopke Hoekstra (gauche) et la ministre néerlandaise des Infrastructures Cora van Nieuwenhuizen (droite)
Photo : Getty Images / Phil Nijhuis
Au bout du compte, le groupe aérien franco-néerlandais pourra donc compter sur une enveloppe totale de 9 à 11 milliards d'euros pour traverser la crise historique que connaît le secteur aérien, mis à l'arrêt par les multiples restrictions de déplacements imposées par les autorités du monde entier afin de freiner la pandémie de COVID-19.
Les deux ministres ont publié peu après un communiqué commun dans lequel ils assurent partager la même priorité pour Air France-KLM
, soit de faire tendre tous les efforts pour répondre à ce choc sans précédent
.
Au moment où la quasi-totalité de ses avions sont cloués au sol, Air France-KLM affronte en effet une situation critique. Les mesures annoncées vendredi visent à sauver les 350 000 emplois directs et indirects qui vont avec
, a signalé M. Le Maire.
Des « conditions écologiques »
Ce soutien n'est pas un chèque en blanc
, a-t-il toutefois souligné. Nous avons fixé des conditions à Air France. Des conditions de rentabilité, car c'est l'argent des Français - donc il faut qu'Air France fasse un effort pour être plus rentable -, et des conditions écologiques. Air France doit devenir la compagnie aérienne la plus respectueuse de l'environnement de la planète. C'est la condition à laquelle je suis le plus attaché
, a-t-il affirmé.
La compagnie aérienne a salué cette bouffée d'oxygène. Lors d'une visioconférence au Sénat français mercredi, le directeur général d'Air France-KLM, Ben Smith, avait jugé ce soutien public indispensable
.
La direction du groupe avait alors souligné qu'Air France exploitait actuellement moins de 5 % de ses vols habituels, et KLM, moins de 10 %.
Le désarroi est général dans le secteur, particulièrement frappé par les répercussions de la pandémie de COVID-19. Au début d'avril, l'effondrement du trafic mondial atteignait 80 % par rapport à 2019, lorsque le secteur naviguait sur des prévisions confortables d'un doublement du nombre de passagers dans 20 ans, selon un rythme de croissance de 3 % à 4 % par an.
Vendredi soir, Air France-KLM a souligné que ce mécanisme de soutien, qui reste subordonné à son approbation par la Commission européenne, permettra au Groupe Air France-KLM de garantir à Air France les moyens de faire face à ses obligations en poursuivant sa transformation pour s'adapter dans un secteur que la crise globale va largement bouleverser
.
Air France-KLM a également dit envisager une opération de renforcement de ses fonds propres
qui pourrait intervenir au plus tard à l'issue de l'assemblée d'approbation des comptes de l'exercice 2020
.
Dans ce cadre, l'État français a indiqué son intention d'examiner les conditions de sa participation à une telle opération
, ajoute le communiqué de la compagnie aérienne franco-néerlandaise.
Guillaume Schmid, du SNPL, premier syndicat français de pilotes de la compagnie, a de son côté prudemment pris acte d'une aide qui était indispensable à la survie de l'entreprise
.
Il a salué la contrepartie environnementale demandée par l'État, mais s'attend à ce que la restructuration de l'entreprise porte sur le réseau court-courrier d'Air France, déficitaire.
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