Du théâtre au creux de l’oreille pour briser l’isolement

Le service est offert gratuitement à tous les Québécois et Québécoises, et les gens sont invités à le réserver pour eux comme pour les personnes aînées dans les centres d'hébergement.
Photo : Getty Images / EoNaYa
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les arts vivants n’ont pas dit leur dernier mot. La pandémie a peut-être eu raison du théâtre pour le moment, mais elle n’est pas venue à bout de la rencontre entre deux êtres. C’est pourquoi plus d'une centaine d’artistes du Québec ont déjà répondu à l’appel : ils et elles vont décrocher le combiné et appeler des personnes confinées pour leur lire des textes en direct, quoiqu’à distance.
Cette initiative, nommée Au creux de l’oreille, vise à « briser agréablement l’isolement » en temps de pandémie.
Contrairement à nous, les mots ne sont pas confinés; la parole voyage librement et se glisse au creux de l’oreille
, a fait valoir l’équipe organisatrice par voie de communiqué.
Le public de partout au Québec est invité à s'inscrire sur le site Internet du Théâtre Périscope pour recevoir l'appel d'un ou d’une artiste, qui lui fera la lecture d'un extrait d'essai, de nouvelle, de poème, de chanson ou de pièce de théâtre. Les artistes invitent d’ailleurs les personnes à réserver le service pour elles-mêmes, ou encore pour les êtres chers qui se trouvent en résidence pour personnes aînées.
L’appel durera 15 minutes. Les lectures seront offertes gratuitement du mardi au samedi, entre 16 h et 20 h, dès mercredi soir, et ce, jusqu’au 3 mai, date qui devrait marquer la fin du confinement. L’initiative pourrait être prolongée, si la période de confinement l'est aussi.

La comédienne Linda Laplante est l'une des instigatrices d'«Au creux de l'oreille» au Québec.
Photo : fournie par «Au creux de l'oreille»
Cette initiative a vu le jour en France en collaboration avec l’auteur, metteur en scène et comédien Wajdi Mouawad. Les comédiennes Linda Laplante et Marie-Josée Bastien, qui y participaient à Paris, ont décidé d’importer l’idée au Québec. Dans la province, l'initiative est chapeautée par le Théâtre Périscope.
Un bien immense
C’est un moyen formidable d’aller rejoindre les gens, de leur parler. Ça fait un bien immense à eux et à nous
, s’est enthousiasmée la comédienne Marie-Josée Bastien, en entrevue avec Catherine Richer, chroniqueuse culturelle du 15-18.
Ayant une condition médicale la rendant plus vulnérable à la COVID-19, Marie-Josée Bastien est elle-même isolée chez elle et témoigne du plaisir qu’elle a à communier avec des personnes par le bien des textes.
Chaque jour, c’est mon refuge d’aller lire une ou deux fois des extraits de 15 minutes à des gens que je ne connais pas, mais qui pourraient devenir mes amis, parce que je garde contact avec eux régulièrement
, a-t-elle ajouté.
Les artistes Marie-Hélène Gendreau, Catherine Hughes et Nicolas Gendron participent également à l’organisation de la branche québécoise. L’équipe avait recruté une cinquantaine de comédiens et comédiennes bénévoles au moment d’annoncer le projet mercredi matin, et depuis, une centaine d’autres ont manifesté leur désir de s'impliquer.