COVID-19 : une baisse des revenus de 1,3 à 3,3 milliards envisagée en Saskatchewan

La ministre des Finances de la Saskatchewan, Donna Harpauer, était aux côtés du premier ministre, Scott Moe, vendredi, pour dévoiler des scénarios sur les effets économiques potentiels de la COVID-19.
Photo : La Presse canadienne / Michael Bell
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
En raison de l’instabilité financière provoquée par la COVID-19, la ministre des Finances de la Saskatchewan, Donna Harpauer, prévoit que la province pourrait devoir composer avec une baisse de ses revenus allant de 1,3 à 3,3 milliards de dollars l’année prochaine.
Ces estimations préliminaires dépendent toutefois du moment où les restrictions économiques seront levées par le gouvernement et sont le résultat de trois scénarios différents, précise la ministre des Finances de la Saskatchewan, Donna Harpauer.
Chaque scénario est basé sur des hypothèses à propos d’un certain nombre de facteurs économiques comme le moment où le prix des ressources repassera à un niveau plus stable ou encore le comportement anticipé des consommateurs une fois que la province allégera les consignes de distanciation sociale.
Nous ne savons pas combien de temps les restrictions resteront en vigueur en Saskatchewan, au Canada et ailleurs dans le monde. C’est pourquoi il est extrêmement difficile de prévoir avec certitude les effets économiques de la COVID-19. Nous croyons toutefois qu’il est important de dévoiler ces scénarios pour faire comprendre aux Saskatchewanais à quel point la pandémie a des répercussions sur notre économie et nos revenus
, a indiqué vendredi la ministre des Finances lors du point de presse quotidien de la province.
Cependant, toutes ses projections ont un point en commun : le produit intérieur brut (PIB) réel de la province variera de façon négative en 2020. Dans le scénario le plus optimiste, ce dernier diminuerait de 4,1 %, alors que dans le scénario le plus pessimiste, il pourrait chuter de 14,9 %, estime le gouvernement.
Le déficit prévu [dans les scénarios] n’est pas un déficit structurel, mais bien un déficit pandémique. Nous nous en sortirons.
Malgré la situation économique délicate prévue par la province, Scott Moe et Donna Harpauer assurent que la province pourrait augmenter le montant des dépenses prévues pour la prochaine année et bonifier les différents programmes d’aide financière qu’elle a récemment annoncés pour aider les entreprises et les travailleurs à se remettre de la pandémie.
En réalisant que la pandémie de COVID-19 entraînerait avec elle une certaine instabilité sur le plan des finances, Donna Harpauer avait présenté un document budgétaire réduit le 18 mars dernier, qui faisait seulement état des dépenses de la province au cours de la prochaine année.
À l’époque, le gouvernement avait tenté de rassurer la population en indiquant que la province se trouvait dans une position financière solide
pour affronter la turbulence économique qui se profilait.
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Les emplois et les revenus
Le chef du Nouveau Parti démocratique de la Saskatchewan, Ryan Meili, considère de son côté que les pertes de revenus envisagées par la province sont inquiétantes, mais il note que la perte de plusieurs dizaines de milliers d’emplois est ce qui affecte le plus les familles et les travailleurs.
Avec un déficit de 1,3 à 3,3 milliards de dollars, on parle de 12 000 à 27 000 emplois qui seront perdus. C’est considérable comme répercussions sur l’économie
, craint-il.
Les Saskatchewanais qui vont regarder ces projections économiques se diront probablement : est-ce que sera mon emploi [qui sera supprimé]? Est-ce que ce sera ma famille qui subira des pertes de revenus? On parle de pertes de revenus pour la province, mais ce sont celles des familles qui auront le plus de poids
, poursuit le chef néo-démocrate.
Ryan Meili ajoute au passage qu’il espère que les données présentées par la province se traduisent au cours des prochains mois par une situation moins inquiétante et qu’il est important de prendre les bonnes décisions pour s’assurer d’éviter que la pandémie n’affecte davantage l’économie saskatchewanaise.

Le chef du Nouveau Parti démocratique de la Saskatchewan, Ryan Meili
Photo : Radio-Canada
Les projections auraient pu être encore plus inquiétantes
La ministre des Finances ne s’en cache pas : les scénarios présentés auraient pu être plus inquiétants si la province n’avait pas géré convenablement les revenus et les dépenses durant les dernières années.
Depuis quelques jours, des experts ont d’ailleurs déclaré que la Saskatchewan avait bien géré ses finances publiques et qu'elle pourrait potentiellement limiter les dégâts causés par la crise.
En publiant l’avis de crédit de la Saskatchewan mardi, la firme de notation américaine Moody’s Investor Service a maintenu cette dernière à une cote AAA, ce qui signifiait que la province était dans une position financière favorable pour faire face aux défis provoqués par la pandémie.
Cette cote de crédit est basée sur plusieurs critères, dont les liquidités, les réserves et la planification des finances dans l’avenir.
Pour sa part, la firme ontarienne DBRS Morningstar affirmait dans son rapport du mois de mars que la Saskatchewan était mieux placée que l’Alberta et Terre-Neuve-et-Labrador pour faire face à l’incertitude économique qui découle de la pandémie. L’agence avait d’ailleurs profité de la publication du document pour revoir à la baisse la cote de crédit de l’Alberta.
Le budget de la Saskatchewan était équilibré avant le choc économique, son industrie pétrolière et gazière est relativement moins importante pour son économie et les redevances représentent une part plus petite de ses revenus [comparativement à l’Alberta]
, peut-on lire dans le rapport.
De plus, Moody’s Investor Service soulignait que, comme les revenus en provenance des ressources non renouvelables en Saskatchewan représentaient 12 % des recettes du gouvernement l'an dernier, la chute des prix du pétrole en mars aurait un effet important sur les finances de la province.
Les répercussions de la pandémie pouvaient aussi se faire sentir sur le PIB, prévenait DBRS Morningstar. La firme considérait que le déficit de la Saskatchewan pourrait dépasser 1,5 % du PIB, ce qui représentait un déficit approximatif de 1,2 milliard de dollars.
Par ailleurs, le Conference Board du Canada prévoyait une diminution de 5 % du PIB dans la province en 2020. Cette baisse anticipée était notamment attribuable à la fermeture des écoles et aux restrictions à propos des rassemblements qui vont nuire à la croissance économique à court terme
.
Avec les informations d’Adam Hunter