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CHSLD Sainte-Dorothée : le syndicat dénonce une mauvaise protection des employés

Une femme masquée se prépare à entrer du matériel dans la résidence.

Le reportage de Sébastien Desrosiers.

Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz

Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Le CHSLD Sainte-Dorothée, à Laval, a mal protégé ses employés contre les risques de contamination par la COVID-19, affirme le syndicat. Celui-ci dénonce aussi le fait qu'une infirmière a entre autres dû venir travailler, plus tôt cette semaine, alors qu'elle présentait des symptômes de la maladie et qu'elle attendait les résultats de son test de dépistage.

Particulièrement touché par la pandémie, l'établissement lavallois a recensé 55 décès en un seul mois, dont 32 sont imputables au coronavirus.

Selon Jean-François Houle, premier vice-président aux griefs du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CISSS de Laval, qui est affilié à la Centrale des syndicats nationaux (CSN), il y a donc toujours d'importants problèmes de gestion et des enjeux liés à la protection des travailleurs et des résidents de l'endroit.

Lundi, déjà, la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) déposait un rapport indiquant notamment que, quelques jours auparavant, une plainte avait été déposée concernant des directives allant à l'encontre des normes pour éviter que le personnel soit possiblement contaminé par le coronavirus.

Le document mentionne ainsi que les masques portés par des employés lors de certaines interventions auprès de patients malades de la COVID-19 n'étaient pas des masques respiratoires N95, comme recommandé, mais plutôt des masques de procédure, potentiellement moins efficaces.

La CNESST fait aussi état de « situations dangereuses », soit des cas d'intimidation subie par certains travailleurs oeuvrant dans les sections contaminées du CHSLD, lorsque ceux-ci ont manifesté leur intention de se prévaloir du droit que leur accorde la loi [...], à savoir le droit de refus de travailler en raison des risques existants.

Pas plus tard que le 15 avril, on a une infirmière [...] qui était en dépistage, qui présentait certains symptômes, qui dit "moi, je ne rentre pas travailler parce que j'ai des symptômes", qui a été intimidée, on lui a dit "si tu ne rentres pas travailler le 15 avril, on te met une absence non autorisée", a de son côté souligné M. Houle, en entrevue sur les ondes de RDI.

Alerté de cette situation, le syndicat est intervenu le même jour pour faire savoir que l'employée demeurerait chez elle jusqu'à ce qu'elle reçoive les résultats de son test, a poursuivi M. Houle.

Le soir même, la gestionnaire [de l'unité de travail] a rappelé l'employée pour la menacer de lui imposer des mesures disciplinaires plus sévères; donc, madame est rentrée travailler le 16 avril.

C'est à la fin de ce quart de travail que l'infirmière a appris qu'elle était contaminée.

Cette obligation, pour certains travailleurs, de continuer à se présenter au CHSLD malgré des symptômes compatibles avec la COVID-19 était déjà dénoncée dans le rapport de la CNESST, qui mentionne aussi le non-respect, dans certains cas, des normes de distanciation sociale.

Où sont les masques?

Le même rapport de la Commission n'a d'ailleurs pas eu tous les effets escomptés, a indiqué M. Houle.

Les employés ont tout l'équipement qu'il faut, à l'exception des masques N95. [...] Cela fait des semaines qu'on demande à l'employeur de les fournir en CHSLD. L'employeur ne les fournit pas, il fournit seulement des masques de procédure.

Le responsable syndical ne s'explique d'ailleurs pas pourquoi les policiers et des membres du personnel hospitalier ont droit à leurs masques N95, mais pas les employés en CHSLD, qui travaillent avec des patients malades de la COVID-19.

Les travailleurs sont protégés, dit la direction

Julie Lamarche, directrice des ressources humaines, des communications et des affaires juridiques du CISSS de Laval, affirme de son côté, de passage à l'émission Tout un matin, sur les ondes d'ICI Première, que la décision de dépister d'abord tous les résidents du CHSLD Sainte-Dorothée, puis l'ensemble du personnel, a été prise dès le 3 avril.

Tous nos employés qui ne démontraient aucun symptôme devaient entrer au travail, mais avec le port du masque en tout temps, a-t-elle précisé.

Je ne peux vous confirmer [qu'une employée] a travaillé en démontrant des symptômes, a-t-elle ajouté, en parlant des allégations de M. Houle, du syndicat.

Toujours au dire de Mme Lamarche, les employés doivent indiquer, en arrivant au travail, s'ils présentent de tels symptômes. On a retourné plus d'une dizaine d'employés à la maison, parce qu'ils nous disaient qu'ils pouvaient avoir soit de la toux, soit de la fièvre, soit un mal de gorge. [...] Donc madame a dû se faire poser les mêmes questions que l'ensemble des employés, puis si on lui a demandé de travailler, c'est qu'elle n'avait pas de symptômes.

Les employés en attente du test de dépistage qui ne présentent aucun symptôme peuvent travailler, mais avec le port du masque, en tout temps, a-t-elle ajouté.

Intervention réclamée

Dans un communiqué publié en début d'après-midi, vendredi, la Fédération de la santé du Québec réclame que la CNESST intervienne « immédiatement » dans les établissements « les plus touchés » par le coronavirus pour assurer la protection du personnel de santé.

« En plus du CHSLD Sainte-Dorothée, les syndicats réclament à la CNESST de dépêcher en urgence des inspecteurs, minimalement aux CHSLD Fernand-Larocque et de la Pinière, qui sont parmi les plus affectés par la crise, afin de garantir au personnel de la santé que les mesures en place sont adéquates pour assurer leur protection », peut-on également lire dans le communiqué.

À l'établissement Sainte-Dorothée, justement, le CISSS de Laval a confirmé que des renforts de 106 infirmières et préposés avaient été dépêchés sur place jusqu'à présent.

Cependant, le nombre de travailleurs absents s'élève à 117.

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