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Les CPE se préparent pour une réouverture progressive

Ratios enfants/éducatrice en baisse, nettoyage des jouets, parents à l’extérieur : les services de garde ont un plan pour reprendre leurs activités, a appris Radio-Canada.

De jeunes enfants jouent avec des blocs de construction.

Le reportage de Yasmine Khayat

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

« Pour l’instant, ça fonctionne assez bien », explique Aline Dion, la directrice du CPE Les Ateliers, au coeur du Plateau-Mont-Royal.

Dans cette installation qui peut recevoir jusqu’à 80 jeunes enfants, environ 13 d’entre eux sont répartis dans quatre groupes. Ce sont des enfants de médecins, d'urgentologues ou d’infirmiers, indique-t-elle, en faisant référence à cette liste restreinte d’emplois donnant droit à des services de garde d’urgence.

Depuis un mois, à l'instar de ce CPE montréalais, plus de 2000 services de garde ont ainsi rouvert leurs portes et ont adapté leurs locaux et procédures afin de pouvoir accueillir les enfants des travailleurs de la santé.

Prochainement, même si aucune date n’est encore fixée, ces milieux éducatifs pourraient élargir leur capacité d’accueil, admet le gouvernement du Québec.

« L’élargissement progressif de l’accès aux services de garde est présentement analysé. »

— Une citation de  Bryan Saint-Louis, porte-parole du ministère de la Famille

Par contre, on ne peut dire pour le moment quand cela sera effectif. Le tout dépend entre autres des directives de la santé publique. Il faut être certain que la santé et la sécurité des enfants, autant que des membres du personnel en milieu de garde, seront privilégiées, poursuit-il.

En attendant le feu vert des autorités sanitaires, les CPE, déjà, se préparent.

Dès qu’on nous aura partagé une vision du décloisonnement, on sera prêts, affirme de son côté la directrice de l’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE), Geneviève Bélisle.

« On a réfléchi à un plan de réouverture. En un mois, on a déjà eu l’occasion de mettre en place des façons de faire qu’on pourra reproduire. »

— Une citation de  Geneviève Bélisle, directrice de l'AQCPE

Plus de 300 000 enfants concernés

Actuellement, près de 305 000 enfants fréquentent un service de garde, indique l’AQCPE, que ce soit dans un CPE, un milieu familial, une garderie privée subventionnée ou non subventionnée. On en retrouve environ 70 000 dans cette dernière catégorie.

Petits groupes et jouets constamment nettoyés

Ces idées, dans leur ensemble, sont déjà testées en ce moment par les services de garde d’urgence et peuvent être redéployées à plus grande échelle, résume Geneviève Bélisle, qui indique être en communication constante avec le ministère de la Famille à ce sujet.

Concrètement, les services de garde ne fonctionneraient, dans un premier temps, qu'à 30 % de leur capacité totale. Ce pourcentage pourrait grimper à 40 % puis 50 %, avec des intervalles d’au moins deux semaines.

« L’objectif, c’est de maintenir des ratios très bas. Par exemple, dans un groupe habituellement de huit enfants, il n’y en aurait que quatre maximum. »

— Une citation de  Geneviève Bélisle, directrice de l'AQCPE

Ces groupes seraient ainsi répartis dans l’ensemble des locaux disponibles et ne seraient pas appelés à se croiser. Aucun rassemblement massif, comme lors de l’arrivée ou du départ des enfants, ne sera autorisé, ni de repas autour de grandes tablées.

Les jouets seront triés et sélectionnés avec parcimonie. Après leur utilisation par un groupe, ils seront désinfectés. À l’extérieur, ce sera la même chose. On réservera des pelles, des tricycles pour un groupe, puis on les retirera et on les nettoiera. Un groupe en prendra des nouveaux, reprend-elle.

Ces mesures rejoignent d’ailleurs, globalement, celles annoncées par la santé publique danoise, qui vient d’autoriser la réouverture des écoles.

Une petite fille avec un sac à dos vue de dos alors qu'elle entre dans la cafétéria d'une école.

Le nombre d'enfants par groupe sera revu de moitié, afin de respecter les mesures sanitaires en vigueur.

Photo : Getty Images / SDI Productions

Parents à l’extérieur pour récupérer leurs enfants

Qu’en est-il des parents? Des heures précises pour aller chercher les enfants pourraient être prévues afin d'éviter un attroupement d'adultes au même moment.

Ils attendraient à l’extérieur ou à l’entrée et seraient invités à se laver les mains avec un gel prévu à cet effet.

C’est ce qu’on fait en ce moment, mais ce ne sera pas facile pour tout le monde, confie Aline Dion, du CPE Les Ateliers.

« On a une aide-éducatrice pour nous aider, on va chercher l’enfant, on l’habille, puis on se lave les mains entre chaque enfant. Mais tout dépend du personnel qu’on a. »

— Une citation de  Aline Dion, directrice d'un CPE à Montréal

Un registre « confidentiel », répertoriant l’historique sanitaire des enfants et des familles, pourrait aussi voir le jour. Les services de garde compteraient sur « la bonne foi » des parents pour les informer s’ils ont contracté la COVID-19.

Les garderies privées perplexes

Oui, on a des plans avec des petits groupes, c’est sûr qu’on réfléchit, mais c’est très prématuré, avance de son côté Samir Alahmad, qui dirige l’Association des garderies privées du Québec. Tout en partageant les idées de l’AQCPE, il reste prudent sur l'idée d'une « reprise graduelle ». C’est sûr que ça doit être graduel, mais nous, on n’est pas prêts. Il y a de l’inquiétude dans notre réseau. C’est impossible d’avoir une certaine discipline avec des enfants de moins de 4 ans. Si on n’a pas la certitude que le nombre de cas diminue, c’est prématuré, insiste-t-il.

Vers un élargissement d’accès dans un premier temps

Mais quels enfants auront accès, dans les prochaines semaines, à ces installations?

On se dirigerait, dans un premier temps, vers un élargissement progressif du nombre de parents qui pourront utiliser ces services de garde, a appris Radio-Canada.

Concrètement, la liste d’emplois donnant accès à ces CPE pourrait donc s’allonger. On compte actuellement moins d’une trentaine d’emplois qui peuvent bénéficier de ces services de garde. On n’y retrouve pas, par exemple, les travailleurs de la construction et des mines, bien qu’ils aient eu l’autorisation de reprendre leurs activités.

Plusieurs scénarios sont actuellement en analyse pour une reprise normale des activités, spécifie Bryan Saint-Louis, du ministère de la Famille, sans vouloir confirmer ou infirmer ce scénario.

On a actuellement de la place dans nos locaux pour élargir cette liste, assure Geneviève Bélisle. En ce moment, le taux d’occupation varie entre 5 % et 10 %. On a donc des locaux disponibles pour avoir plus de groupes et viser une reprise graduelle. Ensuite, durant la période estivale, il y a habituellement une réduction importante de la fréquentation. Ça nous laissera du temps pour envisager la reprise en septembre, même si on sait qu’il n’y aura pas de retour à la normale.

Inquiétude chez les éducatrices

Convaincre les éducateurs et éducatrices sera également un enjeu. Il y a des éducatrices qui sont très inquiètes. Il y en a qui sont vulnérables, qui ont des maladies chroniques, elles sont à risque, mentionne Louise Labrie, représentante des CPE à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).

Or, ajoute-t-elle, si on ouvre graduellement, on aura besoin de plus de monde.

« On va avoir un grand enjeu de personnel. On était déjà dans un réseau étouffé, avec des travailleuses qui se faisaient refuser des congés, car il n'y a pas assez de monde pour les remplacer. »

— Une citation de  Louise Labrie, représentante des CPE à la FSSS-CSN

C’est normal qu’il y ait de l’inquiétude, reconnaît la directrice de l’AQCPE, Geneviève Bélisle. Ça va prendre du temps, dans les têtes, pour accepter le déconfinement. On pense que si, tranquillement pas vite, on augmente les groupes, les éducatrices vont s’acclimater.

Il faudra vraiment laisser du temps entre chaque étape de réouverture, pour voir les effets, poursuit Louise Labrie, qui ne se montre pas opposée à ces idées. Mais ça va être une organisation très lourde à mettre en place. Désinfecter par exemple des jouets, en ce moment, ça se fait bien. Mais avec 40 enfants, ce ne sera pas la même chose.

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