Un bilan bien plus lourd qu'annoncé à l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal
33 résidents sont morts de la COVID-19 à l'IUGM, a appris Radio-Canada. Pourtant, officiellement, il y a 5 décès.

L'IUGM compte deux pavillons, Côte-des-Neiges et Alfred-Desrochers.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Entre le 25 mars et le 12 avril, 24 résidents sont morts au CHSLD Alfred-Desrochers et 9 autres au CHSLD Côte-des-Neiges, les deux pavillons de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal.
Le CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal affiche un bilan officiel de cinq morts, mais ça fait plus de deux semaines que ce chiffre est dépassé.
Nous avons eu accès à des documents qui prouvent que les résidents meurent les uns après les autres au CHSLD Alfred-Desrochers. Depuis le 25 mars, il n'y a eu que trois journées où personne n'est décédé.
Selon une source médicale, ces décès sont tous dus à la COVID-19, sans compter un autre de cause encore inconnue.
En temps normal, le nombre moyen de décès à ce CHSLD est de moins de trois par mois, selon des données du ministère de la Santé. Il y a donc eu dix fois plus de morts dans une période plus courte.
Le 30 mars, comme cinq décès avaient déjà été constatés au pavillon Alfred-Desrochers, la direction a isolé les résidents qui étaient atteints du coronavirus. Le public n'a jamais été informé des décès survenus par la suite.
La situation au pavillon Alfred-Desrochers avait été jugée « critique » par le gouvernement du Québec dès le 9 avril.
La COVID-19 a affecté 132 personnes jusqu'à maintenant à l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal. Plusieurs membres du personnel sont touchés.
Je ne suis pas surprise
, dit la présidente du comité des résidents du pavillon Alfred-Desrochers, Anne Kettenbeil. Ça reflète la situation à l'intérieur.
« La situation est hors de contrôle. »
Les équipes sont complètement débordées, elles ont de la difficulté à répondre aux questions des familles
, raconte celle qui a perdu sa conjointe, décédée de la COVID-19 dans l'établissement, le 28 mars.
« La population du Québec va se sentir méfiante envers tout ce qui est rapporté dans ces conférences de presse tous les jours. »
On a dénoncé la situation trois semaines avant qu'ils décident d'isoler le bâtiment [le 30 mars], mais c'était trop tard
, ajoute la présidente par intérim du Syndicat des professionnels en soins de santé du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Françoise Ramel.
Il y a de la résignation et de la tristesse chez les employés
, raconte la présidente du syndicat, mais les gens de terrain font un travail incroyable auprès des patients
.
Avec la collaboration de René Saint-Louis, Davide Gentile et Daniel Boily