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Aucune excuse valable pour les 31 morts au CHSLD Herron, dit Legault

Le premier ministre reproche aux propriétaires de la résidence ne pas avoir dit toute la vérité.

M. Legault en conférence de presse.

Le premier ministre François Legault reproche au groupe Kasata d'avoir caché l'ampleur du problème au CHSLD Herron.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Radio-Canada

Le groupe Katasa et les pouvoirs publics continuent de s'accuser mutuellement de négligence dans la mort d'une trentaine de personnes âgées de Dorval au cours des dernières semaines.

Lors de sa conférence de presse quotidienne, lundi, le premier ministre François Legault a reproché aux propriétaires du CHSLD Herron, un établissement privé non conventionné, de ne pas avoir dit toute la vérité lorsqu'ils ont appelé à la rescousse le CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal, à la fin mars.

On savait depuis quelques jours que le CHSLD Herron avait un manque de personnel et qu’il y avait des personnes atteintes et décédées de la COVID-19, a-t-il expliqué. Ce qu’on a appris vendredi soir, c’est qu’il y avait eu 31 décès.

Le CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal soutient que le groupe Katasa lui a refusé toute collaboration dans cette affaire, notamment en lui refusant l'accès aux dossiers des patients et au matériel médical.

La première chose qu’aurait dû dire la direction du CHSLD est la vérité sur les 31 morts. Il y a une différence entre dire qu’il manque de personnel et "j’ai eu 31 morts" en quelques semaines.

Une citation de François Legault, premier ministre du Québec

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Une représentation du coronavirus.

Selon lui, le CHSLD Herron n'a pas d'excuses, considérant qu'il facture à ses résidents entre 3000 $ et 10 000 $ par mois.

Il me semble que le CHSLD aurait dû être capable de payer de bons salaires pour garder son monde, a-t-il tonné.

Il y a beaucoup de cas de COVID-19 qui se sont répandus rapidement, les employés ont commencé à se sauver, à quitter... Mais la première chose qu'aurait dû faire la directrice, c'est dire la vérité, affirme François Legault.

Un « manque de collaboration »

Selon la version des faits des autorités publiques, le CIUSSS est intervenu le 29 mars au CHSLD Herron.

Mais parce que les propriétaires de la résidence n'ont pas collaboré pleinement, ce n'est que 10 jours plus tard, le mercredi 8 avril, qu'il a finalement pu consulter les dossiers des patients, après avoir transmis au groupe Katasa une ordonnance de la Direction régionale de santé publique de Montréal.

C'est en consultant ces dossiers que le CIUSSS aurait compris que 31 résidents du CHSLD étaient morts entre le 13 et le 29 mars inclusivement.

Katasa brise le silence

Les propriétaires de l'établissement nient catégoriquement cette version des faits.

Dans une entrevue accordée à Radio-Canada, l'une des copropriétaires du groupe Katasa, Katherine Chowieri, raconte que la situation a pris une tournure dramatique après l'intervention des autorités publiques, le 29 mars.

Le CIUSSS nous a mis sous tutelle, dit-elle. La raison qu'on a fait appel, c'était un manque de personnel qu'on avait sur le plancher après nos premiers cas de COVID. Et à partir de cette date-là, du 29 mars, on avait un décès et deux cas de COVID seulement.

Mme Chowieri sur Skype.

Katherine Chowieri est la fille de Sam Chowieri, le fondateur du groupe Katasa.

Photo : Radio-Canada

La gestionnaire assure en outre avoir toujours collaboré avec les autorités. Sur une base journalière, on communiquait avec les membres du CIUSS, assure-t-elle. Donc je ne sais pas d'où vient cette allégation qu'on manquait de collaboration.

Ce n'est pas facile pour ma famille et moi de se faire dire qu'on est des assassins, alors qu'on a fait tout ce qu'on pouvait.

Une citation de Katherine Chowieri, copropriétaire du groupe Katasa

Fait à noter, tant les propriétaires que les autorités publiques ont engagé des firmes de gestion de crise pour s'occuper de leurs communications pendant cette période particulièrement trouble. Le groupe Katasa a requis les services de TESLA RP, tandis que le CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal a fait appel à TACT Intelligence-Conseil.

La vérité, mais pas tout de suite

Trois enquêtes dont une menée par la coroner Géhane Kamel, ont été déclenchées pour faire la lumière sur les décès survenus au CHSLD Herron. Les deux autres sont menées par le ministère de la Santé et des Services sociaux et par la section des crimes majeurs du Service de police de la Ville de Montréal.

Deux personnes discutent en face d'une voiture de police.

La police de Montréal était présente aux abords du CHSLD Herron, dimanche.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Cela étant dit, ce n’est pas la première fois que le CHSLD Herron fait l’objet de critiques pour mauvaise gestion et négligence.

Dans une entrevue accordée à Patrice Roy sur ICI RDI, la coroner Julie-Kim Godin est revenue sur les lacunes qu’elle avait soulevées l’an dernier dans un rapport sur cette habitation pour aînés, à la suite du décès d’une femme de 94 ans, qui était atteinte d’Alzheimer et qui souffrait de dysphagie.

La dame décédée avait des problèmes à avaler et s’est retrouvée avec une quantité importante de nourriture dans sa bouche, malgré les directives émises, raconte la coroner. Aucune intervention ou manœuvre de désobstruction n’a pu être démontrée et ce n’est que tardivement qu’Urgences-Santé a été contacté, poursuit-elle.

Il est ressorti qu'il y avait probablement une problématique au niveau de l'expérience et de la formation du personnel qui était présente.

Une citation de Julie-Kim Godin, coroner

Mme Godin affirme qu’elle avait dû impliquer la police dès le début de l’enquête en raison du manque de collaboration de la direction, qui ne la rappelait pas pour les fins de son investigation.

Avec la collaboration de Jacaudrey Charbonneau et Yessica Chavez

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