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CHSLD Herron : une situation « inacceptable », martèle François Legault

François Legault en conférence de presse devant des drapeaux du Québec.

Le reportage de Hugo Lavallée

Photo : The Canadian Press / Jacques Boissinot

Les ministères de la Santé et de la Sécurité publique ont demandé à l'unité des crimes majeurs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) de mener une enquête sur les décès survenus au CHSLD Herron, à Dorval : depuis le 13 mars, 31 personnes y ont perdu la vie, dont au moins cinq des suites de la COVID-19.

Le CHSLD Herron est un des 40 centres d'hébergement privés non conventionnés du Québec. Aujourd'hui même, ces résidences seront visitées pour vérifier ce qui se passe dans ces résidences et connaître leurs ressources, a assuré la ministre de la Santé, Danielle McCann, ajoutant qu'elle aura un rapport à la fin de la journée.

François Legault devait profiter de deux jours de congé ce week-end, et être remplacé par la vice-première ministre Geneviève Guilbault pour la mise à jour quotidienne, mais le scénario a changé vendredi soir, quand il a appris, à 20 h, que 31 résidents du CHSLD Herron – qui compte environ 150 pensionnaires – sont morts en quelques semaines [pas nécessairement tous de la COVID].

En outre, la propriétaire a refusé pendant près de deux semaines de partager les dossiers des résidents avec le personnel du CIUSSS qui avait été envoyé en renfort, alors que la vaste majorité des employés avaient littéralement « déserté » la résidence. Cette même propriétaire possède d'autres résidences, qui seront toutes visitées, soutient la ministre McCann.

Je ne devais pas être présent aujourd'hui, mais je veux venir dire aux Québécois, d'abord, que c'est épouvantable, ce qui est arrivé à la résidence Herron, et qu'on va évidemment s'assurer, non seulement à cette résidence-là, mais dans toutes les résidences, qu'on s'occupe bien de nos aînés.

Une citation de François Legault

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Une représentation du coronavirus.

Le CHSLD Herron appartient au groupe Katasa, une entreprise familiale basée à Gatineau qui a déjà attiré l'attention des autorités par le passé.

L'administration d'une autre résidence pour personnes âgées du Québec – le Manoir Liverpool à Lévis – a aussi été confiée au secteur public, dans ce cas le CISSS de Chaudière-Appalaches, après qu'elle eut été critiquée par des employés qui l'ont qualifiée de « chaotique ».

François Legault souligne qu'il faut tous ensemble tirer des leçons sur la façon insuffisante dont on s'est occupé des aînés au cours des dernières années, et le traitement des gens qui en prennent soin doit aussi être revu.

Il a reconnu que le gouvernement était conscient depuis plusieurs années que les préposés aux bénéficiaires qui travaillent dans les CHSLD privés ne gagnaient que 13 $ l'heure – jusqu'à ce qu'on bonifie leur salaire de 4 $ l'heure à cause de la pandémie –, alors que dans les CHSLD publics, les employés reçoivent 20 $ de l'heure ou plus.

On ne peut pas dire : ça c'est le privé, on ne s'en occupe pas. C'est quand même nos aînés. C'est pour cela que je dis "Je trouve ça inacceptable et il faut changer ça", déclare-t-il.

En plus des salaires, il y a la question de l'espace qui manque pour les aînés. Pour le premier ministre, la rénovation des CHSLD, de même que la construction de maisons des aînés, dont le concept a été dévoilé l'automne dernier et qui prévoit de plus petits centres avec plus d'espace, contrairement aux centres qui comptent plusieurs centaines de résidents, permettront de pallier une partie du problème et d'avoir des zones séparées en situation de crise.

Quand la crise va être sous contrôle, je veux qu'on revoie toutes nos façons de faire dans les résidences pour les personnes âgées, a également souligné le premier ministre

On doit ça à nos aînés, de s'occuper de les soigner avec dignité, puis moi, je veux donner ma parole aux Québécois qu'on va poser les actions nécessaires pour qu'à l'avenir dans nos résidences on s'occupe bien de notre monde.

Une citation de François Legault

Changements réclamés

Ça fait longtemps que la CSN demande au gouvernement de mieux encadrer les conditions d’hébergement des résidences privées. C’est malheureusement dans une crise comme celle que nous traversons que le Québec tout entier découvre que, laissé sans adéquatement de surveillance, le secteur privé tend à sous-payer du personnel en nombre insuffisant, avec des conséquences parfois désastreuses pour les personnes âgées. Nous saluons l’éveil du premier ministre sur cette dure réalité, a mentionné Jacques Létourneau, le président de la CSN, dans un courriel.

Par ailleurs, en entrevue à RDI, le président-directeur général du Conseil pour la protection des malades, Me Paul G. Brunet, a affirmé que les visites ministérielles qui sont effectuées en temps normal dans les CHSLD publics devraient aussi être imposées aux CHSLD privés non conventionnés.

Le Conseil pour la protection des malades réclame par ailleurs une enquête du Bureau du coroner sur tous les décès survenus dans les CHSLD depuis le 1er mars dernier, une enquête qui s'ajouterait aux trois autres déjà en cours sur la résidence Herron (l'enquête administrative, l'enquête de la santé publique et l'enquête criminelle).

Il soutient que le coroner, une entité indépendante, doit faire enquête, comme cela a été le cas à l'époque des canicules. D'après des informations qui ont été partagées avec le Conseil, peu d'informations ont été communiquées aux familles de plusieurs résidents qui sont morts. Beaucoup de résidents sont laissés à eux-mêmes parce que les visites de leur famille ont été interdites, certains sont complètement déshydratés, d'autres pas nourris.

Le coronavirus a maintenant contaminé 12 292 personnes au Québec; 778 malades ont été hospitalisés, dont 211 aux soins intensifs. On compte, pour l'instant, 289 morts des suites de la pandémie et 1563 personnes guéries. Les résultats de 2500 tests ne sont pas encore connus.

Écoles ouvertes seulement avec l'aval de la santé publique

François Legault est également revenu sur ses propos de la veille, qui ont suscité de nombreuses réactions, selon lesquels Québec n’exclut pas de rouvrir les écoles et les garderies avant le 4 mai, puisque les enfants sont beaucoup moins vulnérables face à la COVID-19 et qu’ils participeraient ainsi à l’immunisation communautaire.

Le premier ministre a souligné qu’il ne donnera pas l’autorisation de rouvrir les écoles tout d’abord tant que la santé publique n’aura pas donné son accord, mais aussi tant qu'il ne sera pas convaincu que les enfants seront en sécurité. « La journée qu’on va rouvrir les écoles, c’est parce que j’aurais été prêt à envoyer mes propres enfants », a lancé François Legault.

Plusieurs scénarios sont étudiés, avec des dates différentes, mais rien n’est encore décidé, selon lui.

Le message de François Legault n'a pas convaincu la présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Sonia Ethier.

Celles et ceux qui s’attendaient à être rassurés sont déçus : le gouvernement n’a pas explicitement fermé la porte à une ouverture des écoles dans les prochaines semaines. Alors que les mesures de distanciation sociale ont été prolongées pour plusieurs mois par souci de protéger la population, on comprend que le scénario d’ouverture des écoles est néanmoins toujours sur la table. On demande au gouvernement d’être cohérent et d’appliquer la même rigueur dans la protection de nos écoles que pour la protection de la population. , soutient-elle par voie de communiqué.

Pénurie en vue pour certains médicaments

La situation de l'approvisionnement d'équipement de protection dans le secteur de la santé s'améliore, affirme François Legault, mais ce qui préoccupe la province actuellement, c'est sa réserve de certains médicaments qui baisse. Québec a des pourparlers avec le fédéral, les autres provinces et des fournisseurs pour trouver une vingtaine de médicaments ou des substituts qui pourraient venir à manquer d'ici une semaine environ. La plupart de ces médicaments sont utilisés quand on intube quelqu'un, ils touchent à la sédation comme le propofol, selon la ministre McCann.

Il est normal, d'après Danielle McCann, que les établissements ne gardent pas d'importantes réserves de médicaments. Les commandes sont effectuées au fur et à mesure.

Dimanche, les autorités québécoises de la santé publique doivent faire relâche.

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