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COVID-19 chez les aînés : une « catastrophe humanitaire »

Eveline Gaillardetz est vêtue d'un habit de protection, d'un masque, de gants et de lunettes protectrices dans un local vitré­.

La docteure Eveline Gaillardetz dénonce la situation dans les résidences privées pour personnes âgées.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Radio-Canada

Deux médecins dénoncent les conditions prévalant notamment dans les résidences privées pour personnes âgées. Selon elles, le personnel est à bout de souffle et les médecins traitants découvrent régulièrement des cas de contamination qui n'avaient pas encore été signalés.

Pour la Dre Geneviève Dechêne, médecin au CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal, il est urgent de dépêcher des équipes de médecins dans les résidences pour personnes âgées privées, par exemple, ainsi que dans les ressources intermédiaires.

Je fais partie d'une équipe de médecins à domicile, et je suis très anxieuse, affirme-t-elle.

Ce qui se passe, selon moi, est une catastrophe humanitaire. Je parle des grands malades qui ne sont pas en CHSLD; ceux qui résident à la maison, en ressource intermédiaire, en résidence privée... c'est une catastrophe.

Une citation de Dre Geneviève Dechêne

Selon elle, le personnel manque à différents endroits, notamment dans les résidences privées. Avec comme résultat qu'à toutes les visites de médecins membres de son équipe, de nouveaux cas de contamination par le coronavirus sont découverts. Je n'ose pas imaginer les résidences où il n'y a pas de médecin qui se rend, a-t-elle indiqué.

La Dre Dechêne en entrevue.

La Dre Dechêne affirme que la situation dans les résidences pour personnes âgées est très inquiétante, surtout du côté du privé.

Photo : Radio-Canada

COVID-19 : tout sur la pandémie

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Une représentation du coronavirus.

Toujours selon la Dre Dechêne, des démarches ont été entreprises auprès du ministère de la Santé pour renforcer les effectifs.

On supplie le ministère d’avoir des ajouts d’équipes médicales dans les ressources intermédiaires, à domicile et dans les résidences privées. Sinon, ce sont des souffrances sans nom, a-t-elle soutenu.

Dans les résidences privées, il y a des vieillards qui grelottent de fièvre et qui ne mangent et ne boivent plus; si on n’y va pas, il n’y aura pas de médecins pour eux, c’est le tiers monde.

Une citation de Dre Geneviève Dechêne

L'état difficile de la situation est confirmé par la Dre Eveline Gaillardetz, qui travaille au CLSC de Verdun.

Avant la pandémie de COVID-19, on avait déjà beaucoup de pain sur la planche, on soignait beaucoup de grands malades; des patients qui ont des démences terminales, des patients qui sont en insuffisance cardiaque, qui souffrent de maladies pulmonaires..., a-t-elle mentionné.

La Dre Eveline Gaillardetz, à Verdun.

Comme l'indique la Dre Eveline Gaillardetz, l'éclatement de la pandémie a ajouté une lourde charge de travail sur les épaules du personnel.

Photo : Radio-Canada

L'éclosion de la maladie est venue ajouter une « lourde charge de travail », a indiqué la Dre Gaillardetz.

Si ce n'est bien sûr pas tous les patients atteints de la COVID-19 qui en décèdent, a-t-elle poursuivi, les personnes atteintes sont généralement en perte d'autonomie, ou encore gravement malades, et il y aura effectivement des gens qui ne survivront pas à l'infection.

Je vois mes collègues qui cherchent tous des solutions; tout le monde travaille 18 heures par jour pour faire face à cette vague de gens très malades et à cette vague de mourants. On veut qu’ils puissent toujours mourir dans la dignité, s’ils ont à mourir de la COVID-19.

Selon les chiffres fournis vendredi par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), la présence du coronavirus a été confirmée dans 241 lieux d'hébergement pour aînés, dont 99 CHSLD. Ce chiffre est très en deçà des 813 habitations où, en date de mercredi, on avait signalé des cas confirmés et suspectés de COVID-19. Le MSSS affirme qu'il ne compte plus les cas soupçonnés, car ceux-ci pouvaient s'avérer négatifs, ce qui faussait la réalité.

L'une des façades du CHSLD Herron.

Le mauvais état de la situation sanitaire au CHSLD Herron a nécessité l'intervention du gouvernement.

Photo : Radio-Canada / Jean-Claude Talania

Un CHSLD sous « tutelle »

Par ailleurs, le CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal a pris le contrôle d'un centre d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) privé, qui n'était plus en mesure de fournir des soins adéquats à ses résidents.

Le CHSLD Herron de Dorval, un établissement haut de gamme, a été placé sous la responsabilité du réseau public, a expliqué cet après-midi la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann. Le transfert s'est fait à la demande des gestionnaires du centre, a-t-elle ajouté.

La tutelle – qui reste à être formalisée – a été confiée au réseau public parce qu'un nombre élevé de travailleurs du CHSLD avait contracté la COVID-19, a précisé la ministre McCann. Dans les faits, ce sont maintenant des employés du CIUSSS qui s'occupent des résidents, a-t-elle spécifié.

La COVID-19 a fait deux morts au CHSLD Herron, a confirmé la ministre McCann. Plus tôt dans la journée, le CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal avait également indiqué que huit cas confirmés d'infection par le coronavirus avaient été recensés sur place.

Mme McCann en conférence de presse.

La ministre McCann veut faire la lumière sur ce qui s'est produit au CHSLD Herron.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Bien que confirmée vendredi après-midi, l'intervention du secteur public au CHSLD Herron ne date pas d'hier.

Selon CBC, des employés du CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal sont sur place depuis le 29 mars, date à laquelle les proches des résidents ont reçu un courriel de la direction leur faisant part du fait que plusieurs membres du personnel étaient malades.

Mais même après cette date, des problèmes ont persisté. Toujours selon CBC, des résidents auraient été laissés pendant des heures dans des draps souillés, sans que leurs couches soient changées. Le quotidien The Gazette rapporte en outre moult détails sur la négligence endurée par les résidents.

Une enquête interne sera menée pour faire la lumière sur ce qui s'est passé, a promis la ministre McCann vendredi.

Cette tutelle informelle s'ajoute à celle confirmée plus tôt dans la journée du Manoir Liverpool, à Lévis, qui a cédé temporairement la gestion des lieux au CISSS de Chaudière-Appalaches.

Ce n'est pas simple, a avoué la ministre. Du côté de Chaudière-Appalaches, ça va, mais du côté de l'Ouest-de-l'Île, il y a des choses à rediscuter, a-t-elle poursuivi, admettant en anglais qu'officiellement le CHSLD n'était pas sous tutelle, mais qu'en pratique les résidents étaient maintenant sous la responsabilité du CIUSSS.

Il faut voir d'un point de vue formel comment ça va se continuer. Est-ce qu'il s'agit d'une tutelle ou non? On est en train d'examiner la question.

Une citation de Danielle McCann, ministre de la Santé et des Services sociaux

Au niveau clinique, au niveau des soins, la situation est stabilisée, a assuré la ministre.

Avec les informations de Davide Gentile et de CBC

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