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Porter le masque ou non, telle est la question en Corée du Sud

Des gens déambulent dans une rue commerciale.

Le port du masque est fortement recommandé par les autorités coréennes de santé publique.

Photo : Radio-Canada / Grace Moon

Que l’on soit malade ou non, le port du masque est fortement recommandé en Corée du Sud. Les autorités sanitaires ont rapidement tranché, après l’apparition, à la fin du mois de janvier, des premiers cas de contamination au pays. Or, contrairement aux idées reçues, le port du masque n’est pas une habitude de longue date au pays du Matin calme.

Le chauffeur de taxi Park Sung-Joon a beaucoup moins de clients en ces temps de COVID-19. L'homme de 75 ans constate que la plupart de ses passagers portent un masque depuis le début de la pandémie. Et il reconnaît qu’il prend peur lorsqu’un passager monte à bord à visage découvert. Je leur ordonne d’en mettre un et je remets précipitamment le mien, explique-t-il.

Avec l’arrivée des beaux jours printaniers et l’impression que le plus gros de l’épidémie est chose du passé en Corée du Sud, la tentation de laisser tomber le masque est forte.

Bien sûr, nous sommes prudents, affirme Mme Lim à travers son masque. Installée dans sa boutique, elle poursuit : Sauf que nous, les Coréens, nous ne sommes pas habitués à vivre notre vie en étant masqués! Moi, par exemple, même quand il y a beaucoup de pollution, je n’en porte pas.

Professeur au Collège de médecine de l’Université Yonsei, à Séoul, Lee Hyuk-Min le confirme au téléphone : La culture du port du masque est récente en Corée du Sud. Les gens ont commencé à y adhérer quand la qualité de l’air a commencé à se détériorer au pays, en raison de l’émission des particules fines.

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Une représentation du coronavirus.

Même la crise sanitaire de 2015, celle du coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (SRMO), n’avait pas convaincu la population d’en mettre, et il n’y avait pas eu de directives gouvernementales à cet effet, précise Lee Hyuk-Min. La gestion de cette crise – qui a fait 36 morts et 186 personnes contaminées – avait valu à Séoul des critiques, notamment de la part de l’Organisation mondiale de la santé.

Le SRMO était moins virulent, et il circulait davantage dans les hôpitaux que dans les espaces de la vie quotidienne, précise Lee Hyuk-Min.

Une affiche géante rappelle les consignes des autorités sanitaires.

Porter un masque, se laver les mains et tousser dans son coude. Telles sont les consignes des autorités sanitaires à Séoul.

Photo : Radio-Canada / Anyck Béraud

Une décision prise dès février

Lee Hyuk-Min a participé aux consultations du gouvernement et du Centre coréen de contrôle et de prévention des maladies, au début de la crise de la COVID-19. Il rappelle qu’au départ, le port du masque a tout de même fait débat ici. Et d’envisager qu’il soit porté par tout le monde, ça a causé tout un choc au début, affirme le professeur.

Il ajoute que la décision a été prise rapidement, début février, par les autorités sanitaires et par Séoul, à la lecture des premières données – la Corée du Sud avait déjà lancé son vaste programme de dépistage.

Les premières données scientifiques démontraient que de 20 à 25 % des personnes infectées étaient des cas asymptomatiques. Les gens se sont mis alors à porter des masques. Bien sûr, pour se protéger, mais aussi pour protéger les autres. Il y a eu une prise de conscience; on a compris qu’une personne pouvait en contaminer une autre, sans le savoir, en l’absence de symptômes, explique Lee Hyuk-Min, qui est également épidémiologiste.

Masquage de masse

Le président se dirige vers un isoloir afin de voter.

Portant des gants et un masque, le président sud-coréen Moon Jae-in a voté vendredi par anticipation en vue des élections législatives qui auront lieu mercredi prochain comme prévu.

Photo : Reuters

La Corée du Sud est citée en exemple pour la façon dont elle est arrivée jusqu’ici à maîtriser la propagation de la COVID-19 grâce à un dépistage à grande échelle, de l’isolement préventif et des mises en quarantaine ainsi qu’un traçage massif pour surveiller les cas contaminés, ou encore pour joindre les personnes entrées en contact avec d’autres qui sont contaminées. Entre autres mesures.

Le professeur Lee assure qu’en plus des gestes comme le lavage fréquent des mains, le masque est l’un des facteurs clés.

Si la société est capable de porter des masques, le masquage de masse sera un moyen crucial d'empêcher la propagation.

Une citation de Lee Hyuk-Min, épidémiologiste sud-coréen

Séoul a mobilisé les industries, notamment les grands conglomérats – les chaebols –, pour répondre à la demande en masques. Mais au plus fort de l’épidémie, les files étaient interminables devant les pharmacies, les magasins et autres endroits de distribution. Il y a rapidement eu ruptures de stock. Il a fallu instaurer un rationnement : deux masques par personne, par semaine.

Le gouvernement distribue aussi presque quatre millions de masques aux travailleurs des services essentiels et aux chauffeurs de taxi.

Bien sûr qu’on a besoin de plus de masques, soutient Park Sung-Joon, le chauffeur rencontré à Séoul. Il ajoute que, pour l’instant, il lave et fait sécher au soleil les deux masques qu’il reçoit chaque semaine de son employeur.

Il poursuit : Tous les chauffeurs ont peur d’être contaminés, parce qu’en cas d’infection, c’est toute leur famille qu’ils mettent en danger. Dans le secteur privé, on n’a pas trop le choix de travailler. Mais chez les autres taxis, il y en a beaucoup qui ont abandonné le boulot.

Dans un petit dépanneur de la capitale, Jeong Yoon-Joo dit porter un masque surtout pour protéger les autres, au cas où. Elle croit que ses collègues et elle devront probablement en porter encore longtemps pour servir les clients.

Jusqu’à ce que l’on trouve un vaccin, dit-elle.

Avec la collaboration de Grace Moon

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