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Québec accusé de profiter de la COVID-19 pour revenir à l'austérité

Le complexe G et une vue sur Québec.

Des milliers de fonctionnaires avec un statut d'employé occasionnel pourraient se retrouver sans renouvellement de contrat.

Photo : Radio-Canada / André-Pier Bérubé

Le gouvernement Legault s'apprêterait à sabrer des milliers de postes dans la fonction publique québécoise, selon deux grands syndicats. Le gel d'embauche décrété le 1er avril en raison de la COVID-19 n'est rien d'autre qu'une longue série de coupes déguisées, selon eux.

En milieu de semaine, lors d'une rencontre avec le Secrétariat du Conseil du trésor, les représentants syndicaux ont pris la pleine mesure de ce que signifiait réellement le gel d'embauche annoncé la semaine dernière.

Hormis dans les secteurs jugés essentiels, les départs à la retraite ne seront pas remplacés. Les contrats des employés occasionnels ne pourront pas être renouvelés non plus. Quant aux étudiants, ils ne pourront pas être recrutés pour prêter main-forte pendant l'été, dénoncent les syndicats.

On profite présentement de la crise que l'on vit pour revenir à l'austérité libérale de M. Couillard à l'époque, lance Christian Daigle, le président général du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ).

Ce sont des coupes similaires, sinon encore plus grandes qui vont être appliquées dans les prochains mois et les prochaines années.

Une citation de Christian Daigle, président général du SFPQ

Sur ses 40 000 membres, pas moins de 10 000 ont le statut d'employé occasionnel. À cela s'ajoutent environ 1200 employés dont la retraite est proche.

Le SFPQ dit avoir déjà commencé à recevoir des appels de ses membres dont les contrats de travail ne seront pas renouvelés. Selon M. Daigle, les coupes à venir seront sournoises.

On ne dira pas on va couper 500 personnes d'une shot. On va couper petit à petit des personnes à différents endroits. Les ministères ne pourront pas se relever de ça pour remplir les missions obligatoires.

La COVID-19, un prétexte?

Au Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), plus de 1500 membres sur les quelque 20 000 qui travaillent dans la fonction publique ont un statut d'employé occasionnel.

Pour la présidente, Line Lamarre, la directive du gouvernement aura forcément des impacts négatifs sur les services rendus à la population.

Elle rappelle que ce sont des gens qui travaillent à la Société de l'assurance automobile du Québec, à l'Indemnisation des victimes d'actes criminels, au ministère de l'Agriculture, etc.

Au ministère de l'Environnement, qui va s'assurer que les gens respectent les règles de l'environnement et ne sont pas en train de contaminer des cours d'eau en déposant des déchets à droite et à gauche? Ce sont les professionnels de l'État qui font le suivi de ces dossiers-là!, tonne Mme Lamarre.

M. Daigle prédit que les conséquences seront majeures pour les citoyens, car les ministères et organismes potentiellement touchés sont nombreux.

Ce sont des gens qui répondent au téléphone à la Régie du logement où les gens appellent pour avoir des informations, autant les propriétaires que les locataires. C'est la CNESST, c'est la RAMQ. C'est les inspections de nos routes et structures également.

Une citation de Christian Daigle, président général du SFPQ
Christian Daigle en entrevue devant la station de Radio-Canada sur la rue Saint-Jean, à Québec

Christian Daigle, président général du SFPQ

Photo : Radio-Canada

Bien sûr, le gouvernement doit faire des choix, selon Mme Lamarre. Elle reconnaît que la situation budgétaire du Québec subira les contrecoups du coronavirus.

Mais selon elle, la directive émise la semaine dernière a néanmoins une consonance politique. La CAQ avait déjà promis d'abolir 5000 postes dans la fonction publique afin d'économiser 1,18 milliard de dollars par année, rappelle-t-elle.

Il est très difficile de comprendre pourquoi le gouvernement se sert de la COVID pour passer une stratégie qu'il avait avant [la crise], c'est-à-dire couper du personnel de la fonction publique et diminuer les services à la population. En définitive, c'est ça qui va arriver.

Une citation de Line Lamarre, présidente du SPGQ

Resserrement des dépenses

Les mesures décrétées mercredi dernier par le Secrétariat du Conseil du trésor sont en vigueur pour une durée indéterminée. En plus du gel d'embauche, elles comprenaient un contrôle très strict des dépenses pour les ministères et organismes.

Les heures supplémentaires des employés, les dépenses publicitaires, les dépenses de déplacement, les formations et l'octroi de contrat, notamment, doivent dorénavant se limiter à ce qui est jugé essentiel à la réalisation de leur mission.

Bien que cette directive soit temporaire, il est encore trop tôt pour spéculer à propos du temps pendant lequel elle sera maintenue en place, indique par courriel Myrian Marotte, l'attachée de presse du président du Conseil du trésor.

Si un organisme ou un ministère juge essentielle une embauche, il devra obligatoirement la faire autoriser par le Secrétariat du Conseil du trésor, et ce, tant et aussi longtemps que le gel d'embauche sera en vigueur.

La priorité du gouvernement est d’assurer les services aux citoyens et toute embauche jugée indispensable, quel que soit le type de poste, sera analysée par le Secrétariat du Conseil du trésor en fonction de l’impact sur la santé, sur la sécurité ou sur le bien-être économique des citoyens, assure Mme Marotte.

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