La pandémie des femmes

La pandémie actuelle met en lumière le travail des femmes. (Archives)
Photo : Radio-Canada / CBC / Rafferty Baker
Depuis toujours, elles soignent, elles nourrissent, elles réconfortent. Et si la pandémie mettait en lumière le travail des femmes?
Les femmes font partie en grande majorité des anges gardiens dont [le premier ministre François] Legault parle à tous ses points de presse. Les femmes sont dans les épiceries, dans le réseau de la santé, dans les organismes communautaires. Les femmes sont au front en ce moment
, dit Marie Beauchesne, coordonnatrice et cogestionnaire de l'organisme La Débrouille à Rimouski, qui vient en aide aux victimes de violence conjugale.
La pandémie actuelle a forcé le gouvernement à mieux reconnaître l'importance du travail des femmes.
À preuve, la semaine dernière, Québec a annoncé l'octroi de primes aux professionnels de la santé qui travaillent en première ligne
, la province a aussi accordé 2,5 millions de dollars pour soutenir les femmes victimes de violence pendant la pandémie, de même qu'une bonification du salaire des personnes qui travaillent, notamment, dans les marchés d'alimentation.
Cependant, si Québec a délié les cordons de sa bourse pour mettre en place des mesures qui touchent majoritairement des femmes, l'aide apportée aux services essentiels qu'elles offrent n'est pas égale partout.
Dans les services de garde d'urgence par exemple, les moyens mis en œuvre pour protéger les travailleuses sont variables d'une installation à l'autre.
Tout le monde a des craintes. La proximité du virus est encore plus visible, étant donné que ce sont [les enfants] des gens qui risquent d'être en contact avec le virus. Ça crée beaucoup d'anxiété chez nos membres
, affirme la représentante des Centres de la petite enfance à la CSN , Louise Labrie.
De leur côté, les employées des organismes communautaires jugés essentiels, comme les centres d'hébergement, n'ont pas accès aux services de garde d'urgence pour leurs enfants. Elles sont également au bas de la liste pour recevoir du matériel de protection individuelle ou pour subir un test de dépistage de la COVID-19.
On nous demande de maintenir nos services considérés essentiels, mais on n'est pas considérés suffisamment essentiels pour bénéficier de l'aide essentielle pour le faire.
Le travail invisible
Pour sa part, la coordonnatrice du Centre femmes Catherine-Leblond de Trois-Pistoles, Aline Denis, affirme que la pandémie a rendu certaines femmes plus vulnérables, notamment les aînées qui n'ont pas de carte de crédit, alors que la majorité des transactions se font actuellement en ligne.
Notre clientèle, ce sont des femmes de 70 ans et plus, donc ce sont des femmes qui sont vraiment confinées à la maison, qui ne peuvent pas sortir. On s'est aperçues qu'elles avaient quelques problèmes à s'approvisionner.
Des stratégies ont été mises en place, à distance, pour les aider. Car si cette pandémie apporte son lot de problèmes, elle incite aussi les gens à s'entraider et à apprécier le travail de chacun, souligne Mme Denis.
Ce qu'il reste de la société qui fonctionne, c'est tous ceux qui sont payés à petit salaire.
Cette crise mettra-t-elle en lumière les inégalités et permettra-t-elle de valoriser le travail des femmes, qu'il soit dans le système de santé, dans le milieu communautaire ou simplement à la maison?
Je souhaite qu'il y ait une prise de conscience et que les inégalités soient moins grandes. J'ai peut-être des lunettes roses, mais je souhaite que ça ait ça comme impact
, conclut Mme Denis.