La philanthropie mise à mal par la pandémie

Les organismes de philanthropie pourraient perdre plusieurs milliards de dollars à cause de la COVID-19.
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Collectes de fonds annulées, donateurs qui se font rares en période d’incertitude économique due à la COVID-19; des organismes philanthropiques tirent la sonnette d’alarme et craignent de ne plus pouvoir aider les personnes vulnérables.
À Québec, la Société de leucémie et lymphome du Canada a dû annuler sa marche annuelle de collecte de fonds, prévue pour mai. L’organisme dépend de ces dons pour offrir du soutien aux patients atteints d’un cancer du sang et pour investir dans la recherche.
L'organisme organisera une marche virtuelle le 13 juin, mais les pertes pourraient se chiffrer à entre 50 000 et 100 000 $, confirme Marie-Noëlle Roy, chef de secteur au Québec pour la Société et leader nationale des marches communautaires.
La Société n'est pas la seule dans cette situation. Selon Imagine Canada, un lobby dans le domaine caritatif, le ralentissement économique causé par la COVID-19 pourrait entraîner des pertes de 9 à 15 milliards de dollars pour les organismes de charité.
Difficile pour des organismes caritatifs de demander des dons alors que des centaines de milliers de personnes ont perdu leur emploi au pays, admet toutefois Mme Roy. Les donateurs sont plus frileux et avec compréhension. On est dans un état économique précaire.
Elle lance donc un cri du cœur à ceux qui ont encore la capacité de donner aux organismes qui leur sont chers. Cette dernière veut mettre en place le mouvement La philanthropie contre la COVID-19
.
« Ces gens-là, ils ont besoin de nous, même si on est dans une crise sanitaire. »
Lutte pour survivre
La solidarité pour lutter contre la COVID-19 a pris toute la place, avec raison, constate le président désigné au Québec de l’Association des professionnels en philanthropie, Daniel H. Lanteigne.
Il salue la décision des gouvernements fédéral et provincial d’accorder de l’aide d’urgence pour les banques alimentaires et les organismes qui viennent en aide aux itinérants.
Il y a beaucoup de représentations au gouvernement pour que les autres causes méritent aussi un appui
, ajoute-t-il.
Il cite en exemple les organismes d'aide aux décrocheurs, laissés en plan avec la fermeture des écoles.
« Ce sera plus important que jamais, à la prochaine rentrée, d’aider ces jeunes-là, qui auront goûté à une absence prolongée de l’école. »
L’aide gouvernementale n’est pas illimitée, et les priorités sont tournées vers la lutte contre la COVID-19, concède M. Lanteigne. Les différents organismes auront donc un défi de communication pour survivre.
Il faudra repenser chacune des causes en fonction de la COVID-19 [...], mais aussi être compréhensif face à la capacité du donateur
, croit-il.
Des fondations devront changer leur mode de fonctionnement et adopter des plans de gestion de crise et de continuité d’affaires, selon Daniel H. Lanteigne.
C’était peut-être un langage qui n’était pas à l’agenda des organismes de bienfaisance, mais il faudra le faire pour assurer la pérennité des causes
, conclut-il.