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Entre angoisse et résilience, les aînés parlent de leur expérience de confinement

Ce temps de crise est particulièrement difficile pour les aînés vivant seuls et qui sont confinés chez eux, parfois dans une petite chambre. Ces personnes sont isolées pour protéger leur santé physique, mais leur santé mentale, elle, s'en ressent parfois. Certains développent de l'anxiété et de la détresse psychologique.

Les mains d'un homme âgé assis sur son lit.

Ce temps de crise est particulièrement difficile pour les aînés vivant seuls et qui sont confinés depuis plusieurs semaines.

Photo : iStock

Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Francine Charron est bénévole pour les Petits Frères. Depuis le début de l'isolement obligatoire des aînés de plus de 70 ans, elle appelle chaque semaine celle avec qui elle est jumelée, sa Grande Amie, Claudette de Chantigny, 83 ans. Elle prend de ses nouvelles, s'assure qu'elle garde le moral, qu'elle n'a besoin de rien.

Claudette est très reconnaissante de la mobilisation des Petits Frères. Sans cette chaîne téléphonique mise sur pied pour s'assurer que les 1650 Grands Amis de l'organisme soient contactés, elle se sentirait moins bien entourée. Elle n'a plus de proches, elle vit avec son petit chien Mickey. Pour se désennuyer, elle peint, fait de l'exercice et du yoga. Son secret pour garder sa bonne humeur, c'est de tenter de voir les choses avec philosophie.

« Je ne peux pas dire que c'est facile, mais on se débrouille. C'est sûr que c'est inquiétant. On ne sait pas comment ou quand on va s'en sortir. Il faut suivre les consignes, essayer de ne pas attraper le virus, mais il arrivera ce qui arrivera... »

— Une citation de  Claudette de Chantigny, Grande amie chez Les Petits Frères

Francine Charron trouve important de garder contact avec Claudette, question de ne pas briser ce lien social : Je pense que Claudette se sent bien entourée. Je ne sens pas qu'elle vit beaucoup d'anxiété. Par contre, il y en a pour qui c'est plus difficile, pour qui on s'inquiète un peu plus.

C'est ça notre rôle, de créer une espèce de filet de protection autour de nos Grands Amis, précise la bénévole.

De la déprime, de l'ennui et de la peur

Pour Debbie Morin, difficile de garder le moral. Elle souffre de paralysie cérébrale et vit dans un CHSLD de Montréal. Les nombreux cas de coronavirus recensés dans ce type d'établissement l'inquiètent beaucoup.

« Au début, j'avais confiance que tout irait bien, mais plus la situation évolue, plus j'ai peur. On a peur pour nos proches, peur pour nous-mêmes. Je ne pensais pas vivre ça. »

— Une citation de  Debbie Morin, résidente en CHSLD

Elle trouve son confinement forcé, qui dure depuis le 13 mars, très difficile. Elle est en effet habituée à recevoir de la visite de proches et d'amis presque tous les jours. On n'a plus rien à faire. La ville est fermée. On ne peut pas sortir. On ne peut voir personne. (...) Je m'ennuie beaucoup de mon monde. Je suis enfermée dans ma chambre. Regarder la télé toute la journée et faire quelques appels, c'est long. C'est très long.

Elle tente tout de même de demeurer positive : Il ne faut certainement pas commencer à craquer, parce que sinon, on va tous devenir fous.

Elle a d'ailleurs développé un truc pour garder le moral : Mon secret, c'est d'essayer d'encourager les autres qui sont encore plus déprimés que moi. Ce qu'il faut se dire, c'est que chaque jour qui passe, c'est une journée de moins en quarantaine!, souligne-t-elle.

Un réconfort trouvé dans la foi religieuse

Une femme penchée au-dessus d'une femme en chaise roulante et souriante

Francine Beaudelet était présente lors des fiançailles de Debbie Morin en 2019.

Photo : Courtoisie de Francine Beaudelet

Debbie Morin reçoit aussi du soutien de la part du Service d'accompagnement spirituel des personnes âgées et malades de l'Archevêché de Montréal, qui a mis en place une ligne téléphonique d'aide en ce contexte de pandémie. Francine Beaudelet, coordonnatrice de ce service, est en contact avec des personnes en grande détresse psychologique en ce moment.

Présentement, le besoin le plus profond des personnes isolées, âgées et malades, c'est celui d'une présence (humaine) parce que beaucoup se sentent abandonnés, note-t-elle.

Imaginez la personne qui est seule, qui reçoit peu ou pas d'appels. Ça devient vraiment une angoisse insupportable. Ça devient une crise même aiguë pour certaines personnes.

Francine Beaudelet explique que certains vivent cette période de crise comme un deuil, avec des phases de choc, de déni, de colère et de tristesse. Elle ajoute que plusieurs personnes âgées se tournent vers Dieu en ces temps troubles.

« Plusieurs personnes prennent plus de temps pour vivre leur foi et leur dévotion. Elles reviennent à Dieu en cette période de crise. »

— Une citation de  Francine Beaudelet, coordonnatrice du Service d'accompagnement spirituel des personnes âgées et malades de l'Archevêché de Montréal

L'abbé Johann Leroux, curé de la paroisse Saint-Angèle à Montréal, dit lui aussi ressentir une ferveur renouvelée chez certains aînés.

Il contacte ces jours-ci beaucoup de ses paroissiens qui lui manifestent de l'inquiétude et de l'insécurité face à la pandémie : C'est quelque chose à la fois mystérieux et apeurant pour eux. Ils se sentent plus vulnérables. On est là pour les écouter.

Garder le sourire, un jour à la fois

C'est d'ailleurs sa foi en Dieu et la prière qui aident beaucoup Denyse Fraser ces temps-ci. À 82 ans, elle est confinée dans sa chambre, dans l'infirmerie de sa résidence parce qu'elle souffre de sclérose en plaques. Elle ne peut recevoir de visite ni de son mari ni de ses quatre enfants. Une situation qu'elle accueille avec résilience. Ma vie spirituelle m'alimente beaucoup, me donne du courage. Je vis ça un jour à la fois, explique-t-elle avec philosophie.

Un couple souriant de personnes aînées

Denyse Fraser ne peut pas recevoir la visite de son conjoint, Roland Talbot, avec qui elle est mariée depuis 60 ans et a eu quatre enfants.

Photo : Courtoisie de Johanne Goupil

Elle recevait la communion tous les jours, un moment qu'en chérissait. Maintenant, elle doit se contenter d'écouter la messe à la télévision. Lorsqu'on lui demande quelle est sa clé pour demeurer positive dans le contexte, elle répond que c'est son amour de Dieu et son amour de la vie.

Lorsqu'elle ressent un moment de déprime, comme c'est arrivé récemment, elle ne se laisse pas abattre. Je me suis dit que je ne me laisserais pas faire, c'est pas vrai! J'ai mis du rouge à lèvres. J'avais besoin de mettre de la couleur un peu, raconte-t-elle.

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