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Dépister la COVID-19 en 15 minutes grâce aux tests sérologiques

Un homme contrôle sa glycémie.

Un test sérologique peut être réalisé à l’aide d’une seule goutte de sang. Celui développé par l’entreprise française NG Biotech consiste en un dispositif à usage unique muni d’un autopiqueur et d’un collecteur de sang semblable aux lecteurs de glycémie utilisés par les personnes diabétiques (photo).

Photo : iStock

Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Imaginez pouvoir détecter la présence du coronavirus dans l’organisme en quelques minutes à peine à l’aide d’une goutte de sang. Trop beau pour être vrai, direz-vous. Ce sera pourtant possible une fois qu’on aura mis au point un test sérologique fiable et éprouvé. Reste à savoir quand un tel instrument sera conçu et mis en vente.

Depuis quelques mois, des entreprises d’un peu partout sur la planète s’activent afin de développer des instruments de dépistage de la COVID-19 rapides et efficaces. La française NG Biotech a annoncé cette semaine avoir mis au point un test sérologique interprétable en 15 minutes.

La technologie sérologique permet de détecter non pas la présence du virus dans l’organisme, mais celle des anticorps produits par le système immunitaire en réponse à l’infection.

Le Dr Gaston De Serres, médecin-épidémiologiste à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et professeur d’épidémiologie à l’Université Laval, mentionne que la sérologie est déjà utilisée pour le dépistage de maladies telles que la rougeole.

Gaston De Serres lors d'une entrevue à son bureau.

Gaston De Serres, médecin-épidémiologiste à l’INSPQ

Photo : Radio-Canada

La majorité des cas vont être détectés par des tests sérologiques et on va rechercher, à ce moment-là, dans le sang du malade, des anticorps qui sont spécifiques à la rougeole. On va chercher un type d’anticorps (IgM ou IgG) qui est un marqueur d’une infection aiguë, explique le Dr De Serres en entrevue à Radio-Canada.

En présence d’une infection comme un virus ou une bactérie, la première réaction d’un organisme consiste à produire des anticorps IgM (immunoglobulines M). Les IgM sont par la suite remplacés progressivement par des anticorps IgG (immunoglobulines G).

Un concept bien éprouvé

Dans le cas du nouveau coronavirus, le défi pour les fabricants d’instruments de dépistage est de mettre rapidement au point un test sérologique fiable pour détecter une maladie dont on ignorait à peu près tout il y a encore quelques mois.

Le problème, c’est de bien identifier quels sont les anticorps correspondant vraiment à la COVID-19 et d’avoir un test qui est fiable, réplicable, valide, et cetera. Donc, ça, c’est la partie qui demande de l’ouvrage, mais [...] c’est un concept qui est vraiment bien éprouvé, qui tient la route et qui, généralement, fonctionne très bien, précise le médecin-épidémiologiste.

« Si l’outil a une bonne sensibilité de détecter les cas, d’être positif chez les gens qui sont malades, qui a une bonne spécificité, donc qui est négatif pour les gens qui n’ont pas la COVID-19, et qui est rapide, c’est sûr que ça serait extraordinaire. »

— Une citation de  Le Dr Gaston De Serres, médecin-épidémiologiste, INSPQ

Actuellement, les laboratoires de santé publique au Québec, au Canada et ailleurs dans le monde ont principalement recours à des tests d’amplification des acides nucléiques pour dépister le nouveau coronavirus.

Un échantillon de sang positif à la COVID-19 contenu dans une éprouvette.

Les tests d’amplification des acides nucléiques sont la principale méthode de dépistage de la COVID-19.

Photo : Reuters / Dado Ruvic

Contrairement aux tests sérologiques, les tests d’amplification des acides nucléiques détectent la présence du virus dans l’organisme. À partir du prélèvement fait chez le patient, on amplifie (ou copie) des séquences d’acide nucléique ciblées afin de détecter la présence de la maladie. Une technique fiable et précise, mais pas des plus rapides.

Ce sont des cycles : on chauffe, on refroidit, on chauffe, on refroidit [le prélèvement] pour que les particules de l’acide nucléique du virus se multiplient jusqu’à ce qu’elles deviennent détectables. Alors, ça, évidemment, ça prend un certain temps, précise Gaston De Serres.

« Ça serait vraiment fantastique »

Le Dr François Desbiens, directeur de santé publique du CIUSSS de la Capitale-Nationale, croit que la mise au point d’un test sérologique fiable accélérerait grandement le dépistage de la COVID-19. Les mesures d’isolement des patients atteints seraient davantage ciblées et gagneraient en efficacité.

Pour mettre en sécurité, isoler, la bonne personne, ça serait vraiment fantastique [...] parce que présentement, il y a des gens qui s'isolent deux à trois jours sans savoir s'ils sont positifs ou non, indique le Dr Desbiens en entrevue avec l’animateur du Téléjournal Québec, Bruno Savard.

« Ça serait l'idéal, parce que ça serait beaucoup plus rapide que le test qu'on a actuellement. »

— Une citation de  Le Dr François Desbiens, directeur de santé publique du CIUSSS de la Capitale-Nationale

La ministre canadienne de la Santé, Patty Hajdu, a récemment approuvé un arrêté d’urgence pour accélérer l'importation et la vente d’instruments médicaux visant à diagnostiquer, à traiter ou à prévenir la COVID-19.

Des travailleuses de la santé portant un masque, des gants et une visière, vont à la rencontre d'automobilistes à l'extérieur de la clinique de dépistage.

Les cliniques de dépistage de la COVID-19 se sont multipliées ces dernières semaines.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Santé Canada priorise les instruments utilisant la technologie des acides nucléiques, mais les entreprises qui souhaitent mettre en marché un test de dépistage sérologique au Canada pourront soumettre leur produit à un examen.

En date du 2 avril, 16 entreprises, chinoises ou américaines pour la plupart, avaient soumis une demande à Santé Canada pour homologuer un instrument de dépistage utilisant la technologie sérologique.

Pour consulter les demandes d'autorisation d’instruments de diagnostic pour la COVID-19 reçues par Santé Canada, cliquez sur ce lien (Nouvelle fenêtre).

Le Québec attentif

De son côté, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) du Québec dit évaluer toutes les options afin de s’assurer que la province maintienne une capacité d’analyse suffisante. Le Ministère rappelle qu’aucun test sanguin pour détecter la COVID-19 n’est encore disponible au pays.

Le MSSS est bien au fait que certains tests ont été approuvés en France et aux États-Unis, ce qui ne signifie pas qu’ils le soient pour le Canada par Santé Canada, indique le porte-parole Robert Maranda dans un courriel à Radio-Canada.

Un employé dans un laboratoire.

Un employé dans un laboratoire spécialisé dans le test d'acide nucléique sur la COVID-19

Photo : Associated Press

Il ajoute que l'utilisation massive d’une technologie par un pays donné pourrait entraîner des difficultés d’approvisionnement pour les autres pays.

Il s’agit d’un des éléments devant être évalués avant de procéder à l’utilisation d’une nouvelle technologie, précise M. Maranda.

Meilleure compréhension

Les tests sérologiques pourraient par ailleurs aider à déterminer le pourcentage de personnes qui contractent la COVID-19 après avoir été en contact avec la maladie. Les scientifiques seraient alors plus à même d’évaluer la propagation du coronavirus, fait remarquer Gaston De Serres.

Si on fait passer un test d’amplification des acides nucléiques à une personne immune, le résultat sera négatif, et ce, même si elle a été exposée au coronavirus. Un test sérologique, en revanche, permettra de détecter la présence d’anticorps dans son organisme.

Quand [le coronavirus] rencontre des gens qui sont immuns, bien, évidemment, il ne peut pas se transmettre. Donc, si on avait une grande proportion des gens qui ne développaient jamais de symptômes, jamais de virus détectable par [test d'amplification des acides nucléiques], ça pourrait contribuer à faire que l’épidémie affecte beaucoup moins de monde et se termine beaucoup plus précocement que ce qu’on pense pour le moment, mentionne le Dr De Serres.

Il ajoute à cet égard que le pourcentage de personnes infectées dans les foyers d’épidémie comme la région de Wuhan, en Chine, sera révélateur pour la suite des choses.

La COVID-19 dans la grande région de Québec

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