Être déménageur à l’ère de la COVID-19

La période de déménagement a commencé à Toronto, mais la pandémie perturbe l'industrie.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La pandémie de la COVID-19 a mis à l’arrêt de nombreux secteurs, mais pas les entreprises de déménagement. Considérées comme un service essentiel, ces compagnies restent occupées à ce temps-ci de l'année.
C’est une fin de mois de mars particulière pour les employés de l’entreprise de déménagement El Cheapo.
En temps normal, on devrait commencer notre pic, avec une dizaine de camions par semaine et 45 déménageurs jusqu’à la fin octobre
, explique Gary Kaye, le président-directeur général de El Cheapo.
À la place, il utilise plutôt la moitié de ses camions chaque semaine avec 15 employés, comme en hiver.
« Ce qui change, c'est la nature de notre travail. On a des appels de gens qui doivent déménager de façon beaucoup plus précipitée qu'avant. »
Son entreprise restera ouverte, car c’est un service essentiel pour certains, comme le comptable Lory Beiger, en plein déménagement.
Je n’ai pas le choix, le bâtiment est racheté, j’ai signé et dois être parti au 1er avril
, dit-il. Préoccupé par la pandémie, il a toutefois passé quelques coups de fil à la santé publique pour s'assurer qu'il était autorisé à déménager son bureau.
Il n’est pas le seul à se retrouver dans cette situation.
Si beaucoup ont remis leur déménagement à plus tard, pour d’autres, c’est devenu une urgence.
Il y a ceux qui ont décidé de remettre leurs plans à plus tard, qui ont le temps, mais aussi ceux qui doivent au contraire déménager au plus vite
, explique l'agent immobilier Sunny Singh.
« Certains clients m'appellent pour avancer leur déménagement, parce qu'ils ont perdu leur emploi, qu'ils ont été renvoyés ou encore que leur entreprise est fermée et qu'ils ne peuvent plus payer leur loyer. »
Denis Roy, propriétaire d'une autre entreprise de déménagement, Your Friend With A Cube Van, dit avoir des clients qui ressentent de la pression pour déménager plus rapidement.
On offre des rabais à certaines personnes, parce qu'on sait que l'argent n'entre pas nécessairement en ce moment. Il y a aussi beaucoup d'étudiants qui doivent déménager, car ils ne peuvent plus rester dans leurs résidences
, raconte-t-il.
Son entreprise aussi tourne à moindre régime en ce moment.
« J'ai normalement 16 employés, je n'en ai plus que quatre en ce moment. J'ai dû licencier. »
Des mesures pour assurer la sécurité
Il a toutefois fallu ajuster ses pratiques lors des déménagements. À El Cheapo, une trentaine de mesures ont été mises en place pour s’assurer qu’aucun risque n’est pris.
Fini les emballages plastique, les paiements par chèque et le partage des camions. Chaque déménageur est muni de gants spéciaux et d’un masque. Ce n'est pas idéal pour bien respirer, ça empêche l'air de bien rentrer
, reconnaît un employé de El Cheapo Dwayne Ramgeet.
On désinfecte le camion six fois par jour, des poignées de portes aux chariots d’équipement. On n’utilise plus les mêmes stylos, et il faut respecter la distanciation sociale
, décrit son collègue, David Baehm.
Ils disent tous deux se sentir en sécurité grâce à leur équipement, mais reconnaît que cela a complètement changé le rapport aux clients.
Récemment une cliente a désinfecté chaque billet de pourboire qu'elle nous donnait, ça a pris 5 minutes par billet qu'elle nous donnait... C'est sûr que c'est inhabituel
, se souvient M. Ramgeet.
Quand ils rentrent chez eux, même scénario de précaution avec leurs proches.
M. Ramgeet doit passer par une cabine aménagée à cet effet dans son jardin pour changer tous ses vêtements et les mettre au lavage. Il désinfecte aussi ses bottes scrupuleusement avant d'entrer chez lui.
De son côté, M. Roy a aussi mis toute une liste de mesures en place, comme le lavage des camions ainsi que désinfecter tous les équipements dès le matin.
Il a acheté des masques et des gants. J'apprends au fur et à mesure, comme les matières à éviter telles que le plastique pour que la COVID-19 ne reste pas
, précise-t-il.
Par exemple, on demande aux gens de ne pas toucher leur matelas au moins 4 heures avant de le sortir du sac, de ne pas l'utiliser pendant 24 heures, donc le mettre ailleurs que sur le lit peut-être
, dit-il.
Toutes ces mesures sont inédites pour ces entreprises de déménagement. On apprend au fur et à mesure
, estime M. Kaye. Mais pour eux, pas question d'arrêter. Ils assurent qu'aider les autres demeure leur priorité.