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Médias et COVID-19 : « une crise sur une crise »

Des exemplaires de journaux de Groupe Capitales Médias (GCM)

Des journaux de Groupe Capitales Médias

Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson

Nahila Bendali
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Mises à pied, baisse de salaires, hebdos régionaux contraints de fermer, quotidiens qui n’impriment plus en semaine : la crise de la COVID-19 frappe de plein fouet les médias du Québec. Devant la chute vertigineuse de leurs revenus publicitaires, cette industrie déjà affaiblie devra accélérer sa recherche de nouveaux modèles. Une question de survie, selon des experts.

Le premier ministre François Legault l'a reconnu : les médias occupent un rôle essentiel en ces temps de crise.

Malgré l'importance cruciale de l'information, les mises à pied, dans le domaine, sont légion.

Les médias sont déjà affaiblis et la pandémie vient ajouter une crise sur une crise, s’inquiète Sylvain Lafrance, directeur du Pôle médias à HEC Montréal. 

« Ça crée une situation qui n’a pas de sens. On a plus que jamais besoin des médias. »

— Une citation de  Sylvain Lafrance, directeur du Pôle médias à HEC Montréal

Pour Daniel Giroux, chercheur au Centre d’études des médias de l’Université Laval, il sera difficile de revenir en arrière. La situation pourrait varier d'un média à l'autre [...] Il y a beaucoup d'inconnus.

« Je ne pense pas que les médias vont retrouver tout ce qu'ils ont perdu. »

— Une citation de  Daniel Giroux, chercheur au Centre d’études des médias de l’Université Laval

Une industrie à genoux

Les géants de web siphonnent depuis plusieurs années les revenus publicitaires traditionnellement acquis aux médias. Déjà fragiles, de nombreux journaux locaux ont vu leur rentabilité fondre pendant la crise de la COVID-19. Forcés de fermer, de nombreux commerces non essentiels n'achètent plus d'encarts publicitaires.

Une du journal, où l'on voit une photo d'une affiche disant "fermé". On peut lire le titre "La crise frappe fort" puis "fermeture temporaire de nos bureaux".

L'hebdomadaire coopératif a suspendu sa parution papier en raison de la chute des revenus publicitaires.

Photo : Radio-Canada

Le Soleil, comme les cinq autres quotidiens dans le giron de la Coopérative nationale de l’information indépendante, ont d’ailleurs été contraints de suspendre l’impression des journaux en semaine pour survivre pendant la crise.

Je ne pense pas qu’ils pourront revenir en arrière, estime Daniel Giroux.

Les journaux, qui devaient déjà réfléchir à d’autres façons de financer leurs opérations, devront accélérer la cadence. Ils n’auront bientôt plus le choix de faire payer les lecteurs pour leurs articles, même en ligne, croit-il.

« Les gens qui sont attachés à lire des articles devront accepter de les payer, même lorsqu’ils sont en ligne. »

— Une citation de  Daniel Giroux, chercheur au Centre d'études sur les médias

Un modèle à réinventer

Même si les médias parviennent à survivre à la crise actuelle, ils devront toujours faire face à la crise structurelle qui les menace depuis des années.

On peut espérer qu’il y aura une prise conscience envers l’achat local, et que les gens encourageront nos entreprises face aux grandes multinationales, affirme Sylvain Lafrance, directeur du Pôle médias à HEC Montréal.

Les gouvernements ont annoncé plusieurs mesures d’aide pour les entreprises. Le fédéral a notamment mis en place un programme spécial pour les journaux.

Cela devrait aider les médias à traverser la crise actuelle, mais ce ne sera pas suffisant pour continuer de survivre avec un modèle de financement axé sur la publicité, craint Daniel Giroux.

Le salut par le contenu payant

Au Québec, le quotidien Le Devoir a mis en place un mur payant sur son site internet après quatre articles. Ce mur est tombé pour les articles traitant de la pandémie de coronavirus.

La gratuité prime dans les autres journaux, mais cela pourrait changer dans les quotidiens de la Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2i).

Les hebdos régionaux, distribués gratuitement dans les foyers du Québec, pourraient survivre plus longtemps en version papier.

« Ça leur permet de rentrer facilement dans les foyers, ce qui est intéressant pour les annonceurs. »

— Une citation de  Daniel Giroux, chercheur au Centre d’études des médias de l’Université Laval

Toutefois, la situation sera complexe pour ces publications, qui dépendent uniquement des annonceurs locaux. Alors que ceux-ci se tournent vers les géants du web, les hebdos régionaux pourraient devoir songer à un abonnement pour survivre.

Radio et télé

La radio ne sera pas épargnée par la crise de la COVID-19, mais pourrait mieux y faire face, analyse Daniel Giroux. La radio résiste depuis plusieurs années. C’est le secteur qui a vu le moins de diminution des revenus publicitaires.

Un micro de radio

La crise n'épargne pas les artisans de la radio : Cogeco a annoncé la mise à pied temporaire de 130 personnes cette semaine.

Photo : Radio-Canada

L’aspect local et segmenté de la radio lui permet d’offrir des publicités plus ciblées aux annonceurs que dans les journaux.

À la télé, les chaînes d’information en continu voient leur auditoire augmenter fortement en période de crise. Ce n’est pas à négliger, mais on avait vu la même chose lors des manifestations étudiantes de 2012. Une fois la crise passée, on revient aux habitudes en temps normal, conclut Daniel Giroux. 

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