Télétravail et COVID-19 : gare aux troubles musculo-squelettiques
Les télétravailleurs ne sont pas à l’abri d'un accident de travail

Les télétravailleurs peuvent facilement développer des troubles musculaires et squelettiques.
Photo : Radio-Canada / Isabelle Plamondon
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Depuis que le coronavirus s’est introduit dans nos vies, le télétravail est devenu la nouvelle norme. Or, l'espace de travail à la maison devrait être aménagé de façon aussi ergonomique que celui du bureau, indiquent des spécialistes.
Presque du jour au lendemain, des milliers, voire des millions de salariés ont été contraints de travailler à partir de la maison. Ils ont été lancés précipitamment dans cette nouvelle aventure avec peu ou pas de préparation.
Armés d’un ordinateur portable et d’un téléphone cellulaire, ils pourraient être tentés de travailler sur un sofa, un lit ou une table d’appoint installée devant la télévision.
Attention, toutefois, aux douleurs lombaires et aux tendinites. Les télétravailleurs ne sont en effet pas à l’abri de troubles musculo-squelettiques. Ils sont peut-être même plus à risque de développer ce genre d'inconforts.
Accident de travail
C’est du moins ce qu’anticipe Denis St-Jean, agent en santé et sécurité à l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC). Il offre des conseils et des ressources aux fonctionnaires fédéraux de la capitale nationale qui travaillent désormais à domicile.
On se retrouve avec des gens qui n’ont pas l’habitude de faire du télétravail. Ces personnes peuvent adopter des postures ou des méthodes de travail qui pourraient faire en sorte qu’elles développent des conditions de fatigue extrême ou des microtraumatismes
, explique-t-il.
[Ces blessures] pourraient mener à certaines maladies professionnelles et même à des accidents de travail.
Sylvie Bergeron, une spécialiste de l'ergonomie et de la sécurité au travail qui travaille à Gatineau, redoute elle aussi ce scénario.
Est-ce que les télétravailleurs sont plus susceptibles d’avoir des inconforts? Dans la situation actuelle, j’aurais tendance à dire oui, parce qu’il y a beaucoup d’improvisation.
La situation actuelle fait en sorte que l’aménagement de l’équipement de travail n’a pas été réfléchi
, note-t-elle. Les gens arrivent avec leur portable à la maison et ils s’installent où ils peuvent, comme ils peuvent, donc c’est normal d’avoir un peu d’inconfort.
Principes d’ergonomie pour les nuls
Dans un monde idéal, on aurait tous à notre disposition soit un repose-pieds, un repose-poignets, des bras porte-écrans, des supports pour moniteurs ou une chaise de bureau adaptée. Cependant, à la maison, les gens n'ont pas toujours tout cet équipement à portée de la main.
Les gens n’ont pas tous acheté leur maison en pensant au télétravail.
Quelques ajustements simples peuvent vous aider à adopter la bonne posture et vous éviter des blessures musculo-squelettiques au cou, au dos, aux épaules et aux poignets.
TABLE
L’une des erreurs les plus fréquentes, selon Mme Bergeron, consiste à s’installer sur une surface de travail qui est trop haute. La plupart des tables de cuisine, par exemple, sont généralement trop élevées. Quand on s’y installe, les coudes sont placés trop bas par rapport à la hauteur du clavier et, rapidement, on peut ressentir un inconfort au niveau des épaules
, rappelle-t-elle.
Les poignets et les coudes doivent être à la même hauteur que la surface de travail.
La majorité des avant-bras doivent être appuyés sur les accoudoirs de votre chaise ou sur la surface de travail.
CHAISE
La chaise est l’un des éléments les plus importants à ajuster dans l’ergonomie d’un bureau, surtout si la table de travail n’est pas ajustable. Si votre chaise est trop basse, utilisez un coussin. Placez-en un autre dans votre dos si votre siège est trop profond.
Les genoux et les cuisses doivent être parallèles au sol et placés de façon à obtenir un angle de 90 degrés.
Les deux pieds doivent toucher le sol. Au besoin, utilisez un appuie-pieds pour soulager la pression sous les cuisses.
Le dos doit être bien appuyé au dossier.
Les accoudoirs doivent être à la même hauteur que la surface de travail.
ORDINATEUR PORTABLE
Travailler avec un ordinateur portable exige un certain compromis, précise Sylvie Bergeron, puisque l’écran et le clavier sont reliés
. Ce type d'ordinateur n'est pas recommandé pour une utilisation prolongée.
Réduisez les risques d'inconfort ou de douleur en travaillant avec un clavier et une souris indépendants.
Si vous possédez un écran auxiliaire, branchez-le à votre portable. Ceci vous permettra de garder la tête droite.
Si vous ne possédez pas d'écran auxiliaire, glissez un cartable sous votre portable ou posez l’ordinateur sur un support ou un livre.
ÉCRAN
Pour protéger vos yeux, installez l'ordinateur où il y a une source de lumière naturelle à un mètre et demi de distance de la fenêtre. Positionnez l’écran perpendiculaire à la baie pour que les rayons ne frappent pas directement votre écran.
Gardez une distance de bras entre vous et l’écran.
Ajustez l’écran à la hauteur de l’œil pour permettre une posture neutre de la tête.
Placez l’écran devant vous pour éviter les torsions du cou
Même s'il ne vous est pas possible de mettre en place toutes ces mesures, nul besoin de vous inquiéter outre mesure.
Il m’apparaît important de dire que la situation est temporaire et qu’à la maison, les possibilités de prendre une pause sont plus nombreuses
, rappelle Sylvie Bergeron. Donc une personne peut ne pas être parfaitement installée, mais elle peut compenser en prenant des pauses régulièrement.
Responsabilité de l'employeur?
L'employeur a-t-il une obligation de bien outiller un employé qui travaille à la maison? La réponse est loin d'être simple.
La situation actuelle est exceptionnelle, souligne Denis St-Jean. Dans de telles circonstances, ce n'est pas facile pour les employeurs de fournir un écran, un clavier ou une chaise ergonomique à tous leurs employés.
À ce sujet, de façon générale, la loi n'est pas très claire. D'où l'importance, selon M. St-Jean, d'inclure de telles ententes dans les conventions collectives.
Les troubles musculo-squelettiques représentent la majorité des cas de maladies liées au travail, insiste-t-il. À la fonction publique fédérale, ils sont liés à 50 % des réclamations.