Communiquer en français sur le coronavirus, un enjeu au Nouveau-Brunswick
Le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, écoute la question d'une journaliste au téléphone lors d'un point de presse à Fredericton le 25 mars 2020.
Photo : Radio-Canada
La communication dans les deux langues officielles du Nouveau-Brunswick s’avère un enjeu pour le gouvernement provincial durant cette période où les interventions auprès du public sont presque quotidiennes.
Tous les jours, sauf rares exceptions, depuis que la pandémie de coronavirus a atteint les Maritimes, le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, et la Dre Jennifer Russell, médecin-hygiéniste en chef de la province, s’adressent à la population lors d’une mise à jour sur l’évolution de la COVID-19.
Mercredi après-midi, lors d’un de ces points de presse, une journaliste de Radio-Canada en Gaspésie, Isabelle Larose, a posé par téléphone une question en français au premier ministre Higgs. Le modérateur lui a demandé de reposer sa question, mais en anglais.

Extrait de la conférence de presse quotidienne du premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, au sujet du coronavirus et de la COVID-19, le mercredi 25 mars 2020.
Lorsque la journaliste a été invitée à poser une seconde question, elle l’a fait en français. Le modérateur lui a demandé à nouveau de se répéter, mais en anglais.
"Je pensais que le Nouveau-Brunswick était une province bilingue ?"
— Nicolas Steinbach (@NSteinbach_RC) 25 mars 2020
Le PM du NB est incapable de comprendre une question posée en français par une une journaliste de Radio-Canada.
Le modérateur de la Cdp demande à la journaliste de reposer sa question en anglais.
Vidéo ici: pic.twitter.com/mmspjhA7hL
Michel Doucet, un avocat du Nouveau-Brunswick spécialisé en droit constitutionnel et en droits linguistiques, trouve déplorable
qu’il n’y ait eu aucun représentant du gouvernement provincial en mesure de répondre en français à la question posée.
Le Nouveau-Brunswick étant une province officiellement bilingue, l’anglais et le français doivent être sur un pied d’égalité
lors d’un événement comme une conférence de presse du gouvernement, dit Me Doucet. C’est prévu dans la loi sur les langues officielles et la charte canadienne des droits et libertés
, précise-t-il.
Ce n’est pas parce que c’est une période de crise qu’on ne doit pas respecter les lois de la province. Je crois que c’est d’ailleurs dans les périodes de crise que c’est le plus important pour un gouvernement d’être en mesure de communiquer avec la population dans les deux langues
, dit-il.
Et si le premier ministre ne peut pas le faire
, poursuit Me Doucet, il devrait avoir avec lui un autre ministre qui sera en mesure de pouvoir répondre aux questions qui sont posées en français
.
Puisque la mise à jour quotidienne de la province est offerte avec une traduction simultanée en français sur YouTube (Nouvelle fenêtre) et Facebook (Nouvelle fenêtre), Me Doucet estime qu’on aurait dû, à tout le moins, donner des écouteurs au premier ministre pour lui permettre d’entendre une traduction en anglais de la question qui lui était posée. Ça aurait été un accommodement, non un principe d’égalité
, observe l’avocat.
Blaine Higgs a appris le français ces dernières années et prononce habituellement quelques phrases dans cette langue lors de ses allocutions, mais est visiblement plus à l’aise dans sa langue maternelle, l’anglais.
Dans le gouvernement du Nouveau-Brunswick, peu de membres du Cabinet Higgs parlent français, mais il existe des ministres pilotant des dossiers d’importance qui maîtrisent parfaitement cette langue, notamment Dominic Cardy, le ministre de l’Éducation et du Développement de la petite enfance.
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La médecin-hygiéniste en chef du Nouveau-Brunswick, la Dre Jennifer Russell, parle aussi couramment le français et s’exprime dans les deux langues officielles lors de ces mises à jour quotidiennes.
Les communiqués du gouvernement (Nouvelle fenêtre) du Nouveau-Brunswick au sujet de la COVID-19 et le portail Internet gouvernemental sur le coronavirus (Nouvelle fenêtre) sont également rédigés en français.
Avec les informations de Pascale Savoie-Brideau