La chloroquine, un espoir pour le traitement de la COVID-19?
Le médicament a donné des résultats chez certains patients, mais il faut plus d’études, préviennent les experts.

Des comprimés de chloroquine et d'hydroxychloroquine, utilisés dans une étude à l'IHU Méditerranée Infection de Marseille.
Photo : Getty Images / Gérard Julien
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Depuis une semaine, la chloroquine est sur toutes les lèvres. Ce médicament antipaludique de longue date et peu coûteux a été testé contre l’infection par le coronavirus, notamment à l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection de Marseille.
Une présentation scientifique d'un chercheur de cet institut (Nouvelle fenêtre), le professeur Didier Raoult, a d’ailleurs été visionnée plus de 850 000 fois sur YouTube. Le chercheur présentait des résultats d’une étude clinique sur 24 patients (Nouvelle fenêtre) pour traiter la COVID-19 avec de l’hydroxychloroquine, un dérivé de la chloroquine.
Dans son étude (Nouvelle fenêtre), les patients à qui on a administré ce médicament se sont rétablis plus rapidement que ceux qui n'ont rien pris. Les résultats étaient encore plus probants chez ceux qui ont pris de l’hydroxychloroquine combinée à un antibiotique, l’azithromycine.
Devant ces résultats encourageants, le gouvernement français a approuvé la tenue d’études cliniques à l’échelle du pays, et le laboratoire français Sanofi s’est dit prêt à donner des millions de doses du médicament.
Utilisée pour les cas graves au Québec
Au Québec, le Dr Michel De Marchi a confirmé à Radio-Canada qu’il a commencé à utiliser l’hydroxychloroquine pour le traitement de la COVID-19 à l’Hôpital général juif de Montréal.
Toutefois, les autorités en santé publique de la province restent prudentes avant de crier victoire. Il y a déjà eu des études en laboratoire qui ont montré qu’il y avait un potentiel
, dit le Dr Luc Boileau, président-directeur général de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux du Québec (INESSS). Mais du côté des études cliniques, il n’y a pas de démonstration franche et établie dans la communauté scientifique.
Le directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda, a martelé le même message en point de presse vendredi : La chloroquine est rapportée comme étant très efficace dans certaines situations, mais elle ne peut pas être donnée à n’importe qui
.
« La chloroquine va être donnée dans certains cas très sévères, mais elle n’est pas forcément efficace à certains niveaux de la maladie. »
Ne pas utiliser à la maison
Puisque la chloroquine est utilisée depuis longtemps contre le paludisme, aussi appelé malaria, certains pourraient être tentés de recourir à l’automédication. Un geste que déconseille fortement le Dr Boileau, car le médicament peut avoir des effets secondaires et n’aura pas forcément l’effet escompté.
« Il y a des gens qui en ont même à la maison parce qu’ils auront voyagé, puis on leur a donné ça à titre de prévention pour une infection de malaria, et qui peuvent se dire : “Bon, je vais l’utiliser, et ça va me rassurer”. On ne recommande pas ça non plus. »
Des études ailleurs dans le monde
L’engouement pour la chloroquine se fait sentir ailleurs dans le monde. Aux États-Unis, le Secrétariat américain aux produits alimentaires et pharmaceutiques (FDA) a indiqué jeudi qu’il allait faciliter les études sur la chloroquine (Nouvelle fenêtre) pour le traitement de la COVID-19.
Le président américain Donald Trump a toutefois semé la confusion jeudi en annonçant, à tort, que le médicament était déjà approuvé par la FDA pour cette maladie (Nouvelle fenêtre). Aux États-Unis, il est approuvé pour la malaria, le lupus et l’arthrite rhumatoïde.
Des études sont également menées en Australie et en Chine (Nouvelle fenêtre).
Avec la collaboration de Normand Grondin