Les travailleuses du sexe encore plus fragilisées

Des travailleuses du sexe continuent d’exercer leur profession malgré les risques liés à la pandémie de coronavirus.
Photo : iStock
La pandémie de coronavirus accroît la vulnérabilité des travailleuses du sexe. Privées des aides gouvernementales, certaines n’ont d’autre choix que de poursuivre leurs activités, et ce, malgré les risques de contagion inhérents à leur profession.
Une proportion importante de travailleuses du sexe ne déclarent pas leurs revenus par crainte d’être stigmatisées ou de subir les représailles des autorités.
Elles ne peuvent donc pas se prévaloir des prestations d’assurance-emploi ou des aides réservées aux travailleurs placés en isolement.
La plupart font ce travail-là au noir, il y en a même [...] qui n’ont pas fait leur déclaration de revenus depuis des années, qui n’existent pas, finalement, aux yeux de l’État. Donc, il n’y a aucun programme auquel elles peuvent participer
, explique la directrice du Projet intervention prostitution Québec (PIPQ), Geneviève Quinty.
Si certaines femmes refusent de continuer à travailler pendant la pandémie, d’autres ne peuvent tout simplement pas être privées de revenus durant une période prolongée.
Parmi ces femmes-là, il y en a qui ont des enfants. Elles ont besoin de mettre du pain puis du beurre sur la table. Elles vont peut-être diminuer leurs activités, mais en même temps, elles sont aussi dans l’obligation de les continuer pour nourrir leurs enfants
, observe Mme Quinty.
C’est sûr que ça les fragilise davantage, parce qu’il y en a qui vont quand même continuer d’exercer ces pratiques-là, en sachant très bien que le niveau de risque est plus élevé.
Sensibilisation
Le Projet intervention prostitution Québec fait de l’accompagnement auprès des personnes travaillant dans l’industrie du sexe. La crise de la COVID-19 a forcé l’organisme communautaire du centre-ville de Québec à fermer l’accès à son milieu de vie. Son comptoir de services demeure toutefois ouvert.
On a décidé de maintenir les services essentiels en gardant notre dépannage alimentaire, en offrant à ces femmes-là tout ce qu’il faut, le matériel d’injection, les préservatifs
, précise Geneviève Quinty.
Le PIPQ
fait également énormément de sensibilisation auprès des travailleuses du sexe, qui n’ont pas toutes les moyens de s’informer au sujet de la crise sanitaire.Elles n’ont pas toutes accès à des iPad, à des téléphones ou même à la télévision. J’en ai croisé qui n’étaient pas au courant qu’on est en pandémie en ce moment! Donc, on part de loin. Il y a vraiment un gros travail de sensibilisation à faire
, insiste la directrice du PIPQ .
Les populations vulnérables, marginalisées, il ne faut pas les laisser derrière nous, c’est bien important. C’est pour ça qu’on est encore là.
En contact avec les employeurs
L’organisme fait également de la sensibilisation auprès des centres de massages érotiques et des agences qui emploient des travailleuses du sexe. Il leur rappelle notamment l’importance de bien désinfecter les salles après chaque visite de client.
Ces mesures de précaution, même si elles sont bien appliquées, n’éliminent pas pour autant tous les risques que la pandémie fait peser sur les femmes de l’industrie, note Geneviève Quinty.
C’est sûr qu’elles ne peuvent pas non plus complètement se protéger quand on sait que dans les recommandations, il y a celle de garder une certaine distance avec l’autre. On comprend que, là, il y a une promiscuité importante.
Les personnes qui souhaitent contacter le PIPQ
peuvent composer le 418 641-0168. À l’extérieur de la grande région de Québec, le numéro sans frais est le 1 866 641-0168.Pour consulter le site Internet du PIPQcliquez sur ce lien (Nouvelle fenêtre).
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