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Créer un vaccin à vitesse grand V

Il faudra quand même 12 mois avant qu’un vaccin soit disponible, dans le meilleur des cas.

Les chercheurs regardent tout droit vers le reporter.

Les chercheurs de l’Organisme de recherche sur les vaccins et les maladies infectieuses - Centre international de recherche sur les vaccins (VIDO-Intervac) à l’Université de la Saskatchewan. De gauche à droite : Darryl Falzarano, Swarali Kulkarni, Yurij Popowych, Jocelyne Lew and Yao Lu.

Photo : Radio-Canada / Bonnie Allen / CBC

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Partout sur la planète, les chercheurs se mobilisent pour créer un vaccin contre la COVID-19. Des essais cliniques ont même commencé cette semaine aux États-Unis. L’objectif : mettre au point un vaccin efficace et sécuritaire en un temps record.

Un des essais cliniques en cours teste un vaccin appelé mRNA-1273. Il est développé par les Instituts nationaux de santé américains (NIH) et l'entreprise de biotechnologies Moderna.

De son côté, le Centre de recherche sur les vaccins et les maladies infectieuses de l’Université de la Saskatchewan (VIDO-InterVac) teste actuellement un vaccin sur un modèle animal, et les nouvelles sont encourageantes.

« Un vaccin a déjà été créé et formulé. Des animaux, des furets, ont été immunisés la semaine dernière avec deux formules différentes du vaccin.  »

— Une citation de  Darryl Falzarano, VIDO-Intervac

Le VIDO-InterVac a déjà créé avec succès des vaccins contre les souches de coronavirus liées aux animaux d'élevage.

Un virus pas trop complexe

Créer un vaccin contre un coronavirus comme le nouveau SRAS-CoV-2 (le virus qui cause la COVID-19) ne devrait pas être trop difficile, même si aucun vaccin efficace n’a été élaboré à ce jour pour l’humain.

Ce ne sont pas des virus qui ont des stratégies très développées pour échapper continuellement au système immunitaire, explique Raymond Tellier, médecin microbiologiste au CUSM et professeur agrégé à la Faculté de médecine de l’Université McGill.

« Ce ne sont pas des virus qui attaquent le système immunitaire comme le virus du VIH. […] Il y a suffisamment de choses qui permettent d'être optimiste. »

— Une citation de  Raymond Tellier, médecin microbiologiste

Repères

Le gouvernement fédéral a débloqué plus de 300 millions de dollars pour la recherche et le développement de traitements et de vaccins contre la COVID-19. Pas moins de 47 groupes de chercheurs de 19 universités canadiennes travaillent actuellement à produire de nouvelles données sur la COVID-19.

Marc-André Langlois regarde dans un microscope dans un laboratoire.

Le virologue Marc-André Langlois pilote deux projets de recherche pour lutter contre le coronavirus.

Photo : Radio-Canada

Le Pr Marc-André Langlois, titulaire de la chaire de recherche du Canada sur la virologie moléculaire et l'immunité intrinsèque, et ses collègues de l'Université d'Ottawa, travaillent au développement d'un vaccin contre la COVID-19 qui pourra être administré par voie nasale.

Le chercheur Gary Kobinger et ses collègues du Centre de recherche en infectiologie de l’Université Laval travaillent à mettre au point un modèle in vitro de la maladie COVID-19 afin d’identifier les anticorps capables de neutraliser le virus et de créer un vaccin contre le SARS-CoV-2.

Gary Kobinger, directeur du Centre de recherche en infectiologie (CRI) de l'Université Laval à Québec.

Gary Kobinger, directeur du Centre de recherche en infectiologie (CRI) de l'Université Laval à Québec

Photo : Radio-Canada / Guylaine Bussière

Son collègue Denis Leclerc travaille pour sa part à la mise au point d’un vaccin à base de nanoparticules qui aura comme particularité de stimuler la production d’anticorps.

« Notre objectif, ce n'est pas seulement d'avoir un vaccin qui va être efficace contre cette souche-là, mais qui va avoir une protection très élargie contre n'importe quelle souche qui va être apparentée à celle-ci. »

— Une citation de  Denis Leclerc

Un long processus

Dans un premier temps, un vaccin doit montrer son efficacité dans un modèle animal, explique Pierre Talbot, directeur du Laboratoire de neuro-immunovirologie à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).

Ensuite, il doit être testé lors d’essais cliniques sur les humains.

« Phase un pour les mesures de toxicité, phase deux pour l’efficacité. Puis une dernière étape : le vaccin est alors testé à plus grande échelle, c'est-à-dire sur plusieurs centaines ou même plusieurs milliers de patients. »

— Une citation de  Pierre Talbot

Toutes ces étapes prennent habituellement des années.

Évidemment, si on a affaire à une pandémie catastrophique, il y a des étapes qu’on peut peut-être accélérer, tout en sachant qu’il y a des risques de possibles effets secondaires qui n’ont pas été éliminés, explique le Dr Raymond Tellier.

Selon le Dr Tellier, plusieurs mois, voire plus d’un an, seront quand même nécessaires pour mettre au point un vaccin.

« Après les tests sur les animaux et les humains, des permis doivent être délivrés et les vaccins doivent être fabriqués en masse.  »

— Une citation de  Raymond Tellier

Outre les équipes mentionnées ci-dessus, d’autres groupes travaillent à mettre au point un vaccin contre le SRAS-CoV-2 ou un traitement contre la COVID-19. Certains autres affirment que des substances permettent de traiter la maladie.

  • La compagnie biotechnologique Entos Pharmaceuticals d’Edmonton affirme être sur le point de terminer la mise au point d’un candidat-vaccin, et cherche des partenaires pour réaliser des essais cliniques.
  • L’entreprise américaine Gilead travaille à la mise au point d’un traitement antiviral, le remdesivir, qui pourrait être disponible plus tard dans l'année. Cet antiviral a été développé contre d'autres virus comme Ebola sans être efficace, mais il se serait montré prometteur dans le traitement de certains patients atteints du coronavirus en Chine, aux États-Unis et en France. Gilead procède actuellement à des essais cliniques en Asie.
  • Le laboratoire allemand CureVac, financé par l’Union européenne, espère aussi commercialiser un vaccin d’ici l’automne prochain.
  • L’entreprise américaine Regeneron travaille sur un traitement-vaccin. Des essais cliniques pourraient commencer cet été. Son médicament, administré par voie intraveineuse, a permis d'améliorer significativement le taux de survie de patients infectés par le virus Ebola. Ce médicament pourrait fonctionner à la fois comme un traitement et comme un vaccin.
  • Le groupe pharmaceutique français Sanofi développe un candidat-vaccin, en utilisant une technologie de recombinaison de l'ADN à la base de son vaccin contre la grippe. Sanofi estime qu’il pourrait disposer d'un candidat-vaccin « dans moins de six mois » et qu’il pourra commencer des essais sur l’humain dans environ un an à un an et demi.
  • L’américaine Inovio Pharmaceuticals voudrait commencer des essais cliniques de son candidat-vaccin dans les prochains mois aux États-Unis en Chine et en Corée du Sud. Son objectif est de livrer un vaccin en urgence d’ici la fin de l’année.
  • La Britannique GlaxoSmithKline (GSK) collabore avec une biotech chinoise pour mettre à disposition sa technologie de fabrication d'adjuvants pour les vaccins contre les épidémies.
  • L’entreprise pharmaceutique Johnson & Johnson envisage d'utiliser certains de ses médicaments afin de voir s'ils peuvent aider à traiter les symptômes des patients déjà infectés par le virus.

La colchicine à l'essai

Une étude, nommée COLCORONA, sera menée par le centre de recherche de l'Institut de cardiologie de Montréal (ICM) et financée par le gouvernement du Québec.

L’équipe du Dr Jean-Claude Tardif, directeur du centre de recherche de l’ICM Institut de cardiologie de Montréal et professeur de médecine à l’Université de Montréal, étudie depuis plusieurs années la colchicine, un médicament souvent utilisé pour traiter la goutte et les péricardites.

Le Dr Tardif pense que ce médicament – un anti-inflammatoire très puissant – pourrait réduire le risque de complications pulmonaires liées à la COVID-19.

Quercétine, chloroquine et interféron Alfa-2B

Le Dr Michel Chrétien, de l’Institut de recherches cliniques de Montréal, estime que la quercétine pourrait avoir des effets préventifs et curatifs contre les virus.

Cette substance végétale, connue notamment pour ses effets anti-inflammatoires et son efficacité dans la baisse du cholestérol, aurait déjà fait ses preuves contre les virus Ebola et Zika lors de tests effectués en 2014. Son équipe a envoyé des doses à un des chercheurs chinois pour qu'ils puissent mener des tests sur le terrain. Les résultats pourraient être connus dans les prochains mois.

La chloroquine, un médicament contre le paludisme commercialisé depuis 70 ans, pourrait aussi permettre de traiter la COVID-19, affirme le Français Didier Raoult, directeur de l’IHU Méditerranée Infection de Marseille. Des essais cliniques seraient actuellement en cours en Chine pour explorer l’efficacité de cette molécule.

Un médicament antiviral créé dans les années 1980 par une compagnie cubaine, l’interféron Alfa-2B, permettrait aussi d’atténuer les effets de la COVID-19. Celui qui a été créé pour traiter d'autres infections virales (hépatites, VIH) et certains cancers serait également à l’essai actuellement en Chine.

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