Les hôpitaux ontariens seront-ils capables de soigner tous les cas sévères de la COVID-19?
L'Ontario dispose d'environ 2000 lits d'unités de soins intensifs et de 1300 respirateurs artificiels.

Plusieurs provinces tentent de se procurer davantage de respirateurs artificiels.
Photo : iStock
Dans environ 36 jours, les patients ontariens pourraient devoir attendre pour avoir accès à des lits en unité de soins intensifs ou à un respirateur artificiel, selon un groupe de chercheurs.
Et ce, dans un scénario optimiste où la province verrait une augmentation des cas de COVID-19 d’environ 7,5 % par jour… soit une hausse bien plus basse que le taux actuel.
Jeudi, les nouvelles contaminations répertoriées en Ontario ont augmenté de près de 20 %, selon le décompte des autorités de santé publique.
Les modèles utilisés par les spécialistes de l’Université de Toronto, du Réseau de santé universitaire, et de l’Hôpital Sunnybrook prennent en compte les ressources disponibles dans le système de santé de la province et la croissance des cas confirmés de coronavirus.
Selon Beate Sander, qui fait partie de l’équipe à l’origine de l’étude, l’Ontario dispose actuellement de 2000 lits de soins intensifs et de 1300 respirateurs.
Nous sommes au courant que la pression va être très forte sur notre système de santé,
a répondu en conférence de presse la ministre de la Santé de l'Ontario, Christine Elliott.
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Elle ajoute que la province travaille à augmenter ses capacités. Elle indique notamment que le gouvernement est en discussion avec des fabricants de pièces automobiles afin d’utiliser leurs infrastructures pour fabriquer des respirateurs.
Dans le pire scénario modélisé par l’équipe, les lits de soins intensifs viendraient à manquer d’ici seulement 15 jours. Ce déroulement est basé sur la situation en Italie, avec une augmentation des cas de 33 % par jour.
Avec plus de 3400 morts répertoriés jeudi depuis le début de la pandémie, l’Italie dépasse désormais le bilan de la Chine.
L’autre problème pointé du doigt par le rapport est l’absence, à la connaissance des experts, de plan de priorisation modélisée pour les ressources. À savoir, par exemple, si la personne avec le temps d'attente le plus long devrait, ou pas, être la première à obtenir un lit ou un respirateur, en cas de manque.
Inquiétudes sur la capacité de traitement des hôpitaux
Les services d’urgence des hôpitaux ontariens souffrent d’une surfréquentation chronique depuis plus de dix ans
, alerte Alan Drummond, urgentologue et médecin de famille à Perth, à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest d’Ottawa.
La plupart des hôpitaux canadiens atteignent régulièrement une occupation de 100 %, souvent 120 % et même 150 % en ce qui concerne Montréal
, explique-t-il.
« Les patients sont placés dans des espaces non conventionnels, comme des salles de conférence, des toilettes, des couloirs. Soyons clairs : il n’y a pas de capacité supplémentaire. »
Une solution débrouillarde à ce problème?
Le médecin anesthésiste Alain Gauthier, qui a un doctorat en mécanique respiratoire et travaille également à Perth, a improvisé un moyen de doubler la capacité de ventilation de son petit hôpital en prévision d'une éventuelle éclosion de COVID-19. Il a repéré l'idée dans une vidéo YouTube.
Essentiellement, l'installation consiste à faire fonctionner deux tuyaux à partir d'un respirateur et à doubler la puissance.
En seulement 10 minutes et à l'aide de tubes supplémentaires, M. Gauthier a permis de doubler le nombre de patients ventilés à l'hôpital en même temps, si nécessaire.
Cependant, les deux patients attachés au même ventilateur doivent être de taille et de capacité pulmonaire similaires. Et si un patient refuse, les choses devront être ajustées.
Ce n'est pas parfait
, mais comme le confie Alain Gauthier, mais s'il s'agit du dernier recours, je suis prêt à l'utiliser.
Avec les informations de Natasha MacDonald-Dupuis, Rozenn Nicolle, La Presse canadienne