Comment éviter l’angoisse du coronavirus aux enfants?

Comment éviter l’angoisse du coronavirus aux enfants?
Photo : iStock / evgenyatamanenko
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les conséquences de la pandémie de COVID-19 peuvent être angoissantes pour les enfants. Au changement de leur routine quotidienne qu’entraîne la fermeture des écoles, des garderies, des bibliothèques et des piscines s’ajoute l’annulation de toutes sortes d’événements, sans compter le stress qu’ils peuvent percevoir dans leur entourage. Comment les aider à traverser cette période?
La première étape est d’écouter les enfants et de reconnaître leurs craintes.
C’est important de donner des faits qui sont justes, sans être ni trop optimistes ni trop pessimistes, souligne la Dre Johanne Lévesque, neuropsychologue et experte du cerveau. Il faut donner une information plutôt neutre qui relate des faits.
Les enfants, comme les adultes, ont besoin d'être informés. Ce n’est pas habituel pour eux de rester à la maison deux semaines au milieu de l'année scolaire, donc il faut les informer, mais le faire de façon adéquate.
Il n’est toutefois pas nécessaire de trop en dire à un enfant qui ne pose pas de questions et susciter ainsi une inquiétude qu’il n’avait pas. Mieux vaut attendre, plutôt que de lui transmettre des craintes inutiles.
Vous n’avez pas besoin de répondre à chaque interrogation que vous avez vous-même, mais plutôt à ce que les enfants vous demandent et à ce qui les inquiète, d’une façon calme et contrôlée
, rappelle la pédiatre Dina Kulik, à l’antenne de CBC. (Nouvelle fenêtre)
On devrait également limiter leur exposition (et la nôtre par la même occasion) aux nouvelles, soulignait la Dre Cécile Rousseau, psychiatre clinicienne à l’Hôpital de Montréal pour enfants, à l’émission spéciale de Découverte.
L’information est importante [....] mais trop d’information, c’est angoissant
, avertit la Dre Rousseau, qui recommande donc aux parents de ne pas laisser la télévision allumée toute la journée.
Ce n’est pas bon pour les enfants d’être exposés à ces contenus toute la journée. Réguler notre exposition au stress, c'est important.

La pédopsychiatre Cécile Rousseau
Photo : Radio-Canada
Des réponses selon l’âge
Il faut, bien sûr, adapter nos réponses au niveau de maturité des enfants.
À ceux d’âge préscolaire, on peut expliquer que l’on reste à la maison pour prendre soin les uns des autres.
On peut leur dire que c’est important de rester à la maison pour bien prendre soin de nous et s’assurer de ne pas rendre malades les personnes qu’on aime, comme grand-papa et grand-maman
, conseille la Dre Lévesque.
Dans les cas des enfants particulièrement anxieux, il faut chercher à comprendre ce qui les inquiète et recadrer l’information, souligne la neuropsychologue.
Les enfants peuvent faire des liens qui sont faux ou comprendre les choses de façon inappropriée. Les anxieux vont avoir tendance à s’imaginer des scénarios catastrophiques.
Il est donc important de les rassurer en donnant une information juste et en expliquant les mesures mises en place pour contrer la propagation du virus.
On conscientise l’enfant avec l’information qui est juste, mais on fait aussi un plan d’action auquel on le fait participer, en disant : tu vois, ce virus-là on peut l’attraper si on éternue les uns sur les autres, alors c’est pour ça qu’on te demande d'éternuer dans ton coude
, explique la Dre Lévesque.

Des conseils pour réduire les risques de propagation du COVID-19.
Photo : Radio-Canada
En mettant en place des moyens concrets, on peut tenter de contrer chacune des inquiétudes de l’enfant.
En ce qui concerne les adolescents qui ne semblent pas prendre la question au sérieux ou qui s’abreuvent à des sources peu fiables, il faut les questionner, croit la Dre Cécile Rousseau.
Ce sera une occasion de développer leur esprit critique et de discuter avec eux plutôt que de leur imposer des décisions.
Autrement, le risque est qu’ils s’opposent et fassent exactement le contraire de ce qu’on leur demande, croit-elle. En engageant la discussion, on montre qu’on les prend au sérieux et on peut les amener à questionner la crédibilité de leurs sources.
C’est aussi une occasion de les responsabiliser, ajoute la Dre Lévesque.
Si on leur impose simplement la quarantaine, ça ne passera pas pour la plupart d'entre eux
, souligne-t-elle. Alors que si on leur explique clairement les raisons de l’isolement et on leur donne du pouvoir, leur attitude peut changer.
En leur disant : toi, que tu sois en quarantaine, ça compte autant que moi ou notre voisin, parce que toi aussi tu peux faire la différence dans cette crise-là; non seulement tu te protèges toi, qui es moins à risque, mais également [une personne plus vulnérable] qui est significative pour l’ado.
- Consultez notre dossier en ligne sur la COVID-19 : Tout sur la pandémie
- Suivez l'évolution de la situation en regardant le signal débrouillé de la chaîne d'information RDI
Les routines qui rassurent
Pour les plus petits, le plus important est de les rassurer et de revenir à la routine, affirment les experts. Avec la fermeture des garderies et des écoles, leur quotidien a été chamboulé. Il faut réorganiser cet espace
, croit Mme Rousseau.
Pour toute personne qui est anxieuse ou stressée, de savoir ce qui va se passer dans les prochaines heures, durant la journée ou les prochaines semaines, c’est toujours très rassurant.

Faire l'école à la maison
Photo : CBC / Steve Bruce
Si, au début du congé, les enfants vont se sentir un peu comme en vacances, à mesure que les jours passent, ils vont trouver le temps plus long.
Elle recommande donc d’instaurer une routine reproduisant le déroulement normal des journées, avec des activités de nature intellectuelle, telles que des devoirs et des leçons, mais aussi des moments de plaisir et de l’activité physique.
Certains peuvent aussi avoir besoin de moments seuls.
Les enfants et les adultes qui sont confinés dans un espace relativement restreint pendant des jours et des jours alors que ce n’est pas habituel peuvent finir par trouver les autres envahissants, souligne l’experte. Il faut donc se donner la permission de prendre du temps pour soi à l’écart, que ce soit dans sa chambre, dans le sous-sol, peu importe, mais il faut se donner la permission de se retirer.
Enfin, souligne la neuropsychologue, il est important de se mettre dans un état émotionnel positif au quotidien. Puisqu’on ne peut être à la fois angoissé et joyeux, la joie va donc chasser l’anxiété.
D’avoir des stimuli déclencheurs, comme une liste de chansons ou une activité qui va automatiquement nous ramener dans un état émotionnel positif, et d’y avoir recours régulièrement, ça va nous permettre de mieux vivre ce genre de crise là.
À lire aussi:
COVID-19 : la gestion du stress et de l’anxiété en période de pandémie
Coronavirus : Qu’est-ce qui explique que les enfants soient moins à risque?