L'OMS déclare une pandémie mondiale
De nombreux pays annoncent des modifications à leurs politiques budgétaires ou monétaires afin d'éviter le pire.

Un homme désinfecte une mosquée à Istanbul, en Turquie.
Photo : afp via getty images / Yasin Akgul
Le coronavirus est désormais une pandémie mondiale, a annoncé mercredi le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Nous sommes extrêmement préoccupés tant par le niveau alarmant et par la sévérité de la propagation que par le niveau d'inaction
, a-t-il déclaré en conférence de presse à Genève, en Suisse.
Nous avons donc décidé de considérer que la COVID-19 peut être qualifiée de pandémie.
« Dans les jours et les semaines à venir, nous nous attendons à voir le nombre de cas, le nombre de décès et le nombre de pays touchés augmenter. »
Décrire la situation comme une pandémie ne change pas l'évaluation de la menace posée par ce coronavirus. Cela ne change pas ce que fait l'OMS, et cela ne change pas ce que les pays devraient faire
, a précisé le Dr Tedros.
Selon le site de l'OMS, une pandémie est déclarée lorsqu'un nouveau virus [...] apparaît et se propage dans le monde entier, en l'absence d'immunité dans la grande majorité de la population
.
Selon l'OMS, le nombre de cas hors de Chine a été multiplié par 13 au cours des deux dernières semaines et le nombre de pays touchés a triplé.
L'Iran et l'Italie sont désormais les pays qui sont en première ligne
de la lutte contre la COVID-19, a souligné le Dr Michael Ryan, responsable des programmes sanitaires d'urgence de l'OMS, mais d'autres pays seront dans la même situation très bientôt
.
La situation en Iran est très grave
, a encore dit le Dr Ryan, en soulignant la pénurie d'appareils d'assistance respiratoire et d'oxygène
qui sévit dans le pays.
L'Iran fait de son mieux. Ils ont besoin de beaucoup d'équipements. Nous essayons de mobiliser davantage de soutien pour l'Iran
, a ajouté le Dr Tedros.
En Italie, la Protection civile a recensé mercredi 196 nouveaux cas de COVID-19 au cours des dernières 24 heures, pour un total de 827 décès. Il s'agit d'une hausse de 31 %. Le nombre de cas a bondi de 10 149 à 12 462 cas, un bond de près de 23 %.
Depuis l'apparition du nouveau coronavirus en décembre, 124 101 cas de COVID-19 ont été recensés dans 113 pays et territoires, causant la mort de 4566 personnes, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles, mercredi, à 13 h (HAE).
Parmi les autres développements à signaler aujourd'hui :
- aux États-Unis, le président Donald Trump a annoncé suspendre l'entrée de tous les voyageurs en provenance d'Europe;
- la NBA suspend tous les matches de la saison, après un cas constaté de coronavirus chez un joueur de Utah;
- le Canada débloque un milliard de dollars pour lutter contre la COVID-19;
- Québec annule les championnats du monde de patinage artistique, prévus du 16 au 22 mars à Montréal;
- l'acteur américain Tom Hanks et son épouse, qui séjournent en Australie, ont contracté le virus;
- en Espagne, les cas de COVID-19 ont quadruplé depuis dimanche;
- en France, 15 personnes sont mortes, portant le bilan à 48 victimes sur 2281 cas recensés;
- Le Royaume-Uni annonce un soutien budgétaire de 30 milliards de livres (53 milliards de dollars canadiens) et une baisse conséquente des taux de la Banque d'Angleterre;
- L'Australie annonce un plan de relance de 18 milliards de dollars australiens (18 milliards de dollars canadiens);
- la Martinique place en quarantaine un navire de croisière qui doit faire escale jeudi à Fort-de-France, en raison de soupçons;
- la Polynésie française connaît son premier cas, une députée revenue de Paris;
- le Salvador interdit toute entrée aux étrangers, sauf aux diplomates et aux résidents, soumis à 30 jours de quarantaine;
- en Corée du Sud, le nombre de nouveaux cas quotidien repart à la hausse, après cinq jours de baisse;
- en Iran, un remède de charlatan contre la maladie a maintenant fait 84 morts;
- en Allemagne, la chancelière Angela Merkel avance que 60 % à 70 % des Allemands pourraient contracter la COVID-19;
- en Thaïlande, deux agents d'immigration de l'aéroport de Bangkok ont contracté la COVID-19;
- l'Indonésie et l'Irlande signalent leur premier décès attribuable à la maladie;
- l'Inde suspend tous les visas de tourisme et impose une quarantaine aux voyageurs revenant de sept pays touchés;
- en Chine, des entreprises de Wuhan, épicentre de l'épidémie, reprennent leurs activités;
- un passager du Grand Princess déclaré positif au coronavirus;
- des pénuries de désinfectants pour les mains et de papier de toilette sont signalées au Canada;
- à Wall Street, les bourses plongent de nouveau.
Des gouvernements au chevet de l'économie
L'annonce de l'OMS survient au moment où de nombreux pays annoncent des modifications à leurs politiques budgétaires ou monétaires dans le but d'éviter le pire.
En Italie, pays le plus touché d'Europe, le gouvernement vient de débloquer d'urgence 25 milliards d'euros (39 G$ CA) pour soutenir l'économie du pays, durement touchée par la quarantaine en vigueur. Le gouvernement avait annoncé un plan d'aide de 7,5 milliards d'euros la semaine dernière, mais l'épidémie a beaucoup progressé depuis.
Le pays fonctionne au ralenti. Les autorités ont annoncé mercredi soir la fermeture de tous les commerces, excepté les épiceries et les pharmacies. Le ministre italien de l'Économie a donc jugé qu'il était raisonnable de dire que le produit intérieur brut chutera pendant quelques mois
.
Au Royaume-Uni, où le plus récent bilan fait état de 6 morts sur un total de 373 cas confirmés, le gouvernement Johnson a pour sa part injecté 30 milliards de livres (53 G$ CA) dans son économie, après que la Banque d'Angleterre eut abaissé son taux directeur, comme cela a déjà été fait aux États-Unis et au Canada.
En Allemagne, la chancelière Angela Merkel s'est même dite prête à abandonner la sacro-sainte règle du zéro déficit public pour faire face à l'épidémie de coronavirus, en invoquant une situation extraordinaire
. Le cas de l'Allemagne, qui comptait mercredi matin 1296 personnes infectées et a enregistré un troisième décès, est toutefois moins dramatique qu'en Italie.
Au Canada, le gouvernement Trudeau a aussi annoncé mercredi un fonds de 1 G$ CA pour venir en aide aux travailleurs et aux systèmes de santé provinciaux et territoriaux.
Consultez tous nos contenus dans notre dossier sur la pandémie de COVID-19.
En Espagne, les cas de COVID-19 ont quadruplé depuis dimanche
L'Espagne, deuxième pays le plus touché en Europe après l'Italie, compte maintenant 2128 cas de COVID-19 et a enregistré 47 morts, la grande majorité dans la région de Madrid, selon le dernier bilan du ministère de la Santé.
Le nombre de cas a ainsi bondi de 22 % par rapport à mardi; depuis dimanche, il a presque quadruplé. La moitié des cas se concentrent dans la région de Madrid, où 31 décès ont été déclarés.
Pris de court par ce bond de la contagion, le gouvernement espagnol a annoncé mardi une batterie de mesures pour tenter d'éviter un scénario à l'italienne
.
Cela inclut la fermeture des écoles pour deux semaines dans la région de Madrid, l'interdiction des vols en provenance d'Italie, des compétitions sportives à huis clos et la désinfection des transports publics dans la capitale.
Selon le responsable du centre d'alerte sanitaire national, Fernando Simon, l'impact de ces mesures sur le nombre de cas se verra seulement au bout de 9 à 10 jours
, étant donné la période d'incubation de la maladie.
Il a en outre souligné qu'il faudrait entre un mois et demi et deux mois
pour venir à bout de l'épidémie, voire quatre mois
dans le pire des cas
.
En Iran, un remède de charlatan fait 84 morts
L'Iran a annoncé mercredi la mort de 63 personnes supplémentaires infectées par le nouveau coronavirus, pour un total de 354 morts dans ce pays, le plus touché au Moyen-Orient.
Les autorités ont également recensé 958 nouveaux cas de contamination, portant à quelque 9000 le nombre de personnes infectées en Iran. Plus du quart des nouveaux cas sont répertoriés à Téhéran.
Les mouvements doivent être réduits au minimum
, a de nouveau plaidé le président iranien Hassan Rohani, lors d'une réunion du gouvernement lors de laquelle tous les ministres portaient un masque. Tout le monde doit être prudent afin que la propagation du virus puisse être contenue
.
Outre les décès directs, 84 personnes sont mortes d'une intoxication au méthanol en Iran après des rumeurs selon lesquelles boire de l'alcool pouvait aider à guérir ou à protéger contre le virus. Au Khouzestan, le nombre de décès dus à l'intoxication est même plus élevé que celui attribuable à la COVID-19.
Hausse des cas en Corée du Sud
Séoul a annoncé mercredi pour la première fois en cinq jours une hausse du nombre de nouveaux cas d'infection au coronavirus, alors que la baisse des derniers jours avait laissé espérer une issue prochaine de cette crise.
La Corée du Sud avait été le premier pays, après la Chine, à enregistrer une très forte propagation de l'épidémie de COVID-19, et demeure l'un des pays les plus touchés au monde.
Au total, 242 nouveaux cas ont été recensés mardi, ont annoncé mercredi les Centres coréens pour le contrôle et la prévention des maladies (KCDC), ce qui porte le total de personnes infectées en Corée du Sud à 7755. Séoul a déploré six nouveaux décès, ce qui porte le bilan à 60 morts.
Un nouveau groupe d'infection a été repéré à partir d'un centre d'appel de la capitale. Au moins 90 personnes ont été contaminées, entre les employés de cette entreprise et les membres de leur famille.
C'est le plus important foyer d'infection à Séoul
, a déclaré mercredi à la radio le maire de la capitale Park Won-soon, précisant que des tests de dépistage étaient réalisés auprès d'un demi-millier de personnes travaillant dans le même immeuble.
Plus de 60 % des cas recensés en Corée du Sud sont liés à l'Église Shincheonji de Jésus, une organisation accusée par certains d'être une secte. Une de ses adeptes, une femme de 61 ans, avait assisté à quatre cérémonies religieuses avant d'être déclarée comme porteuse du virus.
L'économie reprend vie à Wuhan
Les entreprises peuvent progressivement reprendre leurs activités à Wuhan, la ville chinoise à l'épicentre de l'épidémie de coronavirus, ont annoncé mercredi les autorités.
Celles qui produisent des biens et services de première nécessité peuvent redémarrer sans délai, a annoncé le gouvernement provincial du Hubei, dont dépend la municipalité.
Dans cette catégorie figurent notamment les entreprises médicales (équipements, médicaments), les services publics (fourniture de gaz, d'électricité, de chauffage), l'alimentation (supermarchés, ventes de fruits, légumes, viandes, oeufs) ou la production agricole (semences, engrais, pesticides).
Les compagnies faisant partie d'autres secteurs d'activité, mais ayant une grande importance dans la chaîne de production nationale et mondiale
pourront reprendre le travail après obtention d'une autorisation. Les autres entreprises ne seront autorisées à redémarrer leurs activités qu'à partir du 21 mars.
Les transports de passagers par avion, train, voiture, bateau et bus pourront « reprendre progressivement » dans les zones à « risque modéré ou faible » (Wuhan non comprise), a indiqué le gouvernement du Hubei, sans avancer de calendrier précis.
La Chine a enregistré 22 morts du coronavirus au cours des dernières 24 heures, a annoncé mercredi la commission nationale de la Santé, qui fait également état d'une légère remontée du nombre de nouvelles contaminations.
Le pays où la COVID-19 est apparue à la fin de l'an dernier compte désormais 3158 décès sur un total mondial qui a franchi mardi la barre des 4000 morts. Pékin avait annoncé mardi 17 nouveaux décès.
Le nombre total de contaminations est désormais de 80 778 en Chine, mais 61 475 personnes sont considérées comme guéries.
Le gouvernement chinois a par ailleurs annoncé mercredi que toutes les personnes arrivant de l'étranger à Pékin seront désormais placées en quarantaine pour 14 jours.