Accueil tiède en Estrie pour le budget 2020 du gouvernement Legault

Au Syndicat de l'enseignement de l'Estrie (SEE), la déception est grande. Pour une note sur 10, je ne donnerai pas plus de 4 à ce gouvernement, évalue Richard Bergevin, président de la SEE.

La raison pour laquelle je donne une note aussi basse, c’est parce que le gouvernement a investi beaucoup dans les infrastructures, mais très peu dans les services aux élèves, décrie M. Bergevin.

« On a 3,6 milliards de dollars de surplus dans la province cette année et on se retrouve avec seulement 141 millions de dollars d’investissements dans les services. »

Il concède toutefois que les 150 classes spécialisées qui ont été annoncées constituent une annonce intéressante. Ça représente 3,5 classes financées à Sherbrooke [à la Commission scolaire des] Sommets et une dans celle des Hauts-Cantons, dit-il.

Au Conseil central des syndicats nationaux de l'Estrie (CCSNE), son président Denis Beaudin se dit également déçu, car il avait de grandes attentes. On nage dans les milliards. On a de l’argent. C’était le temps de réinvestir, spécialement pour les emplois et les services publics, regrette-t-il.

« On sait qu’on recherche des employés. On en perd. On a besoin de donner un coup de barre à ce niveau-là. C’est décevant. »

De nombreux investissements pour l’environnement

Dans son budget dévoilé mardi, le ministre des Finances a promis 6,7 milliards de dollars sur 5 ans pour lutter contre les changements climatiques. Le ministre estime d’ailleurs que ces investissements donneront naissance au plus important chantier environnemental jamais entrepris au Québec.

Une annonce qu'a bien accueillie le Conseil régional de l'environnement de l'Estrie (CREE). On a annoncé qu’on allait doubler les fonds pour les changements climatiques, et ça, c’est une très bonne nouvelle, souligne Jacinthe Caron, directrice du CREE, qui a néanmoins décrit le budget comme étant sans surprise.

Mme Caron salue également les investissements qui seront effectués dans les transports collectifs. Dans son budget, le gouvernement Legault prévoit investir 2,3 milliards de dollars pour les projets d’électrification des camions lourds et des véhicules de transport collectif au cours des 5 prochaines années.

Mme Caron regrette néanmoins n’avoir rien vu pour la région de l’Estrie, autant pour Sherbrooke que pour les milieux ruraux qui, selon elle, ont besoin de développer énormément leur réseau de transport collectif.

Marc Denault, président de la Société de transport de Sherbrooke (STS) et conseiller municipal du district du Golf, a bon espoir que Sherbrooke aura sa part du gâteau et que des sommes issues de cette enveloppe pour le transport collectif seront investies à Sherbrooke.

Avant la présentation du budget, M. Denault dit avoir rencontré des députés et leurs adjoints de la Coalition avenir Québec, ainsi que la députée de Sherbrooke Christine Labrie, et leur avoir présenté les besoins de la STS en projets structurants. Un montant additionnel de 800 000 $ par année a alors été demandé pour bonifier le transport en commun à Sherbrooke.

Aide aux victimes de violence conjugale

Une somme de 181 millions de dollars sur cinq ans dans le budget sera consacrée à la prolongation du Plan d’action du gouvernement en matière de violence conjugale, qui devait prendre fin en 2023.

Marie-Danielle Larocque, agente à la vie associative chez ConcertAction femmes Estrie (CAFE), accueille favorablement cet investissement.

L'argent promis permettra d'adapter certaines maisons pour qu'elles soient plus accessibles, pour qu'on puisse recevoir des femmes en situation de handicap, et permettra d'obtenir des services d'interprétariat pour les femmes immigrantes, estime-t-elle.

« Les besoins augmentent. En région, les maisons d'hébergement débordent. »

L'agente à la vie associative met toutefois un bémol au budget du ministre Girard quant à la sensibilisation.

On déplore le fait qu’il y ait peu d’investissements au niveau de la prévention et de la sensibilisation pour enrayer les violences faites aux femmes, mentionne-t-elle.

Selon elle, de plus en plus de femmes vont cogner aux portes des centres de femmes qui sont des organismes locaux. Des centres dont on n'entend pas du tout parler dans ce budget, tranche-t-elle.

Avec les informations de Guylaine Charette