La formation pour les pilotes du 737 MAX jugée « inadéquate », selon un rapport

Cérémonie d'hommage aux victimes de l'écrasement du Boeing 737 MAX d'Ethiopian Airlines
Photo : Reuters / Tiksa Negeri
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les enquêteurs éthiopiens chargés de déterminer les causes de l'écrasement du Boeing 737 MAX d'Ethiopian Airlines ont mis en cause notamment la formation inadéquate
fournie par l'avionneur américain, dans un rapport d'étape publié lundi à la veille du premier anniversaire de la catastrophe.
Le 10 mars 2019, six minutes après son décollage d'Addis-Abeba, le vol ET302 à destination de Nairobi s'est écrasé dans un champ au sud-est de la capitale éthiopienne, tuant sur le coup les 157 passagers et membres d'équipage.
Cet accident est survenu moins de cinq mois après celui d'un 737 MAX de la compagnie indonésienne Lion Air qui a fait 189 morts en s'écrasant quelques minutes après son décollage de Jakarta, en Indonésie.
La succession des deux tragédies a plongé l'avionneur américain dans la pire crise de son histoire.
C'est principalement le dysfonctionnement du système anti-décrochage MCAS, spécialement conçu pour compenser les moteurs plus lourds du 737 MAX, qui a été mis en cause dans les deux catastrophes.
Pour les enquêteurs du ministère éthiopien des Transports, la différence de formation entre le B737 NG (modèle qui précède le 737 MAX) et le B737 MAX, fournie par le constructeur, paraît inadéquate
.
Dans un rapport préliminaire en avril 2019, les enquêteurs éthiopiens avaient souligné que les pilotes du vol ET302 avaient respecté les procédures recommandées par Boeing, mais n'avaient pas été en mesure de reprendre le contrôle de l'appareil.
Dans leur rapport publié lundi, ils estiment que la conception du système MCAS le rend vulnérable à une activation indésirable
. Plus précisément, le rapport souligne le fait que le système peut être activé par un seul des capteurs de mesure de l'angle d'attaque de l'appareil.
Ainsi, dans le cas du vol ET302, les enquêteurs éthiopiens relèvent peu après le décollage
une mesure erronée
de l'angle d'attaque en provenance du capteur du côté gauche.
Cette mesure a activé automatiquement le système MCAS, ce qui a conduit l'appareil à piquer du nez, à plusieurs reprises.
Ils soulignent également que les mesures de l'angle d'attaque de l'appareil diffèrent entre le capteur gauche et le capteur droit, et ce, jusqu'à la fin de l'enregistrement des données de bord, c'est-à-dire jusqu'à l'écrasement.
Nous avons hâte d'examiner les informations complètes et les recommandations formelles qui seront contenues dans le rapport final du Bureau éthiopien enquête et accident
, a réagi dans un communiqué Boeing, qui a de nouveau adressé ses sincères condoléances
aux familles et aux proches des victimes de l'ET302.
« Tire avec moi »
Le rapport donne également des détails sur les derniers échanges entre les deux hommes dans le cockpit. Tire avec moi!
, enjoint le pilote Yared Getachew à son copilote Ahmednur Mohammed alors qu'il tente de reprendre le contrôle du 737 MAX et de redresser le nez de l'appareil.
Les dernières mesures du vol indiquent que l'appareil se déplaçait à plus de 900 km/h et descendait à plus de 33 000 pieds par minute (10 km par minute).
L'avion s'était écrasé dans un champ au sud-est d'Addis-Abeba, provoquant un cratère de 10 mètres de profondeur, 40 mètres de longueur et 28 mètres de largeur
. Des débris de l'appareil avaient été retrouvés à des centaines de mètres du point d'impact.
Vendredi, la commission des Transports du Congrès américain a jugé que le 737 MAX de Boeing était un avion fondamentalement défectueux et dangereux
.
Le 737 MAX est cloué au sol depuis le 13 mars 2019. Les autorités du monde entier avaient pris cette décision rarissime en raison des similitudes entre les catastrophes de Lion Air et d'Ethiopian Airlines.
Le géant de Seattle a suspendu les livraisons, arrêté la production et remplacé son directeur général. Cette crise est la plus grave en 104 ans d'histoire du célèbre avionneur.

Cérémonie de recueillement des familles des victimes de l'écrasement du Boeing d'Ethiopian Airlines à l'ambassade de France à Addis-Abeba
Photo : Reuters / Tiksa Negeri
Boeing travaille actuellement à un correctif du système MCAS pour obtenir la levée de l'interdiction de vol.
Mardi, des proches des 157 victimes, originaires de plus de 30 pays, sont attendus sur les lieux de l'écrasement pour participer à une cérémonie intime.
Dimanche, des centaines d'Éthiopiens, essentiellement des villageois vivant aux alentours, ont rendu un émouvant hommage aux victimes, des femmes revêtant des vêtements blancs sur leurs tenues noires pour symboliser la fin de la période de deuil.