•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

N’achetez pas neuf, réparez : la popularité des cafés de réparation explose

Une femme se trouve dans un café de réparation. Au deuxième plan, un homme répare un appareil électronique.

Anita Neufeld a apporté un magnétophone cassé au Repair Café de Toronto pour le remettre en état de marche. Elle désire maintenant y devenir réparatrice bénévole.

Photo : CBC / Doug Husby

Radio-Canada

Le nombre de « Repair Cafés », ces espaces destinés à raccommoder des objets cassés, est passé de 15 en 2016 à 47 actuellement au Canada.

Les cafetières, lampes, grille-pain et bouilloires peuvent souvent être remis en état de marche au lieu d'être jetés à la poubelle lorsqu'ils cessent de fonctionner.

Beaucoup de choses se cassent facilement de nos jours, explique Wai Chu Cheng, cofondatrice de Repair Café Toronto, une organisation à but non lucratif qui fonctionne grâce à l’appui de 800 bénévoles sur appel, désireux d'enseigner aux visiteurs comment réparer les articles ménagers.

Antidote à la surconsommation

Les gens ne sont pas sûrs de pouvoir réparer eux-mêmes, et nous leur montrons comment, poursuit Mme Cheng, qui travaille au Département de développement durable au Collège Sheridan.

Le Repair Café organise des rassemblements mensuels, où sont réparés non seulement les petits appareils électroménagers et autres articles ménagers, mais aussi les vêtements qui nécessitent des ajustements ou du rapiéçage.

Le coût d’un achat de remplacement a toujours été une motivation pour raccommoder les objets, mais de nos jours, affirme Mme Cheng, les préoccupations liées au climat et au gaspillage suscitent un regain d'intérêt, en particulier chez les jeunes.

Des outils et une montre ouverte sont disposés sur une table.

De nombreux Canadiens, lassés de vivre dans ce que certains appellent une société du jetable, apprennent à réparer leurs effets personnels au lieu de s'en débarrasser.

Photo : CBC / Doug Husby

Anita Neufeld est venue à l’un des derniers rassemblements avec un magnétophone cassé. La principale raison pour laquelle je répare les choses est de pouvoir leur donner une deuxième vie et les garder hors de la décharge.

Faire durer plus longtemps

Certaines entreprises répondent à la tendance. Tim McGuire est PDG de Mobile Klinik, une chaîne de 80 magasins qui réparent les appareils mobiles dans les centres commerciaux et les Walmart à travers le pays. Il souligne que la chaîne a récemment été classée au 12e rang des entreprises à la croissance la plus rapide au Canada, et espère ouvrir 200 locaux d'un océan à l'autre au cours des trois prochaines années.

Il y a beaucoup de gens qui aimeraient faire durer leur appareil électronique plus longtemps, plutôt que de le mettre dans une décharge, dit-il.

Pour M. McGuire, il n'est pas rare que les fabricants conseillent aux consommateurs d'acheter un nouvel appareil au lieu de réparer un ancien. Mais il semble que beaucoup de gens répugnent à engager ces dépenses ou à contribuer à remplir les dépotoirs.

Une technicienne répare un téléphone défectueux

Une technicienne de Mobile Klinic travaille sur le téléphone défectueux d'un client.

Photo : CBC / Marc Baby

Si vous remontez deux ans en arrière, le téléphone moyen durait environ deux ans et quart. Maintenant, les clients gardent leur téléphone pendant plus de trois ans, et nous voyons que cela continue d'augmenter chaque année, dit-il.

Obsolescence programmée

Lors d'un récent événement au Repair Café, certains des participants ont accusé les fabricants d'avoir construit des appareils en pensant à l'obsolescence programmée, afin de stimuler les ventes.

Ils sont faits pour se casser, explique Paul Magder, l'un des cofondateurs de la branche de Toronto. Ils sont faits pour être jetés, pour que les fabricants fassent plus d’argent. C'est leur modèle commercial.

M. Magder, qui a déjà travaillé dans le secteur manufacturier, dit que tout est une question de coût. Ils utilisent des pièces en plastique, des pièces bon marché, puis les objets se cassent. S'ils doivent utiliser des pièces métalliques, ce sera plus cher, mais cela durera plus longtemps.

Les consommateurs, cependant, sont très sensibles aux prix, et les fabricants travaillent à maintenir des prix aussi bas que possible, afin d'être compétitifs.

Réparer est risqué, selon les fabricants

Dans une déclaration fournie à CBC News, l'Association des fabricants d'appareils électroménagers formule une mise en garde : Une personne non formée ou non certifiée effectuant une réparation peut ne pas être au courant ou ne pas comprendre comment s'assurer qu'un appareil continue de répondre aux diverses normes de sécurité requises pour assurer la sécurité des Canadiens.

En mai 2019, le député ontarien Michael Coteau a présenté un projet de loi proposant aux fabricants de rendre les pièces et les instructions de réparation largement disponibles. Mais puisqu'il fait partie de l'opposition, le projet de M. Coteau a été rapidement rejeté par le gouvernement majoritaire conservateur de l'Ontario.

Mon père est réparateur de machines à laver, c'est ce qu'il a fait toute sa vie. En tant que consommateurs, en tant qu'Ontariennes et Ontariens, en tant que Canadiens, nous devons nous assurer qu'au fur et à mesure que nous progressons dans cette ère de progrès technologique, nous avons le contrôle de nos appareils.

Une citation de Michael Coteau, député libéral à l'Assemblée législative de l'Ontario

L’élu libéral souligne que le Parlement de l'Union européenne est en passe d'adopter une législation sur le « droit de réparer », précisant le nombre d'années pendant lesquelles un fabricant doit mettre à disposition des pièces à un prix raisonnable, entre autres mesures pour promouvoir la possibilité de réparer des appareils. En outre, 20 États américains envisagent une législation similaire, selon le Groupe de recherche en intérêt public basé à Washington.

Les groupes industriels ripostent

Mais Michael Coteau relate que peu de temps après avoir déposé son projet de loi, une délégation de l'industrie de la technologie est arrivée dans son bureau de Queen's Park. C'était un groupe d'industriels, et ils sont entrés et se sont assis pour faire un contre-argument au mouvement pour le droit de réparer, disant qu'il était dangereux pour les gens d'ouvrir leurs produits.

Michael Coteau, député libéral à l'Assemblée législative de l'Ontario, pose dans un bureau.

Michael Coteau, député libéral à l'Assemblée législative de l'Ontario, a présenté un projet de loi d'initiative parlementaire l'an dernier qui aurait imposé aux manufacturiers de rendre les réparations « maison » plus faciles. La majorité progressiste-conservatrice a rapidement voté contre.

Photo : CBC / Keith Burgess

Le groupe a également avancé un argument sur la compromission de la propriété intellectuelle.

Je ne pense pas que ce soit raisonnable, confie le député, qui envisage de représenter son projet de loi.

Avec les informations de Dianne Buckner, de CBC News

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

En cours de chargement...

Infolettre ICI Ontario

Une fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité régionale.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre d’ICI Ontario.