Nouveau quai de Percé : des inquiétudes sur la préservation du paysage

Le quai, qui appartient au gouvernement fédéral, sera cédé à Québec lorsque les travaux seront complétés.
Photo : Radio-Canada / Joane Bérubé
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des citoyens de Percé s'inquiètent de l'impact visuel du nouveau quai sur le paysage du site patrimonial, tant pour le village que pour la baie d'où l'on voit le rocher Percé et l'île Bonaventure, considérés comme des joyaux touristiques du Québec.
Le chantier avance rondement. Il est prévu que soit construit un brise-lame et qu’un enrochement de plusieurs mètres soit aménagés afin de remplacer l’ancienne structure, désuète qui menaçait de s’effondrer.
Les citoyens qui observent le ballet des grues s’interrogent de plus en plus sur ce qu’il restera de leur paysage quand le fédéral cédera le quai au gouvernement du Québec dans quelques mois.
La hauteur de l’enrochement (cinq )mètres, est une préoccupation. Line Beaudin, qui demeure tout juste en face du quai, garde peu d’espoir quant à la beauté du résultat. Ça va être assez haut, craint-elle. Ce que je vais voir en fait, c'est de l'enrochement, un vulgaire quai.

Des citoyens craignent que le nouveau quai empêche d'admirer le paysage
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
La dame souligne que le quai de Percé n’est pas un havre de pêche, mais un quai de débarquement pour les touristes et un lieu de promenade pour les flâneurs. C’est fini ça, à Percé
, commente Line Beaudin.
Percé a un statut d'arrondissement naturel, de site patrimonial, depuis 1973.
Toutefois, le gouvernement fédéral n’est pas assujetti à cette législation provinciale, ce que dénonce Line Beaudin. Si je veux changer une fenêtre, si je veux changer la couleur de la maison, ça me prend une permission, fait valoir la résidente de Percé. Si je veux changer un bardeau, ça me prend une permission, si je veux changer le revêtement, ça me prend une permission du ministère de la Culture.
Je ne vois pas pourquoi, pour une pareille infrastructure comme un quai, le ministère de la Culture ne serait pas impliqué dans un pareil dossier.
Incohérence
La mairesse de Percé, Cathy Poirier, admet qu’il y a une incohérence puisque le quai deviendra la propriété du gouvernement du Québec, celui-là même qui impose des règles pour préserver le paysage.
Elle souligne que ce ne sont pas tous les ministères qui font fi de la législation québécoise. Il y a une vingtaine d'années, raconte Mme Poirier, Postes Canada a fait la rénovation du bureau de poste. Ils n'étaient pas assujettis à la réglementation. Par contre, ils ont consulté le ministère de la Culture pour bien s'intégrer à l'environnement. Donc, ils [NDLR Pêches et Océans Canada] auraient pu le faire, même s'ils ne sont pas assujettis, ça aurait pu être fait.

La mairesse de Percé, Cathy Poirier, explique qu'elle n'a pas eu accès aux esquisses du futur quai.
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
La mairesse souligne que certains compromis ont tout de même été obtenus auprès de Pêches et Océans Canada, comme une réduction de la masse rocheuse et une diminution de la hauteur.
La mairesse se dit par contre pas très surprise de la réaction des citoyens qui, dit-elle, veulent savoir à quoi va ressembler le prochain quai. Ils auraient souhaité, comme nous d’ailleurs, avoir un plan d’intégration. On aurait souhaité avoir un visuel et voir comme la structure allait s’intégrer dans le paysage. On l’avait mentionné à l’ébauche des premières esquisses.
Mme Poirier ajoute qu’elle espère encore que la structure soit adéquate pour les utilisateurs et s’intègre au paysage. Il faut attendre, on est tous spectateurs
, constate la mairesse de Percé.

Plusieurs citoyens se demandent si le nouvel enrochement ne va pas à l'encontre de la protection du patrimoine naturel de Percé.
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
Les travaux réalisés par le gouvernement fédéral devraient se terminer en juin prochain.
Avec les informations de Bruno Lelièvre et de Martin Toulgoat