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Il y a 20 ans, le 6 mars 2000, décédait le syndicaliste Marcel Pepin.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le 6 mars 2000 décédait Marcel Pepin. Homme de conviction, ce syndicaliste a lutté pendant plusieurs décennies pour l’amélioration du sort des travailleurs, comme nous le confirment des reportages de Radio-Canada.
Un homme de combat
Marcel Pepin a consacré sa vie au syndicalisme, à lutter pour les plus démunis et contre les inégalités.

« Le Téléjournal/Le Point », 6 mars 2000
Le jour de son décès, la journaliste Dominique Poirier présente à l’émission Le Téléjournal/Le Point une brève biographie de Marcel Pepin.
Diplômé de l’École des sciences sociales de l’Université Laval, Marcel Pepin étudie dans un milieu qui s'oppose au premier ministre du Québec Maurice Duplessis et à ses politiques antisyndicales.
Dès 1948, il débute son militantisme syndical. Il devient notamment négociateur pour la Fédération nationale de la métallurgie de 1949 à 1961.
En 1961, il est élu secrétaire général de la Confédération des syndicats nationaux (CSN).
Il est par la suite choisi président de la CSN en 1965. Ce poste, il le gardera jusqu’en 1976.
À cette époque, les relations de travail au Québec traversent une période de turbulence.
C’est en partie dû au fait que Marcel Pepin ne craignait pas de s'attaquer aux employeurs, notamment dans le secteur public, en utilisant l’arme de la grève.
En 1966 par exemple, il affronte le gouvernement de Daniel Johnson lors d'un arrêt de travail dans le secteur des hôpitaux.
La deuxième moitié des années 60 amène d’autres grèves.
La CSN et Marcel Pepin sont alors au premier plan.
Mentionnons les conflits de travail au quotidien La Presse, dans les secteurs de la construction et des transports en commun, de même qu’à la Régie des alcools du Québec.
Un homme d’idée
Je suis contre le fait que l’entreprise privée prime sur l’intérêt collectif et le bien public.
À l'automne 1968, Marcel Pepin dépose à la CSN un « rapport moral » qui est approuvé par l’assemblée générale.
Le document propose l’adoption d’une nouvelle orientation stratégique pour la centrale syndicale.
Selon Marcel Pepin, la lutte de la CSN doit déborder du cadre strict du « premier front » des conventions collectives dans les entreprises.
Il faut ouvrir, selon son expression, un « deuxième front » qui s’attaquera au problème du chômage, à la pauvreté et à la crise de logement.

« Deux plus un », 20 octobre 1968
La proposition de Marcel Pepin fait l’objet d’une longue entrevue que Louis Martin, animateur de l’émission Deux plus un, effectue avec le chef syndicaliste le 20 octobre 1968.
Marcel Pepin est aussi interviewé à cette occasion par le journaliste Jean Dufresne.
Les sujets qu'abordent les trois hommes constituent des questions essentielles pour l’avenir du syndicalisme au Québec à l’époque et même de nos jours.
Les syndicats doivent-ils déborder du strict domaine de la négociation collective en entreprise?
L’utilisation du droit de grève dans le secteur public ne risque-t-elle pas d’aliéner l’opinion publique contre le syndicalisme?
Louis Martin et Jean Dufresne relèvent aussi que Marcel Pepin ne veut pas que sa centrale s'implique en politique. Est-ce une conclusion illogique?
Le chef syndicaliste ne le pense pas.
Tous les partis politiques, note-t-il, n’ont fait que protéger l’entreprise privée aux dépens des travailleurs.
L’action syndicale doit donc, devant cet état de fait, se porter en premier lieu sur le front social.
Marcel Pepin, du même souffle, invite les mouvements sociaux, de même que les autres organisations syndicales, à se joindre à la CSN dans la lutte qu’il propose.
Le Front commun
Cette invitation semble se concrétiser quelques années plus tard.
De janvier à octobre 1972, la CSN et Marcel Pepin sont à l’avant-garde d’une coalition intersyndicale.
Les revendications de cette dernière visent notamment à améliorer les conditions de travail et salariales dans la fonction publique et parapublique québécoise.
C’est ce qu’on a appelé le « Front commun de 1972 ».

« Propos et confidences », 23 décembre 1990
Dans un épisode de l’émission Propos et confidences diffusée le 23 décembre 1990, Marcel Pepin raconte le contexte de ce conflit social qui a constitué une étape importante pour le syndicalisme québécois.
Il rappelle que les négociations dans le secteur public québécois entre la coalition syndicale et l’État québécois ont alors mené à une confrontation majeure au Québec.
Il explique également par ailleurs pourquoi et comment le Front commun en est venu à déclencher une grève générale illimitée dans le secteur public le 11 avril 1972.
Il se remémore aussi la réaction du gouvernement du premier ministre Robert Bourassa.
Cette réaction culmine dans une Loi spéciale de retour au travail adoptée le 21 avril 1972.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là.
En effet, le gouvernement Bourassa poursuit les chefs du Front commun, Marcel Pepin, Louis Laberge et Yvon Charbonneau, pour désobéissance civile aux injonctions et à la Loi spéciale.
En mai 1972, les trois hommes sont condamnés à un an de prison.
La sévérité du verdict surprend et choque à la fois.
Cette condamnation a aussi pour conséquence de relancer la contestation syndicale contre le gouvernement de Robert Bourassa. La crise ne sera finalement résolue qu’à l’automne 1972.
De 1973 à 1981, Marcel Pepin est le premier Québécois à diriger une organisation syndicale internationale, la Confédération mondiale du travail.
Durant ce mandat, il dirige des missions pour le respect des droits de la personne et syndicaux dans des pays dirigés par des dictatures.
Il en profite aussi, et à plusieurs occasions, pour dénoncer les excès du système capitaliste.
Par ailleurs, en 1976, Marcel Pepin renonce à son poste de président de la CSN.
En 1981, il tente de former un parti politique socialiste au Québec, mais sa tentative n’ira pas très loin.
Marcel Pepin aura été un militant syndicaliste jusqu’à la fin de sa vie.