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Mon ado est-il cyberdépendant? Trucs et astuces pour le découvrir

Quand est-ce que « trop, c’est trop »?

Des mains liées par un fil de recharge d'un téléphone cellulaire.

Comment reconnaître les signes d'une cyberdépendance?

Photo : iStock / Simon Blais

Votre ado passe un temps fou à jouer à des jeux vidéo, à surfer sur Internet, à entretenir ses réseaux sociaux? Normal. Ce qui l’est moins, toutefois, c’est quand cela devient une obsession. Votre instinct vous dicte de balancer la console de jeu de votre enfant par la fenêtre? Prenez garde, c’est loin d’être une solution miracle. Que faire, alors?

La Maison Fraternité, un organisme situé à Ottawa, offre des thérapies aux jeunes et à leurs proches aux prises avec une cyberdépendance. Un peu comme l'alcoolisme ou la toxicomanie, elle rappelle que la cyberdépendance se dépiste et se traite, même si le chemin vers la guérison peut être difficile.

Un jeune homme jour à un jeu vidéo à l'ordinateur. Il porte un casque d'écoute équipé d'un micro ajustable pointé vers sa bouche.

Selon la dernière enquête sur la santé des jeunes réalisée en Ontario, 33 % des élèves du secondaire disent passer au moins 5 heures par jour en ligne pour leurs loisirs.

Photo : iStock / gorodenkoff

1. La cyberdépendance, c’est quoi?

Si votre ado passe plusieurs heures en ligne chaque jour, cela ne signifie pas nécessairement qu’il développe une cyberdépendance.

Les parents vont souvent penser que c’est une question de temps, que c’est une question d’heures, mais c’est beaucoup plus que ça.

Une citation de Loïs Alexanian, directrice des Services aux jeunes et familles, Maison Fraternité

Pour déterminer s’il y a vraiment une cyberdépendance, il faut être capable avant tout de faire la différence entre une utilisation saine d’Internet et des nouvelles technologies d’une utilisation problématique.

Une utilisation est saine et appropriée lorsque la technologie a un but, quand c’est utile et quand il y a une durée qui est prédéterminée, indique Audrey-Maude Côté, éducatrice en prévention à la Maison Fraternité.

La technologie peut aussi être utilisée pour le plaisir, rappelle-t-elle, mais il ne faudrait pas que l'utilisation dépasse la durée de temps qu’on s’était mis au départ.

Un jeune adolescent jouant à un jeu vidéo

Un jeune adolescent jouant à un jeu vidéo

Photo : Radio-Canada

2. La discussion, c’est la clé

Si vous remarquez que votre enfant présente certains comportements problématiques, Audrey-Maude Côté vous recommande d’entamer rapidement une discussion avec lui.

Toutefois, attention à l’approche! Ne soyez pas accusateur ni dogmatique. Soyez constructif.

Exprimez vos sentiments (Je m'inquiète pour toi), mais tenez-vous-en aux faits (Tes notes ont beaucoup baissé). Faites-lui part de vos souhaits (J'aimerais que tu baisses ton temps d'écran) et rappelez-lui les conséquences positives et négatives de ses choix.

[Trouvez] une façon de communiquer qui ne feront pas en sorte que le jeune se sente attaqué.

Une citation de Audrey-Maude Côté, éducatrice en prévention à la Maison Fraternité

Essayez de voir les choses de sa perspective à lui. Essayez de comprendre ce que cette surutilisation lui procure comme bénéfice.

C’est peut-être un jeune qui ne vit pas des réussites dans sa vie, mais dans le jeu, il réussit bien, soulève Mme Côté. Il est donc important de comprendre ça et de ne pas aller dans le jugement, mais dans la compréhension.

Ensuite, établissez des règles et expliquez-lui pourquoi vous les avez mises en place.

Par exemple, si vous lui permettez 20 heures d’écran par semaine, c’est important de lui expliquer le pourquoi, juge-t-elle tout en soulignant qu’il est aussi important de lui dicter les conséquences si ces règles ne sont pas suivies.

Un adolescent consulte son téléphone dans son lit.

Les adolescents passent près de 9 heures par jour devant les écrans.

Photo : iStock

3. N’hésitez pas, ayez recours à la consultation

Habituellement, quand les parents arrivent à la Maison Fraternité, c’est qu’ils sont déjà pas mal découragés, lâche Denis Loranger, thérapeute en milieu familial. Ils ne savent plus quoi faire avec leurs jeunes. Ils sont vraiment aux prises avec une situation qu’ils ne sont plus capables de gérer.

Le thérapeute va d’abord travailler avec eux. Il va passer au peigne fin toutes les habitudes familiales.

On va regarder ce qui se passe à la maison : c’est quoi le cadre autour de la technologie?, explique Loïs Alexanian, directrice des Services aux jeunes et familles. Quel est l'enseignement qui est véhiculé? Quelle est l’utilisation de la technologie par la famille et quelle place occupe-t-elle dans le quotidien de tout le monde? Est-ce qu’il y a des écrans dans les chambres à coucher? À quel point la technologie envahit les différentes pièces de la maison? Est-ce que les membres de la famille passent des moments ensemble, hors-ligne?

Et, une fois que le thérapeute a bien évalué la situation, on met un peu plus l’accent sur le jeune.

On va regarder au niveau scolaire, comment ça se passe. Est-ce qu’il y a de l’absentéisme ou des retards? Est-ce que les notes ont baissé?, relate M. Loranger. On regarde aussi au niveau physique : est-ce que le jeune s’alimente bien? Est-ce qu’il dort bien? On fait un portrait de sa santé mentale : est-ce qu’il a un trouble d’anxiété, un trouble d’attention, de la dépression? Est-ce qu’il est arrivé un événement [tragique] dans sa vie?

La beauté de la consultation, c’est que cela se passe dans un climat dépourvu de jugement.

Le jeune ne sera peut-être pas à l’aise de parler de certaines choses avec ses parents, confie Audrey-Anne Côté. Les psychothérapeutes sont tenus à la confidentialité. Cela peut permettre au jeune de s'exprimer sans avoir de jugement.

4. Regardez plus loin

La cyberdépendance est une maladie insidieuse. Il y a les symptômes que l’on voit et ceux qui sont cachés.

Si votre jeune passe de plus en plus de temps en ligne, qu’il se tient de moins en moins avec ses amis hors-ligne, que ses conversations tournent presque exclusivement sur sa vie en ligne, qu’il a du retard en classe, qu’il dort en classe, qu’il est plus cerné, qu’il mange moins et même qu’il néglige son hygiène corporelle pour jouer à des jeux vidéo… Voilà des signes visibles qui laissent peut-être supposer une cyberdépendance.

C’est rare que l’on voie une cyberdépendance sans un trouble concomitant.

Une citation de Lisa McRae, psychothérapeute en milieu scolaire, Maison Fraternité

Ces comportements — s’ils sont liés à un problème de cyberdépendance — peuvent cacher un autre trouble, encore plus sérieux. Le travail du psychothérapeute sera de découvrir ce qui encourage un jeune à passer autant de temps en ligne. 

Le jeune est peut-être souvent en ligne pour se distraire de son stress. Ça ne va peut-être pas bien à l’école ou il vit de l’intimidation. [...] Il a peut-être un TDAH et, à l'école, c’est difficile pour lui d’écouter et de se concentrer, mais quand il va en ligne c’est tellement plus stimulant et immersif, avance Mme McRae.

C’est une drogue, pour certains jeunes.

Une citation de Loïs Alexanian, directrice des Services aux jeunes et familles, Maison Fraternité

Le recours à Internet ou aux nouvelles technologies est souvent une forme d’évasion ou d’échappatoire qui permet subjectivement au cyberdépendant d’oublier ses difficultés, explique M. Loranger. Par exemple, le jeune qui présente une cyberdépendance peut utiliser la technologie pour alléger ses symptômes d’anxiété et de dépression.

Pour les jeunes, la création d’un avatar qui est différent d’eux, mais qui correspond à leurs souhaits en apparence, en personnalité, en contexte de vie, [c’est réconfortant], avance Mme Alexanian. C'est très séduisant ce qu’un avatar peut arriver à faire, contrairement aux limites auxquelles tout être humain est assujetti dans la vraie vie. Le niveau de contrôle que la technologie leur offre, c’est très séduisant.

Une main sur une console de jeux vidéo.

La dépendance aux jeux vidéo est officiellement considérée comme une maladie par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Photo : getty images/istockphoto / Voyagerix

5. Soyez patient

Le traitement est différent, en cyberdépendance. On ne traite pas ça de la même façon que l’on traite une dépendance à une drogue, rappelle Lisa McRae, psychothérapeute en milieu familial.

De vivre une vie sans substance psychoactive, c’est possible, mais de vivre une vie en Amérique du Nord sans technologies, c’est presque impossible.

Une citation de Lisa McRae, psychothérapeute en milieu scolaire, Maison Fraternité

Avec nos jeunes qui ont un problème en toxicomanie, on peut faire un plan de traitement avec abstinence pour arrêter toute consommation, rapporte-t-elle. Mais en cyberdépendance, on peut [seulement] réduire les méfaits. On rend ça plus contrôlé et modéré, mais on ne peut pas vivre une vie sans technologie.

Le but n’est donc pas de bannir les jeux vidéo et les accès Internet, mais d’en réduire l’utilisation. Si le jeune utilise la technologie pour gérer un stress et que je lui enlève son cellulaire, par exemple, je viens juste de redéclencher son anxiété, affirme Mme McRae. L'objectif sera plutôt d'encourager le jeune à adopter une consommation saine et appropriée. 

Ça peut être long de guérir d’une dépendance... En fait de temps, je n’ai pas vraiment de réponse. Ça peut se faire rapidement, mais ça peut être long, même prendre des années.

Une citation de Denis Loranger, thérapeute en milieu familial, Maison Fraternité

Les parents dont le jeune a une cyberdépendance doivent garder en tête qu’on n’en guérit pas du jour au lendemain.

C’est un travail d’équipe. Nous travaillons avec les parents pour que les services répondent à leurs besoins, lance Mme Alexanian qui rappelle que les étapes vers la guérison sont différentes d’un cas à l’autre.

On veut les aider à se rapprocher du climat familial qu’ils souhaitent avoir [...] Quels sont les changements à apporter [pour rendre la situation tolérable].

Avec la collaboration de l'équipe du Téléjournal Ottawa-Gatineau

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