Grève des enseignants en Ontario : 2 millions d’élèves en congé forcé

Près de 200 000 membres des syndicats ontariens de l'éducation manifestent vendredi.
Photo : La Presse canadienne / Chris Young
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les quatre plus importants syndicats d’enseignants et de travailleurs de l’éducation de l’Ontario organisent une journée commune de grève vendredi, une première depuis 1997.
L'Association des enseignantes et enseignants franco-ontariens (AEFO), la Fédération des enseignantes et des enseignants de l'élémentaire de l'Ontario (FEEO), la Fédération des enseignantes-enseignants des écoles secondaires de l'Ontario (FEESO) et l'Association des enseignants catholiques anglo-ontariens (OECTA) disent faire front commun pour protester contre la lenteur des négociations contractuelles et les compressions du gouvernement de Doug Ford en éducation.
Pas moins de 200 000 syndiqués débrayent ainsi vendredi. Plus de 2 millions d’élèves de 5000 écoles de la province sont privés de cours.
Les présidents des quatre principaux syndicats d'enseignants de l'Ontario se sont exprimés devant l'Assemblée législative à Toronto vendredi matin, où environ 30 000 enseignants sont attendus pour manifester.

Les présidents des quatre principaux syndicats d'enseignants de l'Ontario se sont regroupés vendredi devant Queen's Park, à Toronto.
Photo : Radio-Canada
Ce n'est pas de gaieté de cœur que les enseignants sortent dans les rues. Mais ils le font parce qu'ils croient en la cause.
Exprimant la portée historique
de la grève d'aujourd'hui, M. Sabourin demande au gouvernement Ford et au ministre de l'Éducation, Stephen Lecce, de mettre de côté leur rhétorique politique
et de négocier de bonne foi afin de dénouer l'impasse.
Doug Ford, Stephen Lecce, sortez de ce bâtiment. Si vous pensez que nous quatre [présidents] orchestrons les enseignants, venez voir et discutez avec eux.
Peu avant midi, le ministre de l'Éducation Stephen Lecce a repoussé cette demande, et indiqué privilégier les tables de négociation. Les syndicats ont fait le choix d’intensifier leur mouvement
, a-t-il remarqué, estimant que l'impasse des négociations ne peut pas s'éterniser
.
Les syndicats avaient le choix. Ils auraient pu continuer à négocier avec nous pour obtenir un accord. Mais ils ont choisi d'interrompre cet élan pour poursuivre la grève alors qu'ils avaient l'occasion de continuer à travailler avec le gouvernement.

Quelques membres de la FEEO et de FEESO sont à deux piquets de grève et plusieurs dizaines d’autres marches dans les rues de Thunder Bay.
Photo : Radio-Canada / Miguel Lachance
Fidel Kemzamg, enseignant à l'école secondaire Étienne-Brûlé à Toronto et présent dans le cortège de Queen's Park, s'oppose particulièrement aux cours en ligne obligatoires prévus par le gouvernement Ford.
Ces cours hors des salles de classe sont beaucoup plus mauvais pour l’éducation en langue française, explique ce membre de l'AEFO. Les élèves ne seront plus en contact avec les enseignants et pratiquer le français devient un problème.
Avec ce qu’on voit aujourd’hui, si le gouvernement a pas compris, on a un sérieux problème de gouvernement
, abonde André Gélinas, enseignant à la même école. On a un système d’éducation hors du commun, pourquoi sacrifier ce qu’on a de bon avec ce qui est proposé ? Ça n’a aucun sens.
Négociations infructueuses depuis plusieurs mois
Les conventions collectives des enseignants sont échues depuis le 31 août. Au cours des trois derniers mois, les syndiqués ont employé différents moyens de pression allant de la grève du zèle aux grèves tournantes.

La grève des enseignants en chiffres.
Photo : Radio-Canada / Camile Gauthier
La présidente de l'OECTA, Liz Stuart, a déclaré jeudi, au terme d'une nouvelle journée de négociation, qu'aucune entente n'avait été conclue. Selon elle, la participation de son syndicat à la manifestation de vendredi représente une immense preuve d'unité et de solidarité
.
Où en sont les négociations?
- AEFO : 27 jours de négociation jusqu'à maintenant, les derniers pourparlers remontent au 20 février
- FEEO : 17 jours de négociation jusqu'à maintenant, les derniers pourparlers remontent au 31 janvier
- FEESO : 17 jours de négociation jusqu'à maintenant, les derniers pourparlers remontent au 16 décembre
- OECTA : 33 jours de négociation jusqu'à maintenant, les derniers pourparlers remontent au 20 février
Pour sa part, le ministre de l'Éducation, Stephen Lecce, a accusé jeudi les enseignants de créer de l'instabilité dans le parcours scolaire des élèves. Il affirme que les parents ont perdu patience et ne veulent plus subir les perturbations causées par les syndicats
.
Salaires et taille des classes
Les salaires et la taille des classes figurent parmi les principaux points en litige.
- Le gouvernement Ford a adopté une loi limitant les augmentations de salaire dans le secteur public à 1 % par année et prétend que la province ne peut pas en donner plus aux enseignants, qui en réclament le double.
- Les enseignants s'opposent également à toute augmentation de la taille des classes, alors que la province veut accroître le nombre d'élèves de 22,5 à 25 en moyenne de la 9e à la 12e année du secondaire.
- Les enseignants du secondaire rejettent aussi le plan du gouvernement de forcer les élèves à suivre deux cours en ligne au cours de leur formation.
Le ministre de l'Éducation, Stephen Lecce, répète que le gouvernement est prêt à faire appel à un médiateur privé, ce que rejettent les syndicats, qui soulignent que des conciliateurs publics participent déjà aux négociations.
La province a offert aux parents une indemnité de 25 $ à 60 $ pour chaque jour de grève qui force la fermeture de l'école ou de la garderie scolaire de leur enfant.
Jusqu'à présent, la province a reçu 682 999 demandes d'indemnités de la part de parents d'élèves.