La crevette nordique se porte mieux

Crevettes nordiques
Photo : Radio-Canada / Crvettes
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des scientifiques de Pêches et Océans Canada observent une stabilité et même une légère amélioration de la population de crevettes nordiques dans le golfe Saint-Laurent. Ces constats ouvrent la porte à une légère hausse des quotas, environ 600 tonnes, pour la prochaine saison.
La bonne nouvelle, c’est qu’après avoir subi une forte décroissance au cours des dix années, la biomasse de crevettes semble avoir cessé de diminuer.
Les biomasses observées dans les zones de Sept-Îles (zone 10), d’Anticosti (zone 9) et d’Esquiman (zone 8) sont légèrement supérieures à ce qui a été observé en 2018. Mais depuis 2017, ces trois valeurs étaient parmi les plus faibles observées depuis 1990
, nuance le biologiste de Pêches et Océans Canada, Hugo Bourdages.
L’augmentation est notable dans la plus petite zone, celle de l’estuaire. C’est toutefois une zone de pêche dont la biomasse a beaucoup varié au cours des années, relève M. Bourdages.
En 2018, dans l'estuaire, le quota de pêche avait été diminué de 74 %, passant de 921 tonnes à 239 tonnes. À la suite de ces résultats, on a vu une amélioration en 2018 et en 2019
, indique M. Bourdages. Il s’agit toutefois de la plus petite zone de pêche du golfe.
Selon les données relevées par Radio-Canada, les zones de l’Estuaire, d’Esquiman et d’Antiscoti sont situées dans la zone saine. La biomasse de la zone de Sept-Îles est considérée comme étant dans la zone de prudence pour une troisième année consécutive.
Ces informations permettront de déterminer quels seront les taux de captures autorisés (TAC) pour la prochaine saison. Le comité consultatif, réunissant les scientifiques et l’industrie, s’est réuni la semaine dernière, à Québec.

Le plan de pêche sera sanctionné par la ministre des Pêches en mars prochain. (crevettes)
Photo : Radio-Canada
Le comité recommande une hausse des prises dans les zones de l’Estuaire, mais aussi de Sept-Îles. Il faut se rappeler que les baisses dans [la zone de] Sept-Îles avaient été très importantes, de 60 %, en 2018. Les quotas n’avaient pas changé en 2019 et la situation s’est améliorée
, indique le biologiste de Pêches et Océans Canada.
Les prises dans Esquiman demeureraient sensiblement les mêmes et seraient légèrement diminuées dans la zone d’Anticosti. L’approche de précaution fait que les baisses de quotas n’ont pas été nécessairement suivies les baisses de biomasse, c’est pour ça que même si on a une légère augmentation dans [la zone] Anticosti, on a une baisse de quotas
, indique le directeur de l’Office des pêcheurs de crevette de Gaspé et représentant de la flottille à engins mobile au sein de l’Association des capitaines propriétaires de la Gaspésie, Patrice Élément.
Au total, les pêcheurs pourraient obtenir des quotas d’un peu moins de 18 000 tonnes comparativement à 17 335 tonnes en 2018 et 2019.
Ces recommandations seront soumises à la ministre des Pêches, Bernadette Jordan, qui déterminera le taux de capture autorisée d’ici le début de la pêche en avril prochain.
Un stock fragile
Pour Patrice Élément, la décision de l’ancien ministre des Pêches, Jonathan Wilkinson, de maintenir en 2019 les quotas au niveau de 2018 était la bonne.
Toutefois, même si la ministre Jordan allait de l’avant pour 2020, ce n’est pas cette année que les pêcheurs recouvriront leurs anciens quotas de plus 26 700 tonnes, comme c'était le cas en 2017. Cette année-là, les pêcheurs avaient aussi encaissé une baisse de 15 % des prises autorisées.
Les facteurs qui expliquent la décroissance de la population de la crevette comme le réchauffement de l’eau et la présence importante du sébaste, un amateur de crevettes, sont toujours présents, prévient le biologiste Hugo Bourdages.
Les chercheurs notent toutefois que le sébaste de plus de 25 cm, qui consomme de la crevette, est aussi celui qui fréquente des profondeurs plus importantes que celles de la crevette nordique. Les chevauchements entre les deux espèces semblent moins importants qu’appréhendés. Il y a encore beaucoup d’informations à aller chercher pour voir l’impact réel, dit-il, mais c’est un facteur important qui demeure.
Patrice Élément note d’ailleurs que les pêcheurs ont observé un peu moins de sébastes dans les fonds où se trouve la crevette normalement.
Dans les 10 dernières années, l’eau où baigne la crevette nordique s’est réchauffée de 1 degré Celsius.
Ce changement a un impact sur la distribution de la crevette dans le golfe, relève le biologiste. Il y a dix ans, dit-il, il y avait dans le golfe 50 000 km carrés où la biomasse de la crevette était de 95 %. Cette superficie est maintenant de 35 000 km carrés. Si on regarde la distribution de l’effort de pêche durant la saison, eux aussi, on s’aperçoit qu’il y a des fonds de pêche qu’ils ne visitent plus parce que l’abondance n’est plus là.
L’effort de pêche est donc de plus en plus concentré dans certains secteurs.