Le projet de complexe funéraire à l'église Sainte-Agnès n'est pas mort

L'église Sainte-Agnès, fermée au culte depuis 2015, avec en avant plan l'ancien presbytère qui sert de résidences pour personnes âgées.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'entreprise funéraire gaspésienne HG Division et la Fabrique Bienheureuse-Élisabeth-Turgeon se sont entendues vendredi au sujet de la vente de l'église de Sainte-Agnès.
Par contre, l'acheteur pourrait se retirer d'ici 15 jours si les propriétaires du presbytère attenant font valoir leur droit de premier acheteur sur une partie du stationnement.
Selon des sources près du dossier, l'offre d'achat déposée par la famille Gleeton, qui possède neuf salons funéraires à Rimouski et en Gaspésie, s'élèverait à environ 500 000 $.
HG Division convertirait le temple en un vaste complexe funéraire où plusieurs services seraient regroupés sous un même toit.
Un projet estimé à 4 millions de dollars
C'est la seconde fois que l'entreprise de Cloridorme tente de devenir propriétaire de cette église, qui est fermée depuis 2015.
Les raisons qui ont fait avorter la première vente pourraient aussi faire échouer la seconde, puisque les propriétaires du presbytère attenant à l'église disposent d'un droit de regard sur toute transaction impliquant l'église et le stationnement. Ils détiennent donc juridiquement le privilège de premier acheteur.

Vue partielle sur le fleuve depuis le terrain de l'église Sainte-Agnès de Rimouski.
Photo : Radio-Canada
Selon nos informations, les propriétaires, Bianca et Kina Dionne, ne sont pas intéressées par l'ensemble du lot.
Elles souhaiteraient par contre acheter une partie du stationnement, soit la section située devant le presbytère qui a été converti en résidence pour personnes souffrant de problèmes de santé mentale.
La Fabrique prétend pour sa part que le droit de premier acheteur consenti aux sœurs Dionne s'applique à l'ensemble du terrain, et non à une portion seulement.
Si rien ne change, bonsoir on est partis
De plus, HG Division ne veut rien savoir d'un partage de la propriété du stationnement.
L'entreprise veut centraliser ses opérations à l'église Sainte-Agnès et fermer ses deux salons funéraires situés ailleurs en ville, entre autres, en raison de la question du stationnement.
Nous si on ne nous vend pas le tout, je sors complètement du dossier. D'ici 15 jours s'il n'y a rien de changé, bonsoir on est partis.
Même s'il reste encore plusieurs points d'interrogation avant la concrétisation de la transaction, le président de la Fabrique Bienheureuse-Élisabeth-Turgeon espère que cette fois sera la bonne.
On pense qu'on obtient un assez bon prix pour un bâtiment pas facile à vendre, c'est déjà ce qui aura été obtenu de mieux pour la vente d'une église à Rimouski.
La transaction, si elle se concrétise, sera cependant moins alléchante que le montant offert par HG Division en décembre 2018.
Toujours selon nous sources, le chiffre d'un million de dollars avait été mis sur la table.
Une première tentative avortée
C'est la deuxième fois en un an que la famille Gleeton tente de devenir propriétaire de l'église.
La première tentative, à la fin de l'année 2018, a été un long parcours parsemé d'embûches, entre autres, à cause de ce même droit de regard des propriétaires du presbytère.
À cela s'ajoutaient la présence d'amiante, même en quantité limitée, dans l'église et un problème de contamination du sol, ce qui avait finalement incité HG Division à regarder un autre emplacement pour son projet de complexe funéraire.
Selon Harris Gleeton, la Ville de Rimouski lui aurait alors suggéré d'acheter un terrain situé à à peine un kilomètre de l'église Sainte-Agnès.
Il s'agit d'un terrain dont la Ville tente de se départir depuis plusieurs années et qui accueillait jadis le garage municipal.

Le terrain de l'ex-garage municipal de la Ville de Rimouski est vacant depuis quelques années.
Photo : Radio-Canada
En juillet dernier, le conseil municipal décide finalement de vendre ce terrain à la firme de développement immobilier Activar pour un projet d'hôtel.
Harris Gleeton affirme cependant que son entreprise avait pourtant offert un montant similaire, mais les élus municipaux auraient estimé à l'époque que le projet hôtelier correspondait mieux au secteur.
Précisons que le maire Marc Parent s'était abstenu de voter et de participer aux délibérations pour des raisons personnelles.
La firme Activar disposait de 180 jours pour acheter officiellement le terrain, mais même si ce délai est maintenant écoulé, la Ville est toujours propriétaire du terrain en question.
On ignore pourquoi la transaction n'a pas eu lieu, puisque la firme Activar n'a pas retourné nos appels et que la Ville n'a toujours pas répondu à nos demandes d'information jusqu'à maintenant.
Retour à la case départ
Quelques mois après avoir tenté d'acheter le terrain de la Ville, HG Division revient donc au plan initial, celui de l'église Sainte-Agnès.
Les négociations ont donc repris cet automne entre l'entreprise funéraire et la Fabrique. Elles ont abouti il y a quelques jours à peine, le 7 février.
Selon nos informations, le Diocèse de Rimouski, qui doit donner son feu vert à toute transaction, ne voudrait rien savoir d'une vente à la pièce du terrain et de l'église de Sainte-Agnès. Le Diocèse soutiendrait fermement le projet de la famille Gleeton depuis le début.
Les sœurs Dionne, qui sont propriétaires du presbytère, n'ont pas souhaité nous accorder d'entrevue à ce sujet.
Le Diocèse de Rimouski a préféré ne pas commenter tant et aussi longtemps que la transaction ne sera pas officielle.