Que réclament les manifestants qui bloquent la voie aux trains de VIA Rail?

Des membres de la Première Nation mohawk de la réserve de Tyendinaga bloquent les voies ferrées du CN à Marysville depuis le 7 février en soutien aux Wet'suwet'en, qui luttent contre la construction d'un gazoduc dans le nord de la Colombie-Britannique.
Photo : The Canadian Press / Lars Hagberg
Des manifestants de la Première Nation mohawk de la réserve de Tyendinaga bloquent le trafic ferroviaire de passagers et de marchandises entre Toronto, Montréal et Ottawa. Aucun train de VIA Rail n’a circulé depuis jeudi soir.
Que réclament les manifestants de Marysville?
Installés à Marysville, à l’ouest de Kingston en Ontario, les manifestants agissent en solidarité avec les Wet’suwet’en de la Colombie-Britannique qui s'opposent au projet de gazoduc Coastal GasLink dans le nord de cette province.
Face à une injonction de la Cour supérieure de l’Ontario obtenue par le Canadien National (CN) pour mettre fin au blocage, les contestataires affirment qu’ils quitteront les lieux lorsque la Gendarmerie royale du Canada (GRC
) quittera le territoire Wet’suwet’en.Quelle est la cause de cette lutte en Colombie-Britannique?
Le cœur du conflit réside dans un projet gazier de 6 milliards de dollars, présenté comme le plus grand investissement du secteur privé de l’histoire du Canada.
Coastal GasLink Pipeline, une filiale de TC Energy, construit un gazoduc long de 670 km entre la région de Dawson Creek et le port de Kitimat, sur la côte nord de la Colombie-Britannique.
Le chantier de l’entreprise Coastal GasLink est situé sur le territoire traditionnel des Wet’suwet’en, dont les chefs héréditaires n'ont pas donné leur consentement au projet. Malgré une injonction de la cour, les chefs héréditaires et leurs partisans refusent l’entrée aux ouvriers.

La compagnie a obtenu l’accord de la Colombie-Britannique et des 20 conseils élus des Premières Nations le long du tracé, dont 5 conseils de bandes Wet'suwet'en.
Mais les chefs héréditaires Wet’suwet’en contestent le passage du gazoduc sur leur territoire ancestral, qui n'a jamais été cédé dans un traité. Des campements ont été installés depuis des mois le long du chantier pour ralentir, voire empêcher l’avancée des travaux.
La semaine dernière, l’échec des pourparlers entre le gouvernement de la Colombie-Britannique et les chefs héréditaires de cette nation a mené à une nouvelle vague de contestation, attisée par des arrestations de la GRC sur le territoire Wet’suwet’en.
D’autres moyens d’action au pays?
Ces actions de la Gendarmerie royale ont immédiatement fait déborder la contestation hors des frontières britanno-colombiennes, qui se concrétisent par de multiples coups d’éclat.
Des manifestants se sont notamment présentés au port de Vancouver samedi afin d’en bloquer l’accès. En raison de leurs nombreux refus de quitter les lieux, au moins 33 d'entre eux ont été arrêtés lundi matin. La GRC s'était rendue sur le territoire Wet’suwet’en jeudi pour arrêter six personnes.
Samedi, la GRC a arrêté quatre autres individus soupçonnés d'avoir endommagé ses véhicules avec des pics métalliques placés sur un chemin forestier qui mène au chantier du gazoduc.
Mais la contestation dépasse la frontière britanno-colombienne. À Winnipeg, au Manitoba, une manifestation est prévue à 18 h HNE lundi soir, en pleine heure de pointe, afin d’appuyer la nation Wet’suwet’en. Déjà, vendredi, des manifestants avaient occupé le bureau du député local et ministre des Affaires du Nord du Canada, Daniel Vandal, en guise de protestation à l'égard de ce qu’ils qualifiaient d’inaction de la part d’Ottawa.
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Les perturbations ferroviaires issues du blocage de Marysville ont notamment fait des émules : lundi, le service d’un train de banlieue de Montréal a été interrompu pour une durée indéterminée en raison de la présence de sympathisants près des rails.
Des dizaines de marches de soutien et d'actions de blocage s’organisent à travers le pays.