Un quatrième bâillon de la CAQ : un « précédent » selon Marc Tanguay

Le leader de l'opposition officielle MarcTanguay dénonce un quatrième bâillon imposé par le gouvernement Legault.
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Un quatrième bâillon imposé par le gouvernement en moins de huit mois est un « précédent dans l'ère moderne de notre parlementarisme », a dénoncé le leader de l'opposition officielle, Marc Tanguay, jeudi, pendant la période de questions.
Il réagissait à la décision du gouvernement caquiste de convoquer la Chambre vendredi, pour forcer l'adoption express de sa volumineuse réforme de l'éducation.
La Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) a déjà fait savoir qu'elle allait contester au tribunal la future loi qui n'est même pas encore adoptée.
Le premier ministre François Legault s'est pour sa part défendu de gouverner de façon arrogante. « L'arrogance vient des partis d'opposition », a déclaré M. Legault en mêlée de presse avant la période de questions.
« Ils savent très bien qu'on est un gouvernement majoritaire. Passer des jours à répéter les mêmes arguments, à un moment donné, il faut une certaine efficacité. Je n'ai pas entendu de nouveaux arguments de la part des partis d'opposition. »
La co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Manon Massé, a insinué que le style de leadership de M. Legault était autoritaire et s'apparentait à un « boss des bécosses », expression qu'elle a dû retirer à la demande de la présidence de l'Assemblée.
De nombreux amendements
Le projet de loi porte notamment sur l'abolition des commissions scolaires, mais aussi sur une série d'autres enjeux : personnel enseignant, conseils d'établissement, regroupements de services, choix de l'école, rapports, révision des notes, rôle du directeur, etc.
Le gouvernement a décidé que l'étude détaillée du projet de loi en commission parlementaire avait trop duré, après 60 heures de séances, même si la pièce législative compte 300 articles et que plus de 160 pages d'amendements ont été déposées par le ministre Jean-François Roberge.
J'ignorais que la démocratie se calculait au chronomètre
, a déploré la députée péquiste Véronique Hivon.
« Ce gouvernement semble considérer le pouvoir législatif comme une nuisance. Si le temps du ministre est tellement précieux, pourquoi il a fait le choix de pondre un projet de loi de plus de 300 articles? »
En mêlée de presse, Jean-François Roberge a déclaré que les partis d'opposition faisaient de l'obstruction systématique et n'avaient manifestement aucune intention d'améliorer le texte de loi.
Discrimination
Dans un communiqué, la FCSQ a fait savoir qu'elle allait demander à la cour de suspendre la mise en œuvre de la loi, en raison de son « caractère discriminatoire ».
Le projet de loi permet aux anglophones de continuer à élire leurs représentants dans leurs centres de services scolaires, qui remplaceront les commissions scolaires, mais les francophones, eux, ne pourront élire les leurs.
« La FCSQ entend dénoncer la perte de ce droit fondamental » que le projet de loi impose aux Québécois, peut-on lire.
En huit mois, le CAQ a eu recours à quatre bâillons. Le gouvernement a fait adopter la loi sur la laïcité, la réforme de l'immigration et la loi sur la déréglementation des tarifs d'Hydro-Québec en mettant fin abruptement aux travaux.