Les camionneurs forestiers « pris en otage » par les compagnies d'assurance

Un camionneur forestier sur deux songe à changer de profession, selon Sylvain Roy. (archives)
Photo : Radio-Canada / Yvon Theriault
Les camionneurs forestiers et les agriculteurs sont « pris en otage » par les compagnies d'assurance, dit le député de Bonaventure et porte-parole du Parti québécois en matière de forêts et d’agriculture, Sylvain Roy.
Certains travailleurs ont vu leur prime d'assurance augmenter de plus de 100 % en trois ans, d'après ce qu'affirme le député, qui dit avoir mené un sondage auprès des camionneurs forestiers de la Baie-des-Chaleurs afin d'avoir un meilleur portrait de la situation.
En conséquence, un camionneur sur deux songerait à changer de profession, selon Sylvain Roy.
« C'est une tentative qui me semble très évidente d'entente entre un consortium de trois assureurs pour fixer des prix. »
On parle d'Aviva, Intact et Northbridge. On leur a posé des questions, on nous dit qu'il y a eu des désastres environnementaux, que ça a coûté cher, etc. Ce n'est pas une raison pour prendre en otage les camionneurs, et par ricochet, les agriculteurs
, déplore le député.
Cette situation dramatique frappe de plein fouet les travailleurs gaspésiens. C’est devenu intenable pour beaucoup d’entre eux
, poursuit-il.
Le député de Bonaventure estime que la solution devrait passer par la financière agricole du Québec, et demande au gouvernement de François Legault d'intervenir également.
Je pense que la financière agricole, qui a une expertise en assurances, pourrait reprendre le dossier de l'assurabilité des camionneurs forestiers et des entreprises agricoles pour leur permettre de souffler un peu
, avance-t-il.
« C’est une véritable épée de Damoclès qui pend au-dessus de leurs têtes. De plus, les assureurs exigent de la relève environ trois ans d’expérience afin d’être assurables, ce qui amplifie de manière dramatique la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur des transports. »
La financière agricole a quand même accumulé un milliard de dollars depuis 10 ans, ils ont des sous. Et le gouvernement devra prendre ses responsabilités et donner un signal clair à la financière d'ouvrir la porte pour assurer ces gens-là, sinon d'y aller avec une forme de coopérative à l'ensemble du Québec
, poursuit M. Roy.
Une mauvaise surprise
Le vice-président de Transports Jacques Rioux constate qu'il devient de plus en plus difficile de gérer les coûts d'assurance.
Serge Rioux estime qu'il lui coûte entre 5000 $ et 8000 $ d'assurances par camion.
Il s'estime toutefois chanceux. Son entreprise existe depuis 52 ans au Bas-Saint-Laurent et compte des chauffeurs expérimentés, dont la moyenne d'âge est de 61 ans, ce qui limite la hausse de ses primes d'assurance.
J'ai un jeune qui travaille pour moi, lui, il coûte plus cher d'assurances
, précise M. Rioux.
Ça monte tranquillement, mais vu que la compagnie a plus d'ancienneté, c'est un peu moins pire. Je n'ai pas eu mon renouvellement pour l'année qui vient, mais ça l'air que ça va être une surprise
, observe-t-il.
« C'est rendu qu'on ne gère plus un budget, on gère des dépenses. Ça s'en vient compliqué à gérer. »
Si certains camionneurs forestiers envisagent de se tourner vers le transport de marchandises, M. Rioux prévient que les longues distances à parcourir s'accompagnent aussi de primes plus élevées.
Plus on s'éloigne de la maison, plus ça coûte cher d'assurances. Moi, je suis assuré dans un rayon de 160 kilomètres et si je sors plus loin, il faut que je le dise à mes assurances
, affirme-t-il.
Avec les informations d'Isabelle Damphousse