Le journaliste, éducateur et militant pour la langue française Réjean Paulin est mort

Réjean Paulin était jusqu'à récemment professeur en journalisme au collège La Cité, à Ottawa.
Photo : Gracieuseté de Julia Blonda/Association de la presse francophone
Les francophones du Canada ont perdu un fervent défenseur de la francophonie en situation minoritaire. L'ancien journaliste et pédagogue acadien Réjean Paulin est mort.
M. Paulin est mort dimanche à Ottawa. Il laisse derrière lui deux enfants et des centaines d’articles explorant les enjeux de la francophonie canadienne rédigés au long de sa carrière, qui a duré plusieurs décennies.
Né à Sept-Îles en 1955 de parents acadiens, M. Paulin a traversé le Canada et l’Europe francophone en pratiquant son métier de journaliste. Il en parlait dans ses écrits. Partout où il voyageait, il recensait les accents, les régionalismes et les couleurs locales de la langue française.
C’est avec grande tristesse que l’Association de la presse francophone et Francopresse ont appris le décès de Réjean Paulin survenu hier, le dimanche 2 février 2020.
— APF (@apf_journaux) February 3, 2020
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D’abord journaliste à Radio-Canada en Saskatchewan et dans les provinces maritimes, M. Paulin a par la suite été journaliste indépendant sur la colline du Parlement, à Ottawa, ainsi que collaborateur à Radio Canada International, à Radio Vatican et à la Radio suisse romande.
Ces dernières années, il publiait régulièrement, entre autres, dans le journal L’Express, de Toronto, dans Le Franco en Alberta, dans le journal fransaskois L’Eau vive et dans L’Aquilon, un hebdomadaire francophone des Territoires du Nord-Ouest.
Un amour du français né au Nouveau-Brunswick
Michel Doucet, juriste et défenseur bien connu des droits des francophones du Nouveau-Brunswick, était un grand ami de Réjean Paulin depuis leur jeunesse.
Il faut comprendre, Réjean venait d'une région qui était très francophone, à Lamèque
, se rappelle-t-il. Lorsqu'il est arrivé à Moncton, c'était l'époque du maire Jones, un maire anti-francophones, à une époque où les francophones cherchaient à obtenir des droits.
« On perd au niveau de la francophonie canadienne un grand journaliste. »
M. Doucet rappelle aussi que M. Paulin a commencé sa carrière de journaliste dans les années 1970, à un moment où les francophones du Nouveau-Brunswick composaient avec la Convention d’orientation nationale acadienne, l'enchâssement des droits minoritaires dans la Constitution et la reconnaissance de l'égalité des communautés linguistiques au Nouveau-Brunswick — des événements qui ont profondément marqué le jeune homme.
Réjean a été quelqu’un qui a compris très tôt qu’on devait assurer la pérennité de la langue française au Nouveau-Brunswick si on voulait assurer la pérennité de la communauté acadienne
, dit son ancien camarade de classe de l'Université de Moncton.
Un éducateur qui a marqué la relève journalistique
Professeur en journalisme à La Cité depuis 2001, M. Paulin avait donné son dernier cours au mois de décembre et approchait de la retraite.
Daniel Tremblay, son collègue depuis 18 ans, le décrit comme un éducateur qui prônait la polyvalence comme plus grand atout de la relève du journalisme francophone et qui modifiait ses plans de cours en fonction des demandes du marché du travail.
« Sa contribution, c’était sa volonté d’adapter notre enseignement. »
Selon M. Tremblay, M. Paulin mettait aussi ses étudiants en journalisme au défi d'explorer les communautés francophones à travers le pays.
Ce qu’il avait à cœur, c’était la survie de la francophonie au Canada
, lance-t-il. Il disait : ''Allez dans l’Ouest, allez dans les Maritimes… Les journaux et les radios ont besoin de vous.''